mercredi 6 septembre 2017

Questionner pour enseigner

"Il n'est pas de méthode d'enseignement plus efficace que celle de poser une série de questions."

(Socrate)

jeudi 24 août 2017

Science

"Toute science est comparable à un fleuve. Elle a ses humbles débuts, suit tantôt des méandres tranquilles et tantôt d'abrupts rapides, connaît des périodes de crue et d'assèchement. Le travail des chercheurs, l'apport d'autres courants de pensée lui fournissent des énergies nouvelles; les concepts et les généralisations, qui peu à peu s'élaborent, la creusent et l'élargissent."

(Carl P. Swanson, professeur de biologie à l'Université John-Hopkins, cité dans Rachel Carson, Printemps silencieux)

mardi 6 juin 2017

Légitimité de la science

"La science, comme la philosophie, doit demeurer un lieu de diversité. Son absence de dogmatisme, y compris quant à ses propres fondements, est la quintessence de sa légitimité."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Raisonnement scientifique

"Raisonner scientifiquement c'est composer avec le doute."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Changements de paradigmes

"Je pense qu'il est fructueux d'hybrider la pensée de Feyerabend avec une dose de Thomas Kuhn. Celui-ci a également entrepris de réformer l'épistémologie poppérienne en notant très adéquatement qu'une authentique révolution survient non pas quand une théorie est falsifiée mais quand une meilleure théorie est adoptée. En effet, l'avance du périhélie de Mercure, défaut de la théorie Newtonienne que nous évoquions, fut notée bien avant la découverte de la relativité générale qui en rend compte. Mais, très naturellement, la physique de Newton ne fut pas abandonnée avant que celle d'Einstein soit découverte! De même, on connaît aujourd'hui les limites de a théorie d'Einstein. Souligner qu'elle ne fonctionne plus pour décrire le Big Bang ou le cœur des trous noirs est une évidence. Ce qui est intéressant n'est pas de rappeler que ce modèle n'est pas le modèle définitif du monde - de cela personne ne doute et je parierais qu'un tel modèle n'existe pas - mais de trouver le remplaçant, dans ce cas précis une théorie de gravitation quantique.
Ce qui conduit Kuhn à conclure que la science ne fonctionne pas par accumulations mais par ruptures. Il nomme cela des changements de "paradigmes", c'est-à-dire des changements de représentation globale du monde. Il me semble que le point essentiel dans son approche est l'idée que les paradigmes sont incommensurables. Il n'est pas vraiment possible de les comparer ou de les hiérarchiser car ils n'ont, si l'on peut dire, rien en commun. Dès lors que Dieu n'est plus convoqué dans le débat, il n'existe aucun point de vue parfaitement neutre ou objectif sur le réel. Ce rappel à la modestie me paraît plus que nécessaire. Le monde de l'homme occidental contemporain est certainement plus techniquement abouti que celui des ethnies amérindiennes du XIXe siècle mais rien ne permet de dire qu'il est plus "juste" ou plus "vrai". Peut-être faudrait-il ici distinguer entre progrès scientifique et progrès technique mais le problème de l'absence "d’œil de Dieu", entièrement dépourvu de biais ou de contamination sociale, demeurerait entier."

(Aurélien Barrau, De la vérit)

