samedi 31 janvier 2009

La mort : notre étoile du Nord

"Il faut perdre pour apprendre et j'apprenais beaucoup. La vie cache les vivants. Elle les soûle, elle les empêtre dans mille liens futiles, elle les remplit comme des épouvantails avec la paille des soucis ou le papier chiffon des projets. Arrive la mort - ou la grâce d'une épreuve sans issue imaginable - et l'épouvantail brûle en une seconde et du feu surgit un vivant absolu, une personne non encombrée d'elle-même ni infestée par le monde, un tout petit éclat bleuté du grand vitrail de Dieu - une âme. La mort est le repère des repères, l'étoile du Nord. Sans elle, la conscience est perdue."

(Christian Bobin, Louise Amour)

vendredi 30 janvier 2009

Égocentrisme

"Comment pouvez-vous aimer, alors que vous ne vous préoccupez que de vous-même, de vos problèmes, de vos ambitions, de votre soif de réussite, de votre désir si insatiable, de votre rang - vous d'abord, l'autre après ? Ou l'inverse - l'autre d'abord, vous après, ce qui revient au même."

(Jiddu Krishnamurti, De l'amour et de la solitude)

dimanche 25 janvier 2009

Relations fondées sur le plaisir

"Notre société est fondée sur le plaisir, ainsi que toutes nos relations. Tant que j'agis en fonction de ce qui vous plaît, que je vous aide à progresser en affaires, vous êtes mon ami; mais dès que je vous critique, je ne suis plus votre ami. C'est si évident - et tellement stupide !"

(Jiddu Krishnamurti, De l'amour et de la solitude)

samedi 24 janvier 2009

Théâtre : Mode d'emploi

"Le théâtre c'est simple : tu t'assieds dans le noir et tu écoutes la lumière."

(Christian Bobin, Ressusciter)

jeudi 22 janvier 2009

The Wine's Metaphor

"I like to think about the life of wine. How it's a living thing. I like to think about what was going on the year the grapes were growing, how the sun was shining, if it rained. I like to think about all the people who tended and picked the grapes and, if it's an old wine, how many of them must be dead by now. I like how wine continues to evolve. Like, if I opened a bottle of wine today it would taste different than if I'd opened it on any other day. Because a bottle of wine is actually alive and it's constantly evolving and gaining complexity. That is, until it peaks like your '61. And then it begins its steady inevitable decline. And it tastes so fucking good."

(Extrait de Sideways, film de Alexander Payne)

mercredi 21 janvier 2009

Politically "Cowrect"

"1. SOCIALISME : Vous avez deux vaches. Vos voisins vous aident à vous en occuper, et vous vous partagez le lait.
2. COMMUNISME : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous fournit en lait.
3. FASCISME : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend les deux et vous vend le lait.
4. NAZISME : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous prend la vache blonde et abat la brune.
5. DICTATURE : Vous avez deux vaches. Les miliciens les confisquent et vous fusillent.
6. FEODALISME : Vous avez deux vaches. Le seigneur s'arroge la moitié du lait.
7. DEMOCRATIE : Vous avez deux vaches. Une votation décide à qui appartient le lait.
8. DEMOCRATIE REPRESENTATIVE : Vous avez deux vaches. Une élection désigne celui qui décidera à qui appartient le lait.
9. DEMOCRATIE DE SINGAPOUR : Vous avez deux vaches. Vous écopez d'une amende pour détention de bétail en appartement.
10. ANARCHIE : Vous avez deux vaches. Vous les laissez se traire en autogestion.
11. CAPITALISME : Vous avez deux vaches. Vous en vendez une, et vous achetez un taureau pour faire des petits.
12. CAPITALISME DE HONG KONG : Vous avez deux vaches. Vous en vendez trois à votre société cotée en bourse en utilisant des lettres de créance ouvertes par votre beau-frère auprès de votre banque. Puis vous faites un "échange de dettes contre participation", assorti d'une offre publique, et vous récupérez quatre vaches dans l'opération tout en bénéficiant d'un abattement fiscal pour entretien de cinq vaches. Les droits sur le lait de six vaches sont alors transférés par un intermédiaire panaméen sur le compte d'une société des îles Caïman, détenue clandestinement par un actionnaire qui revend à votre société cotée les droits sur le lait de sept vaches. Au rapport de la dite société figurent huit ruminants, avec option d'achat sur une bête supplémentaire. Entre temps vous abattez les deux vaches parce que leur horoscope est défavorable.
13. CAPITALISME SAUVAGE : Vous avez deux vaches. Vous équarrissez l'une, vous forcez l'autre à produire autant que quatre, et vous licenciez finalement l'ouvrier qui s'en occupait en l'accusant d'avoir laissé la vache mourir d'épuisement.
14. BUREAUCRATIE : Vous avez deux vaches. Le gouvernement publie des règles d'hygiène qui vous invitent à en abattre une. Après quoi il vous fait déclarer la quantité de lait que vous avez pu traire de l'autre, il vous achète le lait et il le jette. Enfin il vous fait remplir des formulaires pour déclarer la vache manquante.
15. ÉCOLOGIE : Vous avez deux vaches. Vous gardez le lait et le gouvernement vous achète la bouse.
16. FEMINISME : Vous avez deux vaches. Le gouvernement vous inflige une amende pour discrimination. Vous échangez une de vos vaches pour un taureau que vous trayez aussi.
17. SURREALISME : Vous avez deux girafes. Le gouvernement exige que vous leur donniez des leçons d'harmonica."

