samedi 29 décembre 2007

Tragique analyse

"Compte tenu du système socio-économique mis en place, compte tenu surtout de nos présupposés philosophiques, il est visible que l'humain se précipite vers une catastrophe à brève échéance, et dans des conditions atroces; nous y sommes déjà. La conséquence logique de l'individualisme c'est le meurtre, et le malheur. L'enthousiasme qui nous anime dans cette perte est remarquable; vraiment très curieux. Il est par exemple étonnant de voir avec quelle insouciance joyeuse on vient d'évacuer la psychanalyse - qui c'est vrai le méritait bien - pour la remplacer par une lecture réductionniste de l'humain à base d'hormones et de neuromédiateurs. La dissolution progressive au fil des siècles des structures sociales et familiales, la tendance croissante des individus à se percevoir comme des particules isolées, soumises à la loi des chocs, agrégats provisoires de particules plus petites... tout cela rend bien sûr inapplicable la moindre solution politique. Il est donc légitime de commencer par déblayer les sources d'optimisme creux. En revenant à une analyse plus philosophique des choses, on se rend compte que la situation est encore plus étrange qu'on le croyait. Nous avançons vers le désastre, guidés par une image fausse du monde; et personne ne le sait."

(Michel Houellebecq)

mercredi 19 décembre 2007

Basculement et amoindrissement

"C'est une sensation curieuse, de sentir sa vie qui bascule; il suffit de rester là, sans rien faire, d'éprouver la sensation de basculement."

"Je ne souffrais pas, mais je me sentais, effectivement, amoindri; je me sentais amoindri au-delà du possible. Il me demanda ce que j'avais l'intention de faire. Je répondis: "Attendre". Je me montrai raisonnablement optimiste; je lui déclarai que toute cette tristesse allait prendre fin, que j'allais retrouver mon bonheur, mais qu'il me fallait encore attendre. Il ne parut pas réellement convaincu."

(Michel Houellebecq, Plateforme)

dimanche 16 décembre 2007

Nous verrons bien

Il était une fois un pauvre fermier qui avait perdu son unique cheval. Alors que ses amis et ses voisins déploraient son malheur, il restait imperturbable. "Nous verrons bien", dit-il avec un sourire énigmatique.
Plusieurs jours plus tard, son cheval réapparut accompagné de cinq étalons sauvages qu'il avait rencontré en chemin. Ses voisins se réjouirent de sa bonne fortune mais il ne semblait pas très enthousiaste. "Nous verrons bien", répéta-t-il.
La semaine suivante, alors qu'il essayait de monter et d'apprivoiser l'un des étalons, son fils unique bien-aimé tomba et se cassa la jambe. Les voisins toujours aussi attentionnés en étaient chagrinés mais le fermier, qui réconforta et soigna pourtant son fils, ne s'inquiétait pas pour l'avenir. "Nous verrons bien", commenta-t-il.
À la fin du mois, le seigneur local de la guerre arriva dans le village du fermier pour enrôler tous les jeunes gens valides afin de combattre dans la dernière campagne. Quant au fils du fermier... je vous laisse terminer l'histoire.

vendredi 14 décembre 2007

Tragiques

"Notre existence dépourvue de passions était celle de vieillards; nous portions sur le monde un regard empreint d'une lucidité sans bienveillance. Le monde animal était connu, les sociétés humaines étaient connues; tout cela ne recelait aucun mystère, et rien ne pouvait en être attendu, hormis la répétition du carnage."

(Michel Houellebecq, La possibilité d'une île)

mercredi 12 décembre 2007

Quelqu'un a dit un jour

Travaille - comme si tu n'avais pas besoin d'argent,
Danse - comme si personne ne te regardait,
Chante - comme si personne ne t'écoutait,
Aime - comme si personne ne t'avait blessé
Vis - comme si, ici, c'était le Paradis sur terre.

mardi 4 décembre 2007

Trois âges

"Pendant la première partie de sa vie, on ne se rend compte de son bonheur qu'après l'avoir perdu. Puis vient un âge, un âge second, où l'on sait déjà, au moment où l'on commence à vivre un bonheur, que l'on va, au bout du compte, le perdre (...). Je compris également que je n'avais pas atteint l'âge tiers, celui de la vieillesse véritable, où l'anticipation de la perte du bonheur empêche même de la vivre."