Anarchisme épistémologique

"La science est exploratoire, y compris quant à ses propres modalités.
C'est en ce sens que Feyerabend évoque ce qu'il nomme "l'anarchisme épistémologique". Il n'existe aucune règle simple qui serait suivie par toutes les sciences, ni même par une seule science à toutes les époques. Et peut-être pas même par une science donnée à un instant donné. Il considère que la seule règle qui vaille pour décrire la manière dont une théorie devient le paradigme dominant est "tout est bon". Il ne faut pas mésinterpréter cet adage. Il ne s'agit pas d'encourager les scientifiques à user de tous les moyens et moins encore à faire n'importe quoi! Il s'agit simplement de constater que, au vue de l'histoire des sciences, des astuces de type logique, rhétorique, esthétique, voire éthique, ont effectivement été employées dans l'avènement des modèles aujourd'hui admis ou utilisés. Que cela plaise ou non, telle est l'histoire. Il n'existe pas de règle identifiable. Quelle que soit la règle considérée, il sera possible de trouver un exemple où elle fut fructueusement violée. Les faits dépendent aussi des théories et non pas seulement l'inverse. Et Feyerabend a beau jeu de considérer la révolution copernicienne qui, en effet, fit essentiellement voler en éclats tous les dogmes qui la précédaient, y compris au niveau méthodologique. Sans doute est-il juste, comme il le proposa, de penser "la science en tant qu'art". Et, à mon sens, cela n'est pas une insulte à la démarche scientifique, bien au contraire! Donner à cette dernière le droit à ne pas être un ultime dévoilement du réel mais plutôt une invention sous contraintes, c'est sans doute lui reconnaître l'humilité et la créativité qui, parfois, lui sont déniées."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Importance des hypothèses

"Feyerabend montre que les hypothèses apparemment incongrues auxquelles il nous arrive de recourir en cas d'inadéquation d'une théorie avec les mesures s'avèrent essentielles dans le développement des sciences. Ce ne sont pas des accidents mais des moteurs à part entière."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Chaque théorie est fausse!

"En ce sens, l'idée poppérienne de remplacer la vérification par la falsification est excellente. Ce qui, selon lui, fait qu'une théorie est scientifique est sa capacité à être mise en défaut. La loi de Newton est une théorie scientifique parce qu'il est possible de concevoir une expérience (d'ailleurs déjà faite) qui la réfute. L'avance du périhélie de Mercure - c'est à dire la précession de son orbite elliptique - est, par exemple, en contradiction avec la gravitation universelle newtonienne. En revanche, l'expression "Dieu existe" n'est pas scientifique parce qu'elle ne saurait être réfutée. On ne peut concevoir une expérience qui soit en mesure de démontrer sa fausseté. Autant il est impossible de prouver une théorie scientifique pour les raisons précédemment évoquées (on ne peut tester l'infinité de ses prédictions et les tester avec une précision infinie), autant il est possible de la réfuter, de la mettre en défaut, puisqu'il suffit d'une seule observation qui entre en contradiction avec une de ses prédictions pour que celle-ci s'effondre."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

La démarche scientifique

"La science est un effort - souvent désespéré, c'est vrai, et peut-être parfois même pathétique, reconnaissons-le - pour tenter de lire dans le monde autre chose que ce que nous y avons nous-même instillé. Récuser cette démarche, ce n'est pas seulement se priver des richesses d'un monde protéiforme, c'est aussi - je le crains - faire preuve d'arrogance en oubliant que l'Univers ne se réduit pas à ce que nous souhaitons qu'il soit ou à ce que nous percevons directement de lui.
La science est une "désanthropocentrisation" du réel. Elle tente de nous mettre en rapport avec un ailleurs. Elle tente de frayer un chemin dans l'au-delà de notre vision immédiate. Elle tente de présenter un monde qui n'est pas la simple traduction de nos propres besoins ou désirs. L'astronomie, par exemple, montre que l'aspect de la voûte céleste dépend largement de la manière dont celle-ci est scrutée. Nos yeux ne voient presque rien. La lumière à laquelle nous sommes sensibles n'est qu'une fraction absolument dérisoire de l'ensemble des lumières (disons des ondes électromagnétiques) existantes. Quand le ciel est observé suivant ces autres lumières il présente un tout autre aspect."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Penser en scientifique

