mercredi 11 février 2009

Adieu Charles

"Je serai désormais
la voix du silence,
l'ombre à votre gauche les jours
de grande lumière, le son des pas sur les cailloux,
le temps qui passe et passe si lentement, si vite... "

(Jean-Paul de Dadelsen, Jonas et autres poèmes, en mémoire de Charles décédé le 8 février 2009 d'un cancer du cerveau)

dimanche 8 février 2009

Polytechnique

"(...) Car l'art est là pour déplacer notre regard sur les choses. Les traumatismes sont comme les tabous, ils se nourrissent de silence, d'appréhension et de déni. Il vient un jour où la prise de parole n'est même plus un choix, mais une nécessité. Si une oeuvre qui traite d'une tragédie comme Polytechnique réveille des émotions enfouies, c'est pour les révéler. L'art touche, bouleverse, secoue, atteint, mais il ne blesse pas. Il peut évoquer les zones douloureuses sans nous faire mal. Il ne réssuscite pas le réel, mais lui donne une résonance. Il n'accable pas, il élève. La puissance et la nécessité de l'art dramatique réside précisément dans cette capacité d'exprimer et de nous faire sentir des émotions intenses sans nous aveugler, comme cela se produit dans la vie réelle. Ce faisant, la tragédie constitue une expérience de clarté qui nous "désenfouit" de l'opacité du monde réel. On quitte alors le film ou la pièce avec quelque chose de plus, une conscience enrichie. Le reste n'est plus qu'affaire de goût et de disposition personnelle."

(Gilbert Turp, "Art et tragédie", Le Devoir, jeudi 5 février 2009, p.A6)

"Avec le temps, les choses s'amoindrissent" a-t-il fini par dire, en sortant un stylo. Il a dessiné un tableau, avec une courbe qui descend doucement. Il m'a tendu le bout de papier. "Voilà. C'est l'expression mathématique d'un sentiment", a-t-il lancé en souriant.

(Rima Elkouri, "Elles étaient ses étudiantes", La Presse, samedi 7 février 2009, p.A9)

samedi 7 février 2009

Le temps qui s'envole

"Lorsque j'étais enfant, je vivais dans la lenteur et dans la permanence. Je rêvais de fêtes à venir. Une journée paraissait une année, et une année une éternité. Mais, quand j'ai compris que le passé ne revenait jamais, le temps a commencé à s'envoler et la beauté et le bonheur sont devenus sources de regret."

(Shan Sa, Porte de la paix céleste)

vendredi 6 février 2009

Le livre tombal

"Ce qui me paraît être le plus proche d'un livre, jusque dans sa forme même, c'est une tombe. Sous la couverture du livre comme sous la pierre tombale, il y a une âme qui attend une résurrection. La lecture exhume, et il y a quelque chose dans un livre qui peut à la fois revivre et nous ressusciter. Soulever la couverture d'un livre, c'est soulever une pierre tombale et entrer dans le royaume des morts."

(Christian Bobin, La lumière du monde)

jeudi 5 février 2009

Ce qui nous rend intelligents

"Deux choses nous éclairent, qui sont toutes les deux imprévisibles : un amour ou une mort. C'est par ces événements seuls qu'on peut devenir intelligents, parce qu'ils nous rendent ignorants."

(Christian Bobin, La lumière du monde)

mercredi 4 février 2009

La musique hurle

"Si, jadis, on écoutait la musique par amour de la musique, aujourd'hui elle hurle partout et toujours, "sans se demander si on a envie de l'écouter", elle hurle dans les haut-parleurs, dans les voitures, dans les restaurants, dans les ascensceurs, dans les rues, dans les salles d'attente, dans les salles de gymnastique, dans les oreilles bouchées des walkmen, musique réécrite, réinstrumentée, raccourcie, écartelée, des fragments de rock, de jazz, d'opéra, flot où tout s'entremêle sans qu'on sache qui est le compositeur (la musique devenue bruit est anonyme), sans qu'on distingue le début ou la fin (la musique devenue bruit ne connaît pas la forme) : l'eau sale de la musique où la musique se meurt."

(Milan Kundera, L'ignorance)

mardi 3 février 2009

L'écoute véritable

"Nous est-il possible d'écarter tous ces écrans à travers lesquels nous écoutons - et d'écouter vraiment ?"

(Jiddu Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie)

lundi 2 février 2009

Séparation

"Et il en a toujours été ainsi de l'amour, il ne connaît sa véritable profondeur qu'à l'instant de la séparation."

(Khalil Gibran, Le prophète)

dimanche 1 février 2009

Ouvrir les yeux sur le monde

"Je me remis au travail - à ce travail que ne me valait aucun salaire mais que Dieu dès mon plus jeune âge m'avait donné : voir. Ouvrir les yeux sur un monde dont l'apparence était sombre et la substance miraculeuse."

(Christian Bobin, Louise Amour)