(Michel Houellebecq, La Possibilité d'une île)

dimanche 2 décembre 2007

Sommes-nous capables de la relation ?

"Savons-nous accueillir l'autre, savons-nous accueillir l'etranger, savons-nous accueillir l'inconnu, sommes-nous capables du risque de l'autre, sommes-nous capables de la relation ?"

(Yvan Amar)

lundi 12 novembre 2007

Simplicité

"Notre vie se perd dans des détails… Simplifiez, simplifiez, simplifiez!"

(Henry David Thoreau)

dimanche 11 novembre 2007

Quel est le secret de la vie ?

"Être vivant, devenir vivant, entrer vivant dans la mort, c'est-à-dire apprécier la vie, vivre chaque instant le plus consciemment possible, oser la rencontre, assumer ses responsabilités, avancer avec confiance, cultiver la joie."

(Marie de Hennezel, Mourir les yeux ouverts)

mardi 30 octobre 2007

Une relation manquée

"On fréquente les gens pendant des années, parfois des dizaines d'années, en s'habituant peu à peu à éviter les questions personnelles et les sujets réellement importants; mais on garde l'espoir que plus tard, dans des circonstances plus favorables, on pourra justement aborder ces sujets, ces questions; la perspective indéfiniment repoussée d'un mode de relation plus humain et plus complet ne s'efface jamais tout à fait, simplement parce que c'est impossible, parce qu'aucune relation humaine ne s'accommode d'un cadre définitivement étroit et figé. La perspective demeure, donc, d'une relation "authentique et profonde"; elle demeure pendant des années, parfois des dizaines d'années, jusqu'à ce qu'un événement définitif et brutal (en général de l'ordre du décès) vienne vous apprendre qu'il est trop tard, que cette relation "authentique et profonde" dont on avait caressé l'image n'aurait pas lieu, elle non plus, pas davantage que les autres."

(Michel Houellebecq, Les particules élémentaires)

lundi 29 octobre 2007

Adieu Jacques

"Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche."

(Charles Baudelaire)

vendredi 26 octobre 2007

"C'était une chambre d'observation intensive, où sa grand-mère était seule. Le drap, d'une blancheur extrême, laissait à découvert ses bras et ses épaules; il lui fut difficile de détacher son regard de cette chair dénudée, ridée, blanchâtre, terriblement vieille. Ses bras perfusés étaient attachés au bord du lit par des sangles. Un tuyau cannelé pénétrait dans sa gorge. Des fils passaient sous le drap, reliés à des appareils enregistreurs. Ils lui avaient enlevé sa chemise de nuit; ils ne l'avaient pas laissée refaire son chignon, comme chaque matin depuis des années. Avec ses longs cheveux gris dénoués. Ce n'était plus tout à fait sa grand-mère; c'était une pauvre créature de chair, à la fois très jeune et très vieille, maintenant abandonnée entre les mains de la médecine. Michel lui prit la main; il n'y avait que sa main qu'il parvienne tout à fait à reconnaître. Il lui prenait souvent la main, il le faisait encore tout récemment, à dix-sept ans passés. Ses yeux ne s'ouvrirent pas; mais peut-être, malgré tout, est-ce qu'elle reconnaissait son contact. Il ne serrait pas très fort, il prenait simplement sa main dans la sienne, comme il le faisait auparavant; il espérait beaucoup qu'elle reconnaisse son contact."

(Michel Houellebecq, Les particules élémentaires)

mercredi 17 octobre 2007

Tant de temps perdu

"Ce n'est pas que nous disposions de très peu de temps, c'est plutôt que nous en perdons beaucoup."

(Sénèque)

dimanche 14 octobre 2007

Les étoiles de mer

"Un homme marche sur une plage couverte de millions d’étoiles de mer qui meurent au soleil. À chaque pas, il ramasse une étoile et la rejette à la mer. Un camarade qui le regarde lui fait remarquer : "Te rends-tu compte qu’il y a des millions d’étoiles de mer sur la plage ! Si louables soient-ils, tes efforts ne font aucune différence." Et l’homme, tout en jetant une étoile de plus à l’eau, de répondre : "Si, pour celle-ci, cela fait une différence !"

