dimanche 25 février 2007

"L'avenir n'est plus ce qu'il était."

(Paul Valéry)

jeudi 15 février 2007

Cases mentales

"Nous commençons à classifier dès que nous percevons des différences, des régularités et des irrégularités, en somme, dès que nous établissons des rapports."

(Alan W. Watts, Le bouddhisme zen)

mardi 13 février 2007

Dans notre silence

"Il suffit de nous observer une bonne fois, quand nous ne sommes pas occupés et que notre attention n'est pas retenue par le travail, la lecture ou toute autre activité. À quoi pensons-nous ? Quelles sont les pensées qui surgissent en nous, quand nous nous promenons ou quand nous attendons chez le dentiste ou à la gare ? Qu'est-ce qui nous passe par la tête avant de nous endormir ? Ces pensées qui nous viennent spontanément à l'esprit nous dévoilent notre état intérieur. Les moines avaient recours à ces pensées pour examiner si l'un des huit vices les concernait : goinfrerie, luxure, cupidité, tristesse, colère, acédie, vanité ou fierté. Nous pouvons en faire l'expérience : nous constaterons, quand nous faisons silence, le nombre de fois où nous pensons à manger, ou le nombre de fois où nous désirons posséder quelque chose, où nous rêvons à des choses qui nous semblent désirables, une voiture, un disque ou un pull-over. Des désirs sexuels peuvent aussi nous habiter. Ou nous nous laissons aller à des pensées de colère ou de tristesse. De nos jours, il est de bon ton de se dire frustré et de se laisser absorber par des sentiments de frustration, au point que tout un chacun peut les lire sur notre visage. Les anciens moines diraient que celui-là est déjà possédé par le vice de la tristesse. Ou bien que parfois nous nous emportons intérieurement contre autrui. Dans notre silence, nous inventons de brillants discours, destinés à montrer aux autres que nous sommes dans notre droit et que nous leur sommes supérieurs. Ensuite, dans notre silence, nous savourons notre colère et nous l'entretenons par une argumentation et des invectives que nous poursuivons en nous-mêmes. D'autres se lamentent sur leur sort, en se disant en ces moments de calme intérieur, que rien n'a de sens et que tout est insensé, bref qu'il est inutile de s'engager. Tel serait le vice de l'acedia. Il y a des personnes qui dans leur silence se représentent la prochaine séance qui aura lieu sur la scène du théâtre de leur vie. Ils la répètent pour les spectateurs, devant qui ils désirent jouer leur rôle, pour être applaudis. Dans leur silence, ils imaginent des réparties qu'on pourrait admirer, afin d'attirer l'attention sur eux. Ou bien ils s'admirent eux-mêmes. Ils ne cessent de se dire combien ils sont importants et comme le monde devrait se réjouir qu'ils existent avec leurs qualités, leurs aptitudes et leurs talents. Leurs pensées gravitent uniquement autour d'eux-mêmes, de leur importance et de leur originalité. On a beau se taire extérieurement mais à l'intérieur de nous-mêmes, on ne cesse de parler. En nous, parlent les pulsions inassouvies, les aspirations insatisfaites ; en nous parlent les émotions et les impressions, en nous parlent la vanité et la vantardise. Le silence extérieur ne veut rien dire de notre capacité à faire silence à l'intérieur de nous-mêmes. Or c'est ce silence intérieur que les moines recherchent finalement."

(Anselm Grün, Apprendre à faire silence)

samedi 3 février 2007

"Dans toutes les religions on pratique la méditation sur sa propre mort. Benoît demande, dans sa Règle, d'avoir chaque jour la mort devant les yeux. "Nous devons mourir intérieurement, pour donner place en nous à la vraie vie." Si nous pensons que dans trois jours nous serons dans la tombe, n'est-ce pas fou ce qu'il faudrait y laisser ? Tout ce qui est mort en nous : le poids de tout ce que est sans valeur, la propriété qui nous encombre, les idées auxquelles nous sommes attachés, les rôles que nous jouons, les masques que nous portons, bref tout ce qui disparaîtra. Alors nous pourrions sortir du tombeau comme des hommes nouveaux. Les critères d'authenticité de la vie s'y ajusteraient. Le fait de nous voir dans la tombe n'est donc pas ce qui devrait diminuer ou réduire notre vitalité. Au contraire, cela peut nous aider à déployer en nous la vraie vie."

(Anselm Grün, Apprendre à faire silence)

jeudi 1 février 2007

Pensée du jour

"Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester, comprendre."

(Spinoza, Traité politique)