"Et si on vous rendait votre santé pour une seule journée ? demandai-je, que feriez-vous ?
"Vingt-quatre heures ?"
Vingt-quatre heures.
"Voyons... je me lèverais le matin, je ferais ma gymnastique, je prendrais un merveilleux petit déjeuner avec des petits pains et du thé, j'irais nager, et ensuite j'inviterais mes amis à venir ici pour un bon déjeuner. Je les ferais venir un ou deux à la fois pour que nous puissions parler de leur famille, leurs problèmes, et de tout ce que nous représentons les uns pour les autres.
"Ensuite, j'aimerais faire une promenade, dans un jardin avec des arbres, pour regarder leurs couleurs, regarder les oiseaux, goûter cette nature que je n'ai pas vue depuis si longtemps.
"Le soir, nous irions tous ensemble au restaurant manger un merveilleux plat de pâtes, avec peut-être du canard - j'adore le canard ! - et ensuite on danserait le reste de la nuit. Je danserais avec de sublimes partenaires jusqu'à l'épuisement. Puis je rentrerais à la maison pour m'endormir d'un merveilleux sommeil profond."
C'est tout ?
"C'est tout."
C'est si simple, si banal. En fait je suis un peu déçu. Je pensais qu'il prendrait l'avion pour l'Italie, qu'il déjeunerait avec le président des États-Unis, qu'il gambaderait sur la plage, ou qu'il chercherait à faire les choses les plus exotiques qui lui passeraient par la tête. Après tous ces mois couché, incapable de bouger une jambe ou un pied, comment peut-il trouver la perfection dans une journée aussi ordinaire ?
C'est alors que je comprends que c'est précisément de cela qu'il s'agit."
(Mitch Albom, La dernière leçon)