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

samedi 6 octobre 2007

Souffrance et malheur

"Tout comme nous avons distingué le bonheur du plaisir, il faut aussi faire la différence entre souffrance et malheur. On subit la souffrance mais on crée le malheur. Les souffrances sont déclenchées par une multiplicité de causes sur lesquelles nous avons parfois quelque pouvoir, souvent aucun. Naître avec un handicap, tomber malade, perdre un être cher, être pris dans une guerre ou victime d’une catastrophe naturelle, échappent à notre volonté. Tout autre est le malheur, c’est-à-dire la façon dont nous vivons ces souffrances. Le malheur peut certes être associé à des douleurs physiques et morales provoquées par des conditions extérieures, mais il n’est pas essentiellement lié à celles-ci. Dans la mesure où c’est l’esprit qui traduit la souffrance en malheur, il lui incombe d’en maîtriser la perception. L’esprit est malléable. Rien en lui n’impose une souffrance irrémédiable. Un changement, même minime, dans la manière de gérer nos pensées, de percevoir et d’interpréter le monde peut considérablement transformer notre existence."

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

vendredi 5 octobre 2007

Le bonheur inaltérable ?

"Mis à part les victimes d’expériences particulièrement traumatisantes comme la torture ou le viol, la majorité de ceux que frappent la cécité ou la paralysie retrouvent rapidement le degré de bonheur antérieur à leur changement d’état. Lors d’une étude portant sur cent vingt-huit tétraplégiques, la plupart ont reconnu qu’ils avaient tout d’abord songé à se suicider. Un an plus tard, seulement dix pour cent jugeaient leur vie misérable : la majorité l’estimait bonne. Les étudiants de l’université de l’Illinois aux États-Unis n’ayant rien vécu de tel se déclaraient heureux 50% du temps, malheureux 22% du temps et ni l’un ni l’autre 29% du temps. Il apparaît que les évaluations fournies par les étudiants handicapés sont identiques à 1% près."

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

mardi 2 octobre 2007

Ce qu'on peut faire de mieux

"On ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c’est encore d’être heureux."

(Alain)

samedi 29 septembre 2007

Plaisirs

« Les plaisirs ressemblent à des coquelicots,
À peine saisis, déjà détruits;
À des flocons de neige tombant sur une rivière,
Éclairs blancs à jamais évanouis. »

(Robert Burns)

mercredi 26 septembre 2007

Bonheur

« Vivant dans l’alternance de l’espoir et du doute, de l’excitation et de l’ennui, du désir et de la lassitude, il est facile de dilapider sa vie, bribe par bribe, sans même s’en apercevoir, courant en tous sens pour n’arriver nulle part. Le bonheur est un état de réalisation intérieure, non l’exaucement de désirs illimités tournés vers l’extérieur. »


« Le bonheur ne nous est pas donné, ni le malheur imposé. Nous sommes à chaque instant à une croisée de chemins et il nous appartient de choisir la direction à prendre. »

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

samedi 22 septembre 2007

Etty Hillesum

« Ainsi, celui qui connaît la paix intérieure n’est pas plus brisé par l’échec qu’il n’est brisé par le succès. Il sait vivre pleinement ces expériences dans le contexte d’une sérénité profonde et vaste, en comprenant qu’elles sont éphémères et qu’il n’a aucune raison de s’y attacher. Il ne saurait « tomber de haut » lorsque les choses tournent mal et qu’il doit faire face à l’adversité. Il ne sombre pas dans la dépression, car son bonheur repose sur des fondements solides. L’émouvante Etty Hillesum affirme, un an avant sa mort à Auschwitz : « Quand on a une vie intérieure, peu importe, sans doute, de quel côté des grilles du camp on se trouve […]. J’ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration. Tout m’est connu. Aucune information nouvelle ne m’angoisse plus. D’une façon ou d’une autre je sais déjà tout. Et pourtant, je trouve cette vie belle et riche de sens. À chaque instant. »

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

jeudi 20 septembre 2007

Quelle philosophie tu es

"Dis-moi comment tu traites le présent, et je te dirai quelle philosophie tu es".