samedi 17 janvier 2009

Les jolies choses

"Beaucoup de très belles choses nous attendent, sans jamais s'impatienter de ne pas nous voir venir."

(Christian Bobin, Prisonnier au berceau)

vendredi 16 janvier 2009

La folie

"Un fou, c'est quelqu'un qui a laissé la souffrance prendre sa place."

(Christian Bobin, Prisonnier au berceau)

jeudi 15 janvier 2009

La Job de Dieu

"Vous vous souvenez du Livre de Job ?
"Dans la Bible ?"
Oui. Job est un juste, mais Dieu le fait souffrir. Pour mettre sa foi à l'épreuve.
"Je me souviens."
Il lui enlève tout ce qu'il possède, sa maison, son argent, sa famille...
"Sa santé."
Il lui envoie une maladie.
"Pour mettre sa foi à l'épreuve."
Oui. Pour la mettre à l'épreuve. Je me demande donc...
"Tu te demandes quoi ?"
Ce que vous en pensez.
Morrie tousse violemment. Ses mains tremblent alors qu'il les laisse tomber sur le côté.
"Je pense, dit-il en souriant, que Dieu en a fait un peu trop."

(Mitch Albom, La dernière leçon)

mercredi 14 janvier 2009

Amis anges...

"Si je devais mourir...
Voilà ce que je dirais :
Je dirais que chaque jour est un miracle
Je dirais que la vie est un don et que nous devons l'apprécier
Je dirais que j'ai bien vécu, que j'ai aimé et que, bien plus important, j'ai été aimé.
Que demander de plus ?
J'ai été riche d'amour, cet amour qui me permet de partir maintenant, de voler, plus seulement en rêve mais pour de vrai, cette fois-ci.
Les anges ne sont pas loin, j'en ai rencontré plusieurs. Cela m'a toujours aidé.
Vous pouvez être ange vous aussi, vous savez ? Il ne suffit de pas grand chose, juste un peu d'abnégation.
Alors amis anges, sillonnons la terre à la poursuite d'âmes esseulées. Car rien n'est plus triste qu'une âme seule. Comment peut-elle grandir ? Seule, une âme ne peut grandir... Accompagnons-là."

(Anonyme)

mardi 13 janvier 2009

"Les professeurs ouvrent la porte.
Vous entrez par vous-mêmes."

(Proverbe chinois)

lundi 12 janvier 2009

Apatride

"Cette blessure au coeur de Lucien de ne plus arpenter sa ville familière, de ne plus en entendre les bruits et les voix, de ne plus en respirer les odeurs, de n'en plus goûter les saveurs, de ne plus, surtout, voir ni sa mère ni ses amis, en somme cette blessure d'être un homme déraciné, dépouillé de tous ses repères, comme un amnésique se réveillant en un lieu inconnu (...)."

(Norbert Régina, La femme immobile)