"La science a cette salutaire capacité à nous montrer que l'Univers n'est pas qu'une construction conventionnelle: quelque chose d'étrange, souvent de magnifique, parfois de stupéfiant, se révèle à nous. Penser en scientifique, c'est d'abord accepter de se laisser surprendre; c'est ne pas enclore le réel dans ce que nous souhaitons qu'il soit; c'est vouloir penser au-delà de nos fantasmes et de nos croyances. En demeurant conscient des limites évidentes de cette démarche : la pensée ne se distancie jamais d'elle-même. C'est cet effort teinté d'impossible qui, sans doute, fonde le geste."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

La Vérité dans la Grèce archaïque

"En Grèce archaïque, la vérité ne s'opposait pas au mensonge ou à l'erreur mais à l'oubli. La parole du poète, inspirée par les Muses, tendait à définir la vérité comme anamnèse, c'est-à-dire comme mémoire ressuscitée. Elle est primitivement davantage une pratique initiatique qu'un concept logique."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

Définir la science

"Je ne pense donc pas qu'il soit possible de trouver une définition simple de ce qu'est la science. Et je ne suis pas persuadé que ce soit même souhaitable. Il faut laisser un peu de souplesse et ne surtout pas trop figer les possibles. Définir, bien que cela puisse être nécessaire, est toujours un acte dangereux et parfois même violent. Les dictionnaires sont des cimetières ou des prisons. Rien ne serait pire que de "pétrifier" une démarche en l'enfermant dans une définition qui, aussi précise soit-elle pour décrire un état de fait à un instant donné, interdirait la dynamique évolutive.
Qu'est-ce que définir? Dans certains cas, nous disposons d'un ensemble d'objets ou de démarches pour lesquelles il faut chercher un concept permettant de les subsumer - disons de les englober. Ce serait alors une définition "en extension". Nous serions en accord sur ce que sont les gestes scientifiques, sur ce que sont les attitudes non scientifiques, et nous chercherions les mots pour caractériser ce qui différencie les premiers des secondes. Dans d'autres cas, au contraire, nous cherchons un concept a priori pour déterminer ensuite ce que seront les choses ou les démarches qui y satisfont. Ce serait alors une définition "en intention". Certains considèrent que l'art se définit mieux suivant la première approche et la science suivant la seconde. L'intention de la science, le concept qui rassemble ses modes ou ses déclinaisons, serait alors la Vérité ou l'exactitude. Je pense que ces disjonctions sont très naïves. La situation est beaucoup plus complexe et intriquée que cela.
Et il me semble même raisonnable de choisir cette complexité comme un élément de la "proto-définition" qu'il serait possible de donner de la science. Elle est avant tout une tension. Une tension constitutive entre, d'une part, la liberté presque démiurgique du scientifique et, d'autre part, la contrainte terrible que constitue le réel. Il existe de multiples manières - peut-être une infinité - de décrire le même monde et le scientifique est en situation de choix. Il est créateur. Il invente un modèle dans un rapport au monde qu'on pourrait dire essentiellement "esthétique". Il façonne un discours. Il est guidé par la beauté. Mais sa création est sous contrainte. Il se doit de faire face à une altérité radicale. Quelque chose s'impose à lui. Ce qu'il observe ne reflète pas que ses fantasmes ou ses attentes. La nature n'est pas - et c'est là sa grâce - que le miroir de nos attentes. Le chercheur est aux prises avec l'implacable factualité d'un réel qui n'est jamais purement contractuel. C'est certainement au coeur de cette tension  que se joue le geste scientifique."

(Aurélien Barrau, De la vérité dans les sciences)

vendredi 12 mai 2017

"Un jour, j'ai rencontré un rabbin qui vivait dans une toute petite chambre avec seulement une table et une chaise. Je lui ai demandé : "Mais, rabbin, où sont vos meubles?"
Il me répondit : "Et vous, où sont les vôtres?
- Moi? Mais je ne fais que passer...
- Et bien, moi aussi, répondit le rabbin. Je ne fais que passer."

(Stuart Wild, Les lois de l'esprit)

dimanche 7 mai 2017

Minimalisme

"Avec peu on peut vivre le présent à l'infini."