(Charles Péguy)

mercredi 19 septembre 2007

"Six milliards d'êtres humains, six milliards de mondes"

"Soukha [bonheur] est étroitement lié à la compréhension de la manière dont fonctionne notre esprit et dépend de notre façon d'interpréter le monde, car, s'il est difficile de changer ce dernier, il est en revanche possible de transformer la manière de le percevoir.
Je me souviens d'un après-midi où j'étais assis sur les marches de notre monastère au Népal. Les orages de la mousson avaient transformé le terre-plein en une étendue d'eau boueuse et nous avions disposé des briques pour pouvoir la franchir. Une amie se présenta au bord de l'eau, regarda la scène d'un air dégoûté, et entreprit la traversée en rouspétant à chaque brique. Arrivée devant moi, elle leva les yeux au ciel en s'exclamant : "Pouah... Imagine que je sois tombée dans cet infâme bourbier! Tout est si sale dans ce pays!" La connaissant bien, j'acquiesçai prudemment, espérant lui offrir quelque réconfort par ma sympathie muette. Quelques instants plus tard, une autre amie, Raphaële, se présenta à l'entrée de la mare. Elle me fit un petit signe, puis entreprit de sautiller de brique en brique. "Hop, hop et hop..." Chantonnait-elle, et elle atterrit sur la terre ferme en s'exclamant : "Comme c'est amusant !", les yeux pétillant de joie, ajoutant : "Ce qu'il y a de bien avec la mousson, c'est qu'il n'y a pas de poussière." Deux personnes, deux visions des choses; six milliards d'êtres humains, six milliards de mondes."

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

mardi 18 septembre 2007

Une définition du bonheur

"J'entendrai ici par bonheur un état acquis de plénitude sous-jacent à chaque instant de l'existence et qui perdure à travers les inévitables aléas la jalonnant. Dans le bouddhisme, le terme soukha désigne un état de bien-être qui naît d'un esprit exceptionnellement sain et serein. C'est une qualité qui sous-tend et imprègne chaque expérience, chaque comportement, qui embrasse toutes les joies et toutes les peines. Un bonheur si profond que "rien ne saurait l'altérer, comme ces grandes eaux calmes, au-dessous des tempêtes". C'est aussi un état de sagesse, affranchie des poisons mentaux, et de connaissance, libre d'aveuglement sur la nature véritable des choses."

(Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur)

dimanche 2 septembre 2007

Proverbe marocain

"Lorsque votre hôte vous déroule son tapis, ayez la bienséance de vous déchausser."

dimanche 19 août 2007

Religion

"La religion, c'est ce sentiment de bonté, c'est cet amour qui est comme le fleuve, éternellement vivant, éternellement mouvant. Dans cet état, vous découvrirez qu'il vient un moment où cesse toute quête (...)."

(Krishnamurti, Le sens du bonheur)

dimanche 12 août 2007

Apprendre

"On n'apprend qu'en observant, en luttant, en étant heureux et en versant des larmes."

(Krishnamurti)

samedi 11 août 2007

Connaissance de soi

"Vous pouvez avoir tous les diplômes universitaires du monde, si vous ne vous connaissez pas, vous êtes quelqu'un de très stupide. Se connaître soi-même est la finalité même de l'éducation. Sans la connaissance de soi, la simple mémorisation des faits ou la prise de notes afin de réussir aux examens vous ramène à un mode d'existence très stupide. Vous avez beau être capable de citer le Bhagavad-gita, le Coran et la Bible, si vous ne vous connaissez pas, vous êtes comme un perroquet qui répète des mots. Alors que, dès l'instant où vous vous connaissez, même de façon minime, un extraordinaire processus de créativité est déjà en marche. C'est une vrai découverte que de se voir tel que l'on est : avide, querelleur, plein de colère, d'envie, de stupidité. Voir le fait sans chercher à le modifier, se voir exactement tel que l'on est, est une révélation stupéfiante. À partir de là on peut creuser de plus en plus profond, à l'infini, car la connaissance de soir est sans fin."