jeudi 8 janvier 2009

Le dernier jour

"Et si on vous rendait votre santé pour une seule journée ? demandai-je, que feriez-vous ?
"Vingt-quatre heures ?"
Vingt-quatre heures.
"Voyons... je me lèverais le matin, je ferais ma gymnastique, je prendrais un merveilleux petit déjeuner avec des petits pains et du thé, j'irais nager, et ensuite j'inviterais mes amis à venir ici pour un bon déjeuner. Je les ferais venir un ou deux à la fois pour que nous puissions parler de leur famille, leurs problèmes, et de tout ce que nous représentons les uns pour les autres.
"Ensuite, j'aimerais faire une promenade, dans un jardin avec des arbres, pour regarder leurs couleurs, regarder les oiseaux, goûter cette nature que je n'ai pas vue depuis si longtemps.
"Le soir, nous irions tous ensemble au restaurant manger un merveilleux plat de pâtes, avec peut-être du canard - j'adore le canard ! - et ensuite on danserait le reste de la nuit. Je danserais avec de sublimes partenaires jusqu'à l'épuisement. Puis je rentrerais à la maison pour m'endormir d'un merveilleux sommeil profond."
C'est tout ?
"C'est tout."
C'est si simple, si banal. En fait je suis un peu déçu. Je pensais qu'il prendrait l'avion pour l'Italie, qu'il déjeunerait avec le président des États-Unis, qu'il gambaderait sur la plage, ou qu'il chercherait à faire les choses les plus exotiques qui lui passeraient par la tête. Après tous ces mois couché, incapable de bouger une jambe ou un pied, comment peut-il trouver la perfection dans une journée aussi ordinaire ?
C'est alors que je comprends que c'est précisément de cela qu'il s'agit."

(Mitch Albom, La dernière leçon)

Je me souviens

"La mort met fin à une vie, mais pas à une relation."

(Mitch Albom, La dernière leçon)

(Pour E.)

mercredi 7 janvier 2009

L'image des choses

"Le vieux peintre Wang Fo et son disciple erraient le long des routes du royaume des Han. Ils avançaient lentement car Wang Fo s'arrêtait la nuit pour contempler les astres et le jour pour regarder les libellules. Ils étaient peu chargés car Wang Fo aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ; pour lui aucun objet au monde ne valait la peine d'être possédé excepté quelques brosses, des pots de laque et d'encre, des rouleaux de soie et du papier."

(Marguerite Yourcenar, Contes d'Orient)

Mortels voisins

"D'autres pays ont des ouragans, des volcans cracheurs de lave, des tsunamis, des tremblements de terre, des canicules. Nous, nous avons des voisins."

(Un écrivain libanais ou israelien...)

mardi 6 janvier 2009

Perfection

"La perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à faire des choses ordinaires de façon extraordinaire."

(Dicton japonais)

dimanche 4 janvier 2009

Que vois-tu, toi qui me soignes, que vois-tu ?

"Que vois-tu, toi qui me soignes, que vois-tu ?
Quand tu me regardes, que penses-tu ?
Une vieille femme grincheuse, un peu folle.
Le regard perdu, qui n'y est plus tout à fait.
Qui bave quand elle mange et ne répond jamais.
Qui quand tu dis d'une voix forte "essayez".
Semble ne prêter aucune attention à ce que tu fais
Et ne cesse de perdre ses chaussures et ses bas.
Qui, docile ou non, te laisse faire à ta guise
Le bain et les repas pour s'occuper la longue journée garnie.

C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois ?
Alors, ouvre les yeux, ce n'est pas moi.
Je vais te dire qui je suis, assise là si tranquille,
Me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu veux...
Je suis la dernière de dix, avec un père et une mère,
Des frères et des soeurs qui s'aiment entre eux,
Une jeune fille de 16 ans, des ailes aux pieds,
Rêvant que bientôt elle rencontrera un fiancé.
Mariée déjà à vingt ans, mon coeur bondit de joie
Au souvenir des voeux que j'ai fait ce jour-là.

J'ai vingt cinq ans maintenant et un enfant à moi
Qui a besoin de moi pour lui construire une maison,
Une femme de trente ans ; mon enfant grandit vite.
Nous sommes liés l'un à l'autre par des liens qui dureront.
Quarante ans, bientôt il ne sera plus là.
Mais mon homme est à mes côtés qui veille sur moi.
Cinquante ans, à nouveau jouent autour de moi des bébés.
Nous revoilà avec des enfants, moi et mon bien-aimé.

Voici les jours noirs, mon mari meurt.
Je regarde vers le futur en frémissant de peur.
Car mes enfants sont tous occupés à élever les leurs,
Et je pense aux années et à l'amour que j'ai connu.
Je suis vieille maintenant et la nature est cruelle
Qui s'amuse à faire passer la vieillesse pour folle.
Mon corps s'en va, la grâce et la force m'abandonnent
Et il y maintenant une pierre là où jadis j'eus un coeur.

Mais dans cette vieille carcasse, la jeune fille demeure,
Le vieux coeur se gonfle sans relâche.
Et je me souviens des joies, je me souviens des peines
Et à nouveau je revis ma vie et j'aime.
Je repense aux années, trop courtes et trop vite passées,
Et accepte cette réalité implacable que rien ne peut durer,
Alors ouvre les yeux, toi qui me soignes, et regarde,
Non, la vieille femme grincheuse, regarde mieux, tu me verras."

(Anonyme)