mercredi 25 janvier 2006

Une partie de l'Océan

"C'est l'histoire d'une petite vague qui va clapotant sur l'océan, s'amusant comme une folle. Heureuse dans le vent et le grand air, jusqu'à ce qu'elle aperçoive les autres vagues devant elle qui s'écrasent contre le rivage.
"Mon Dieu ! C'est affreux, dit la vague, qu'est-ce qui va m'arriver ?
"Ensuite, arrive une autre vague. Elle voit la mine sombre de la première vague et lui demande : "Pourquoi as-tu l'air si triste ?" La première vague répond : "Tu ne comprends donc pas ! Nous allons toutes nous écraser ! Nous allons toutes disparaître ! C'est affreux."
"La deuxième vague lui dit : "Non, c'est toi qui ne comprends pas. Tu n'es pas une vague, tu es une partie de l'océan."

Inspire, expire, inspire, expire...

(Mitch Albom, La dernière leçon)

mardi 24 janvier 2006

La Job de Dieu

"Vous vous souvenez du Livre de Job ?
"Dans la Bible ?"
Oui. Job est un juste, mais Dieu le fait souffrir. Pour mettre sa foi à l'épreuve.
"Je me souviens."
Il lui enlève tout ce qu'il possède, sa maison, son argent, sa famille...
"Sa santé."
Il lui envoie une maladie.
"Pour mettre sa foi à l'épreuve."
Oui. Pour la mettre à l'épreuve. Je me demande donc...
"Tu te demandes quoi ?"
Ce que vous en pensez.
Morrie tousse violemment. Ses mains tremblent alors qu'il les laisse tomber sur le côté.
"Je pense, dit-il en souriant, que Dieu en a fait un peu trop."

(Mitch Albom, La dernière leçon)

La famille humaine

"Au début de la vie, quand nous sommes encore tout-petits, nous avons besoin des autres pour survivre, non ? À la fin de la vie, quand on devient comme je le suis, on a aussi besoin des autres pour survivre, d'accord ?"
Baissant le ton jusqu'à chuchoter :
"Je vais te dire un secret : entre les deux, on a aussi besoin des autres."

(Mitch Albom, La dernière leçon)

lundi 23 janvier 2006

Questions essentielles

Que suis-je devenu(e) ? :

"As-tu trouvé quelqu'un à aimer ?"

"Donnes-tu de ton temps aux autres ?"

"Es-tu en paix avec toi-même ?"

"Est-ce que tu essaies d'être aussi humain(e) que possible ?"

(Mitch Albom, La dernière leçon)

dimanche 22 janvier 2006

Les jolies choses

"Beaucoup de très belles choses nous attendent, sans jamais s'impatienter de ne pas nous voir venir."

(Christian Bobin, Prisonnier au berceau)

Question : À quoi bon... ? Réponse : Pour la beauté de l'art...

À quoi bon vivre quand la maladie puis la mort nous guettent ?
À quoi bon aimer quand ceux qu'on aime nous sont retirés ?
À quoi bon se battre quand la bataille est perdue d'avance ?
Pourquoi vivre quand la vie ne commence à être qu'une succession de deuils ?
Pourquoi même pleurer quand le temps fini par tout effacer, même la souffrance ?

"If I knew what the painting was going to be, why would I paint it ?" (Picasso)

"So why be a choreographer if it's already all in your mind ? I love the adventure of creation. It's like life. Why dare living if we all know before. We don't know. You never know, and this is the magic of it." (Marie Chouinard)

mercredi 18 janvier 2006

La folie

"Un fou, c'est quelqu'un qui a laissé la souffrance prendre sa place."

(Christian Bobin, Prisonnier au berceau)

Vous pensez savoir ce qu'est la SLA ?

"La SLA [Sclérose latérale amyotrophique], c'est comme une bougie allumée : elle consume les nerfs et laisse le corps comme un tas de cire fondue. Cela commence souvent par les jambes et cela progresse vers le haut. On perd le contrôle des muscles des cuisses, et on ne peut plus se tenir debout. On perd le contrôle des muscles du buste, et on ne peut plus se tenir assis. Avant la fin, si l'on est toujours en vie, on respire à travers un tube, par un trou dans la gorge. L'âme, parfaitement éveillée, est emprisonnée à l'intérieur d'une coque molle, et l'on a tout juste la capacité de cligner de l'oeil ou de claquer la langue, comme dans un film de science-fiction, l'homme pétrifié à l'intérieur de sa propre chair ! Tout cela ne prend pas plus de cinq ans, à partir du moment où la maladie se déclare."

"Il est atteint d'une maladie incurable qui le paralyse peu à peu. Il sait qu'il va mourir. Il sait qu'il va se dégrader rapidement, perdre son autonomie. Il sait qu'il devra bientôt confier son corps, ses gestes les plus intimes, aux regards et aux mains des autres. Il le craint. Qui ne le craindrait ?"

(Mitch Albom, La dernière leçon)



"Étudiez-moi dans ma lente et patiente disparition ! Observez ce qui m'arrive ! Apprenez avec moi !"

"C'est horrible de regarder mon corps mourir à petit feu. Mais il y a quelque chose de merveilleux dans le temps que cela me laisse pour dire au revoir."

(Propos de Morrie Schwarz, atteint et décédé de la SLA, dans Mitch Albom, La dernière leçon)

mardi 17 janvier 2006

Le travail du chercheur

"L'activité du chercheur se distingue de celle d'un auteur de nouvelles en ce qu'il ne commence pas avec une page blanche. Il commence avec une page déjà écrite en partie, un brouillon à la mise au net duquel il se propose de contribuer."

(Bernard Morand, Logique de la conception : figures de sémiotique générale d'après Charles S. Peirce)

vendredi 13 janvier 2006

Éloge de l'ennui

"Un enfant qui s'ennuie n'est pas très loin du paradis : il est au bord de comprendre qu'aucune activité, même celle, lumineuse, du jeu, ne vaut qu'on y consacre toute son âme. L'ennui flaire un gibier angélique dans le buisson du temps : il y a peut-être autre chose à faire dans cette vie que de s'y éparpiller en actions, s'y pavaner en paroles ou s'y trémousser en danses. La regarder, simplement.
La regarder en face, avec la candeur d'un enfant, le nez contre la vitre du ciel bleu derrière laquelle les anges, sur une échelle de feu, montent et descendent, descendent et montent."

"L'ennui est un petit balai de genêts manié par un ange pour chasser la poussière de nos désirs. En la vidant peu à peu, il éclaircit la chambre de l'âme."

(Christian Bobin, Prisonnier au berceau)