(Krishnamurti)

jeudi 9 août 2007

Solitude

"Il y a une immense différence entre le sentiment de solitude et la solitude en tant que fait. Certains des plus jeunes élèves ignorent peut-être encore le sentiment de solitude, mais les personnes plus âgées le connaissent, ce sentiment d'être complètement coupé de tout, ou d'avoir peur, soudain, sans cause apparente. L'esprit connaît cette peur lorsque, l'espace d'un instant, il se rend compte qu'il ne peut compter sur rien, qu'aucune distraction ne peut lui ôter cette sensation de vide qui vous enferme en vous-mêmes. C'est cela, le sentiment de solitude. Mais la solitude assumée est tout autre chose : c'est un état de liberté qui naît lorsqu'on a traversé le sentiment de solitude et qu'on le comprend. Dans cet état de solitude assumée, vous ne comptez plus sur personne au plan psychologique, vous n'êtes plus en quête de plaisir, de réconfort, de gratification. C'est seulement alors que l'esprit est complètement seul, et nul autre que cet esprit là n'est créatif."

(Krishnamurti, Le sens du bonheur)

vendredi 3 août 2007

Sonato ergo sum

To be is to do
Socrate

To do is to be
Sartre

Do be do be do
Sinatra

jeudi 2 août 2007

L'écoute

"Pourquoi êtes-vous là à m'écouter? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi au juste vous écoutez les gens? Et que signifie écouter quelqu'un? Vous êtes tous assis là face à quelqu'un qui parle. Écoutez-vous pour être confortés dans vos opinions, pour avoir confirmation de votre pensée, ou écoutez-vous dans le but de découvrir? Voyez-vous la différence? Écouter pour découvrir a un tout autre sens qu'écouter simplement pour avoir confirmation de ce que l'on pense déjà. Si vous êtes ici simplement en quête de confirmation, d'encouragement à suivre votre ligne de pensée, votre écoute n'a guère de valeur. Mais si vous écoutez pour aller à la découverte, alors votre esprit est libre, sans obligation, il est très vif, acéré, vivant, curieux, interrogatif, donc capable de découverte. Il est donc capital d'examiner pourquoi vous écoutez, et ce que vous écoutez, ne croyez-vous pas?"

(Krishnamurti)

mardi 31 juillet 2007

Aimer

"Savez-vous ce que signifie aimer quelqu'un? Savez-vous ce que signifie aimer un arbre, un oiseau, ou un animal de compagnie, de sorte que vous vous en occupez, vous le nourrissez, vous le chérissez, bien qu'il ne vous donne peut-être rien en échange, qu'il ne vous offre pas son ombre, qu'il ne vous suive pas, qu'il ne dépende pas de vous? La plupart d'entre nous n'aiment pas de cette manière, nous ignorons tout de cette forme d'amour car notre amour est toujours assailli d'angoisse, de jalousie, de peur, ce qui sous-entend que nous dépendons intérieurement d'autrui, que nous voulons être aimés, que nous ne nous contentons pas d'aimer tout simplement : nous demandons quelque chose en retour, et cette attente même nous rend dépendants."

"La liberté et l'amour vont donc de pair. L'amour n'est pas une réaction. Si je vous aime parce que vous m'aimez, ce n'est qu'une forme de troc, l'amour devient une marchandise, ce n'est plus de l'amour. Aimer, ce n'est pas demander quelque chose en retour, ce n'est pas même avoir le sentiment de donner quelque chose - et seul cet amour-là peut savoir ce qu'est la liberté."

(Krishnamurti, Le sens du bonheur)

lundi 30 juillet 2007

Étudiant éternel

"Savez-vous ce qu'apprendre signifie? Quand on apprend vraiment, on apprend tout au long de sa vie, sans être l'élève d'aucun Maître en particulier. Tout est prétexte à apprendre : une feuille morte, un oiseau en vol, une odeur, une larme, les pauvres et les riches, ceux qui pleurent, le sourire d'une femme, l'arrogance d'un homme. Tout sert de leçon; il n'est donc pas question de guide, de philosophe, de gourou ni de Maître. Le Maître, c'est la vie elle-même, et vous êtes en état d'apprentissage permanent."

(Krishnamurti, Le sens du bonheur)

dimanche 29 juillet 2007

Mais savez-vous ce qu'est l'intelligence ?

"C'est, assurément, la capacité de penser librement, sans crainte, sans a priori, de sorte que vous commenciez à découvrir par vos propres moyens ce qui est réel, ce qui est vrai; mais, si vous avez peur, jamais vous ne serez intelligent. Toute forme d'ambition, quelle qu'elle soit, spirituelle ou matérielle, engendre l'angoisse, la peur; l'ambition ne favorise donc pas l'émergence d'un esprit clair, simple, direct, et donc intelligent."