Maxime

Possessions

"Tu es riche?
- J'ai tout, je ne possède même plus."

(Malcolm de Chazal)

samedi 6 mai 2017

Silence

"Si ce que tu dis n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi."

(Eric-Emmanuel Schmitt, Le sumo qui ne pouvait pas grossir)

dimanche 5 mars 2017

Préjugés

"Ce que l'on sait de quelqu'un nous empêche de le connaître."

(Christian Bobin)

mercredi 22 février 2017

"Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d'une étoile filante."

(Nietzsche)

jeudi 9 février 2017

En finir avec la littérature de poulette

"Évidemment, mes livres à moi parlent d'amour. C'est un sujet si féminin... Quand il est traité par une femme. Mais quand c'est Flaubert qui décrit l'amour, ça devient un sujet humain. Il n'existe pas de sujet masculin pour la raison irréfutable que la littérature masculine, c'est LA littérature!"

(Benoîte Groulx )

dimanche 29 janvier 2017

Double discrimination

"Un système d'oppression tire une grande partie de sa force du consentement des victimes, qui ont intériorisé l'image d'elles-mêmes qu'ont les dominants."

(La militante Pauli Murray, citée dans Patricia Hill Collins, La pensée féministe noire)

jeudi 26 janvier 2017

Instruments de vol

"- Fie-toi à ça, disait Tom, mais à rien d'autre.
Il voulait dire le compas.
- Les instruments peuvent se détraquer, disait-il. Si tu ne peux pas piloter sans badin, sans altimètre, sans indicateur de virage et d'inclinaison, ça veut dire que tu ne sais pas piloter. Tu es comme quelqu'un qui ne sait ce qu'il pense qu'après avoir lu son journal. Mais tu n'as pas besoin de te méfier du compas - ton jugement ne sera jamais plus exact que celui de l'aiguille. Elle te dira où tu dois aller, et pour le reste c'est à toi de te débrouiller."

(Beryl MarkhamVers l'Ouest avec la nuit)

Quand sera terminée l'ère des grands pilotes

"Quand sera terminée l'ère des grands pilotes, comme est terminée l'ère des grands marins, quand ils auront été dépassés par les créations de la technique, par des roues d'acier, des disques de cuivre et des fils arachnéens qui feront parler des cadrans blancs malgré leur mutisme, je crois que toute la science des pilotes pourra être concentrée dans le périmètre d'un tableau de bord, mais pas leur enthousiasme.
Un jour, les hommes connaîtront les étoiles aussi bien que les bornes, les virages et les mouvements de terrain de la route qui mène chez eux; un jour nous nous déplacerons dans les airs comme dans notre milieu naturel. Mais alors on ne saura plus piloter; il n'y aura plus que des passagers dans des machines dirigées par des super-contrôleurs, soigneusement formés pour pouvoir distinguer des boutons étiquetés et pour lesquels la connaissance du ciel, du vent, des intempéries n'aura pas plus d'intérêt qu'un roman de science-fiction. Et on se rappellera les jours de la marine à voile, et les gens se demanderont si le terme voilier s'applique aux pionniers de la mer ou à ceux du ciel."

(Beryl MarkhamVers l'Ouest avec la nuit)

Naissance d'une vie de pilote

"Tom commença mon apprentissage sur un DH Gipsy Moth, et son hélice pulvérisait le silence de l'aube sur les plaines de l'Athi. Nous nous balancions au-dessus des collines, au-dessus de la ville, puis nous revenions, et je compris comment un homme peut être maître d'un avion, et comment un avion peut être maître d'un élément. Je vis l'alchimie de la perspective réduire le monde que je connaissais, et tout le reste de ma vie, aux dimensions de grains de blé dans une tasse. J'appris à observer, à mettre ma confiance dans d'autres mains que les miennes. Et j'appris à partir à l'aventure. J'appris ce que tout enfant imaginatif a besoin de savoir - qu'il n'existe pas d’horizon si lointain qu'on ne puisse survoler et dépasser."

