mercredi 27 septembre 2006

Cute...

"Tu sais maman, ma nouvelle amie, elle parle français, anglais et érable."

(Malika, 6 ans, Le Devoir, mercredi 27 septembre 2006)

mardi 26 septembre 2006

Un roshi

"Un roshi est une personne qui a réalisé cette liberté parfaite qui est la potentialité de tous les êtres humains. Il existe librement dans la plénitude de tout son être. Le courant de sa conscience ne se moule pas en une répétition des modèles fixes de notre habituelle conscience égocentrique, mais naît spontanément et naturellement des circonstances réelles du moment présent. En ce qui concerne la qualité de sa vie, les résultats sont extraordinaires - énergie et ressort de caractère, vigueur, attitude directe, simplicité, humilité, sérénité, gaieté, perspicacité surnaturelle et compassion infiniment profonde. Tout son être témoigne de ce que signifie vivre dans la réalité du présent. Sans que rien soit dit ou fait, le simple impact de la rencontre avec une personnalité aussi développée peut suffire à changer complètement une manière de vivre."

(Richard Baker)

[Voici un autre passage à niveau...]

dimanche 24 septembre 2006

Esprit de débutant

"La calligraphie zen consiste à écrire de la manière la plus directe possible, aussi simplement que le ferait un débutant, sans viser à l'habileté ou à la beauté du tracé, mais simplement en étant plein d'attention, comme si nous découvrions pour la première fois ce que nous écrivons. Voilà comment pratiquer à chaque instant."

(Richard Baker)

vendredi 22 septembre 2006

Ma cabane de moine

"Il se peut que mon logis soit étroit, mais je peux y dormir et m'y asseoir. Vivant seul, cela me suffit. Je connais le monde et je ne m'y mêle pas. Je profite seulement de ma tranquilité. Mon suprême plaisir est la sieste et contempler les saisons. Le monde entier n'est que la conscience que nous en avons. Si le coeur est en paix, même les trésors les plus chers ne valent rien. J'aime mon pauvre logis. Je suis désolé pour tous ces esclaves du monde matériel. On ne peut apprécier la solitude qu'en la vivant."

(Kamo no Chomei)

jeudi 21 septembre 2006

Corps & âme

"Et si, pour toute richesse,
Il ne te reste que deux pains,
Vends-en un, et avec ces quelques deniers
Offre-toi des jacinthes pour nourrir ton âme !"

(Poème persan)

mercredi 20 septembre 2006

Connaîs-toi toi-même

"Il est absurde de s'ignorer soi-même quand on veut connaître tout le reste."

(Platon)

lundi 18 septembre 2006

Déboussolés

"Nous avons quitté la terre, nous nous sommes embarqués ! Nous avons coupé les ponts - bien plus, nous avons laissé derrière nous la terre ! Dès lors, petit navire, prends garde ! À tes côtés s'étend l'Océan : sans doute ne hurle-t-il pas toujours et parfois s'étale comme de la soie et de l'or et comme une rêverie de bonté. Mais des heures viennent où tu reconnaîtras qu'il est sans limite et que rien n'est plus effrayant que l'infini. Ô pauvre oiseau qui t'es senti libre et qui désormais te heurte aux barreaux de pareille cage ! Malheur à toi, si le mal du pays te saisit, comme s'il y avait eu plus de liberté là-bas - alors qu'il n'est plus de "terre !".

(Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir)

samedi 16 septembre 2006

Haïku du jour

"Ce printemps dans ma cabane
Absolument rien,
Absolument tout."

(Kobayashi Issa)

jeudi 14 septembre 2006

"Je bois pour que..."

"Je vis dans un pays qui sait lire et écrire depuis quinze générations, je vis au milieu de gens prêts à donner jusqu'à leur vie pour un paquet d'idées bien ficelées, j'habite un ancien royaume où c'est depuis toujours l'usage et la folie de s'entasser patiemment dans la tête images et pensées porteuses de joies inexprimables et de douleurs plus fortes encore.
Et maintenant, tout cela se répète en moi ? Voilà trente cinq ans que j'appuie sur les boutons vert et rouge de ma presse, mais aussi tente cinq ans que je bois des litres de bière, pas pour boire, mais pour aider la pensée, pour mieux pénétrer au coeur même des textes. Parce que lorsque je lis, ce n'est pas pour m'amuser ou faire passer le temps ou encore pour mieux m'endormir, je bois pour que lire m'empêche à jamais de dormir, pour que le lire me fasse attraper la tremblote. Par les livres et des livres, j'ai appris que les cieux ne sont pas humains et qu'un homme qui pense ne l'est pas davantage, non qu'il ne le veuille."

(Bohumil Hrabal)

vendredi 1 septembre 2006

Le donneur de câlins

"Impossible ne ne pas le voir. Très chic, chapeau de feutre, fleur à la boutonnière, parapluie fermé, yeux ouverts, il tient les bras tendus, immobile. Écrit à la craie sur deux petits tableaux noirs : "Câlins gratuits, free hugs".
Les gens s'attroupent, le scrutent, attendent qu'il baisse les bras, éternue, se fouille dans le nez. Nada. Est-ce une statue échappée de chez Madame Tussaud ? Un serveur automate ? Un employé du ministère du Tourisme, un col bleu de la Ville de Montréal, un témoin de Jéhovah nouveau genre, un pervers, un aspirant maire, un illuminé, Raël déguisé ?
Des commentaires fusent: "This is weird!" "Y est donc ben plein d'amour!" "Qu'est-ce qu'il cherche, ce charlot? On en a marre de glander ici. Allez hop! On s'arrache." "Armand, j'te l'dis, c'est pas un vrai." "Escuche a Marie-Chantale Toupin en el radio, es una cantante de Quebec, y le pague al taxista para que la callara." "J'te cré pas. Tu veux y aller ?" "Mi chiedo perchè Serge Losique porta sempre questo santo beretto." "J'aime ta skirt d'la way qu'a hang."Mais voilà qu'une femme plutôt jolie s'approche d'un pas déterminé de l'objet de tous nos regards. Rendus à sa hauteur, elle lui dit quelque chose. Alors il sourit et la prend dans ses bras. L'étreinte dure deux, trois secondes. Puis la femme recule, prononce encore quelques mots, glisse une pièce de monnaie dans une petite boîte discrète et s'en va. Le câlineur patenté ne la regarde pas partir. Tout de suite, il baisse la tête, se concentre, rouvre ses bras lentement et reprend la même position.
Pendant près d'une heure, je suis resté planté là comme un pissenlit, médusé. Et j'ai vu... des Britney wannabe au t-shirt bedaine, des papas avec leur enfant, une Chinoise au visage parcheminé, une gamine craquante aux cheveux bouclés, tous aller dans les bras de Monsieur Câlin, The Hugger Busker. Certains laissent derrière quelques sous, mais pas tous. Plusieurs se font croquer numériquement par leur famille ou leurs amis. Un ado, 15 ou 16 ans, s'y est repris à deux fois : la première avec un copain pour un hug à trois (cela sentait la bravade entre potes), la seconde, tout seul. C'était, comment dire, émouvant. Soudain, sur mon coeur de pierre, une égratinure..."

(Jean-Yves Girard, "Le donneur de câlins", Texte complet dans Le Devoir, vendredi 1er septembre 2006, page B 10)