(Krishnamurti, Le sens du bonheur)

vendredi 27 juillet 2007

Compassion

"Lorsque l'intelligence s'éveille, la compassion imprègne l'être tout entier. Et cela ne signifie pas qu'il faille pour autant rejoindre quelque association religieuse. S'enraciner dans une foi, quelle qu'elle soit, et se consacrer à des oeuvres sociales, ne conduit pas la compassion.
A vrai dire, la compassion ne jaillit pas par le truchement de la pensée. Elle n'établit aucune distinction entre vous et autrui. En elle, il n'est plus ni peur ni souffrance. Et la dualité ne saurait trouver place ici. Emplis de cette compassion, comment pourrions-nous nous tourmenter quant à la vie et à la mort? Ce sont l'enxiété et l'insatisfaction qui font naître ces problèmes. Mais si vous viviez pleinement, quel besoin auriez-vous de les ruminer sans fin? La peur s'insinue toujours au sein d'exprits occupés à remâcher le passé ou angoissés par leur devenir. Mais si la peur inhérente au "moi" et au "mien" disparaît, s'évanouit sur-le-champ la dualité du désirable et de l'indésirable. Et en ce point, quelle différence pourrait encore subsister entre la vie et la mort? Vivre dans la compassion, c'est vivre dans la liberté."

(Jiddu Krishnamurti, Ultimes paroles)

jeudi 26 juillet 2007

"L'homme n'aime pas le changement"

"Qu'a-t-on enseigné à l'homme, sinon à suivre les plus grands d'entre nous ? Et ceci non seulement dans le domaine spirituel, mais dans chaque sphère d'activité. Qu'il s'agisse de politique, d'art ou de science, cela a toujours été la règle. L'un voudra imiter Picasso, l'autre Beethoven. L'homme a été conditionné à mettre ses pas dans les traces des autres. Et dans ce conformisme, qui répond à son désir profond, il se trouve en sécurité. Nous ne voulons pas penser par nous-mêmes, car on nous a appris ce qu'il faut penser - et non comment penser. La société, notre éducation, notre religion nous ont encourager à imiter, à obéir - bref, à nous conformer. Depuis des milliers d'années, vous me poussez à imiter autrui. Et mon cerveau résiste à toutes vos sollicitations. Que puis-je faire d'autre ?
Voyez-vous, l'homme n'aime pas le changement."

"Briser le carcan des habitudes n'est pas chose facile. L'homme se soumet à un modèle, tombe dans une sorte de léthargie et évite soigneusement tout ce qui peut le remettre en question. Au fond, les gens cultivent l'amertume et le cynisme. D'un point de vue psychologique, rares sont ceux qui veulent la liberté. Certes, chacun aime être libre d'agir à sa guise - mais qu'en est-il de la liberté intérieure ? Celle-ci demande un long et patient travail d'exploration de soi."

(Jiddu Krishnamurti, Ultimes paroles)

mardi 24 juillet 2007

C'est pourquoi il est important de comprendre le sens de la mort...

"... et peut-être de découvrir que la mort a une grande signification, une grande relation avec l'amour. Car lorsque vous mettez fin à quelque chose, il y a l'amour. Quand vous mettez fin complètement à l'attachement, alors l'amour existe."

(Jiddu Krishnamurti, La nature de la pensée)