(Beryl MarkhamVers l'Ouest avec la nuit)

Quand vous volez...

"Quand vous volez, dit le jeune homme, vous avez l'impression de posséder le monde, plus que si vous étiez propriétaire de toute l'Afrique. Vous sentez que tout ce que vous voyez vous appartient - ce qui avant était en morceaux forme un tout, et ce tout est à vous; non pas parce que vous le voulez, mais parce que, seul dans votre avion, vous n'avez personne avec qui partager. Tout est là, et tout est à vous. Vous vous sentez plus grand que vous n'êtes - plus proche d'un idéal que vous pensiez vaguement être capable d'atteindre mais que vous n'aviez jamais eu le courage d'envisager sérieusement."

(Beryl Markham, Vers l'Ouest avec la nuit)

Spartiate

"J'avais deux sacoches de selle, et Pégase. Les sacoches contenaient la couverture du poney, sa brosse, un rogne-pied de maréchal-ferrant, six livres d'avoine concassée et un thermomètre, à titre de précaution contre la fièvre africaine du cheval. Pour moi, les sacoches contenaient un pyjama, un pantalon, une chemise, une brosse à dents et un peigne. Jamais je n'ai possédé si peu de choses, et je ne suis pas sûre qu'il m'en ait jamais fallu davantage."

 (Beryl Markham, Vers l'Ouest avec la nuit)

Les voyages forment...

"Quelqu'un a dit un jour, affichant un cynisme facile: "Les voyages déforment la jeunesse." Mais certains voyages m'ont formée.
Grâce à eux, j'ai appris que quand on quitte un lieu où on a vécu, que l'on a aimé, où tout votre passé est ancré, il ne faut surtout pas le quitter lentement, il faut en partir aussi vite que possible. Il ne faut pas se retourner, il ne faut pas croire que les heures qui revivent dans votre mémoire sont meilleures parce qu'elles appartiennent à une époque révolue. On se sent en sécurité dans le passé, on l'a surmonté, alors que l'avenir est enveloppé d'un nuage qui de loin paraît terrifiant. Le nuage s'éclaircit quand on y pénètre. Voilà ce que j'ai appris, comme tout un chacun, mais je l'ai appris tard."

(Beryl Markham, Vers l'Ouest avec la nuit)

lundi 2 janvier 2017

L'art de l'écoute

"Écoute, présence, attention. Qu'entendons-nous par ces notions si nécessaires à notre vie? Il me semble que l'on pourrait définir l'écoute comme une présence sans parole face à autrui, pendant laquelle toute notre attention, toute ma conscience, est tournée vers ce que dit autrui. C'est une attitude complexe, où l'on donne et où l'on reçoit."

(Christophe André dans Christophe André, Alexandre Jollien et Mathieu Riccard, Trois amis en quête de sagesse)

Méditer

"Méditer, c'est apprendre à désamorcer les bombes qui pleuvent dans notre esprit et laisser s'évaporer ces scénarios auxquels nous croyons dur comme fer. Quand le mental nous sert comme sur un plateau le pire du pire, simplement regarder, ne rien faire. M'abstenir de réagir relève parfois d'un courage presque inhumain lorsque la tempête mentale fait rage. Ce qui aide, c'est de constater que l'intempérie qui ébranle mon ego peut être à dix sur l'échelle de Richter émotionnelle sans que j'en meure pour autant. Inlassablement, toujours, il s'agit de laisser passer l'émotion qui, si nous ne l'alimentons pas, s'épuise d'elle même. Cette longue ascèse, réitérée mille fois par jour, consiste à se laisser flotter parmi les vagues pour voir qu'elles ne durent pas."

(Christophe André, Alexandre Jollien et Mathieu Riccard, Trois amis en quête de sagesse)