dimanche 22 juillet 2007

"Regardez la personne sans nommer,

sans le temps et le souvenir, et aussi regardez-vous - regardez l'image que vous avez de vous-même et celle que vous avez des autres, regardez comme si c'était la première fois - comme si vous regardiez une rose pour la première fois. Apprenez à regarder, apprenez à observer cette qualité qui survient sans tout le processus de la pensée. Ne dites pas que c'est impossible. Si vous allez voir un professeur sans connaître le sujet qu'il enseigne, mais en voulant qu'il vous l'enseigne (je ne suis pas votre professeur), vous y allez pour écouter. Vous ne dites pas : "je sais déjà quelque chose" ou "vous avez tort" ou "vous avez raison" ou "je n'aime pas votre attitude". Vous écoutez et vous découvrez. À mesure que vous écoutez avec sensibilité, avec attention, vous découvrez s'il s'agit d'un charlatan brassant beaucoup de mots, ou d'un professeur qui a vraiment exploré son sujet à fond. Maintenant, pouvons-nous ensemble écouter et observer de cette façon, sans les mots, sans le souvenir, sans tout le mouvement de la pensée ? Ce qui signifie une attention totale, une attention qui ne provienne pas d'un centre, mais une attention qui n'a pas de centre. Si vous êtes attentifs à partir d'un centre, ce n'est qu'une forme de concentration. Mais si vous êtes attentifs et qu'il n'y a pas de centre, cela signifie que votre attention est totale. Dans cette attention, le temps n'existe pas."

(Jiddu Krishnamurti, La nature de la pensée)

samedi 21 juillet 2007

"Oublier le passé...

... signifie abandonner certaines attitudes intérieures. Je ne puis éternellement rester accroché à certaines personnes, ni à mes parents ni à mes condisciples ni à mes amis. Je ne puis rester accroché à certains lieux, comme à ma patrie, à des lieux qui me sont devenus familiers. Sans cesse, il me faut renoncer à des habitudes et à ce qui m'est familier, pour pouvoir vivre dans le présent et m'ouvrir à la nouveauté."

(Anselm Grün, Apprendre à faire silence)

mardi 17 juillet 2007

"Vivre jusqu'à la fin"

"Participer aux menues décisions quotidiennes; escompter un moment agréable, une jouissance physique, une petite occupation gratifiante, une ambiance de chaleur humaine et d'amitié; cultiver une forme indirecte d'optimisme ayant pour objet notre entourage, notre société ou l'humanité entière, à défaut de soi-même; dire la vérité et affirmer ouvertement ce qu'on pense, au risque du désaccord ou de la mésentente; écouter de la musique que l'on aime; faire quelques cadeaux à nos proches; le cas échéant, réparer ce qui peut encore l'être, pardonner, se réconcilier avec autrui; traiter la maladie et l'agonie comme des épreuves à surmonter ou des défis à relever du mieux que l'on peut, avec dignité et bonne humeur; donner de l'affection et en recevoir - c'est encore profiter de l'existence, en jouir, l'apprécier.

C'est vivre jusqu'à la fin, le moins mal possible : goûter la joie de l'instant présent, connaître le simple plaisir d'être, communier avec l'énigme de l'univers, se percevoir comme partie prenante du grand tout qui nous porte et nous emporte, adhérer à la magie du réel et la célébrer silencieusement, sourire un bref instant à la lumière du jour ou au regard d'autrui, ressentir un peu de tendresse, serrer doucement une main amie."

(Laurent-Michel Vacher, Une petite fin du monde : Carnet devant la mort)

lundi 16 juillet 2007

"La maladie...

... exempte de douleur serait peut-être l'état physique de loin le plus désirable, celui qui nous ferait sentir le maximum de l'existence, une plénitude plus grande, par l'accompagnement doucement inspirant de la mort, alors qu'un être en bonne santé ne peut se défendre du sentiment que la vie ne lui en donne pas assez."

(Botho Strauss)

Vraiment ???

dimanche 8 juillet 2007

Philosophie

"Une philosophie est un style avant d'être un système. Un ensemble de gestes et d'attitudes avant d'être une collection de textes et de concepts."

(Bernard-Henri Lévy)

samedi 7 juillet 2007

"Imagine...

... que chaque jour est le dernier qui luit pour toi ; tu vivras avec reconnaissance l'heure que tu n'espérais plus."

(Horace)

mardi 26 juin 2007

"Devant une toile immense...

... dont il ne verrait pas les bords, tout peintre aussi génial fût-il baisserait les bras. C'est la restriction de la toile, sa limitation même qui exaltent ses pinceaux."

"La vraie aventure de vie, le défi clair et haut n'est pas de fuir l'engagement mais de l'oser. Libre n'est pas celui qui refuse de s'engager. Libre est sans doute celui qui ayant regardé en face la nature de l'amour, ses abîmes, ses passages à vide et ses jubilations - sans illusions, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l'odyssée, à n'en refuser ni les naufrages ni le sacre, prêt à perdre plus qu'il ne croyait posséder et prêt à gagner pour finir ce qui n'est coté à aucune bourse, la promesse tenue, l'engagement honoré dans la traversée sans feintes d'une vie d'homme."

(Christiane Singer, Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies)

lundi 25 juin 2007

Avant de mourir...

... avoir vu une libellule s'extraire de sa chrysalide.

vendredi 22 juin 2007

La cendre

"Certains meurent avant même
d’avoir passé la porte
du couloir qui comporte
cette pression étrange
certains meurent avant même
de savoir juste un peu
la saveur de ce jeu
de n’être plus un ange
certains meurent dans des ventres

Certains meurent juste après
encore mouillés de ça
quand on les pose là
au froid de la ruelle
certains meurent juste après
sur le corps essoufflé
dans les bras déchirés
de leur maman si belle
certains meurent dès qu’ils entrent

Certains meurent tout gamins
d’être des riens du tout
des gens nés sans le sou
sur qui on tire à vue
certains meurent tout gamins
fauchés par le brouillard
d’un chauffard d’un soûlard
qui passait dans la rue
certains meurent encore tendres

Certains meurent en plein feu
de leur jeunesse ouverte
un képi sur la tête
pour un vieux président
certains meurent en plein feu
de leur adolescence
pris d’un coup de démence
ils se pendent au plafond
certains crèvent d’apprendre

Certains meurent pour que dalle
d’une piqûre de bête
d’une pierre sur la tête
le hasard les reprend
certains meurent pour que dalle
d’être allé s’éclater
aux vitres des cités
en gueulant « dieu est grand !»
certains meurent sans comprendre

Certains meurent et reviennent
tout éblouis de là
d’avoir goûté la joie
mais de l’autre côté
certains meurent et reviennent
en riant aux
éclats
à cette peur qu’on a
de voir tout s’effacer
certains meurent sans qu’ils tremblent

Certains meurent de tristesse
tout imbibés d’alcool
suivant le protocole
qu’on leur a inventé
certains meurent de tristesse
sans se donner le temps
d’arrêter un instant
leur vie conditionnée
certains se croient de cendres

Et les larmes me viennent
quand je te perds encore
moi qui serrait ton corps
que je croyais tenir
oh les larmes me viennent
mais je laisse le marbre
et je cours dans les arbres
et je te crois venir
souriante, descendre

Vu qu’on meurt tous les jours
qu’on meurt à chaque instant quand on crache le vent
qu’on a dans nos poitrines
vu qu’on meurt tous les jours
qu’on meurt et qu’on revit
autant laisser la vie
être, autant qu’on s’incline
je veux t’aimer la cendre

Certains meurent et reviennent
tout éblouis de là
d’avoir goûté la joie
mais de l’autre côté
certains meurent et reviennent
en riant aux éclats
à cette peur qu’on a
de voir tout s’effacer
certains meurent sans qu’ils tremblent

Et je t’aime la cendre"

(K)

jeudi 21 juin 2007

La Voie

"Tu connaîtras la justesse de ton chemin à ce qu'il t'aura rendu heureux."

(Aristote)

mardi 19 juin 2007

Naissances

"Je n'en finis pas de commencer ma vie ! Quand je pense qu'il y en a qui n'attendent pas d'avoir vingt ans pour commencer leur mort."

(Maurice Béjart)

lundi 18 juin 2007

"Ne jamais oublier...

"...d'aimer exagérement : c'est la seule bonne mesure."

(Christiane Singer, Derniers fragments d'un long voyage)

dimanche 17 juin 2007

Pour la fête des pères

"Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître
Penser, sans n'être qu'un penseur.

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant.

- Tu seras un homme, mon fils."

(Rudyard Kipling)


"Il y a deux types d'hommes : les fils éternels et les pères."

(Arthur Miller)

vendredi 15 juin 2007

Il n'y a que l'Amour

"Je vous le jure. Quand il n'y a plus rien, il n'y a que l'Amour. Il n'y a plus que l'Amour. Tous les barrages craquent. C'est la noyade, l'immersion. L'amour n'est pas un sentiment. C'est la substance même de la création. (...) Nous n'avons pas même à être reliés: nous sommes à l'intérieur les uns des autres. C'est cela, le mystère. C'est cela le plus grand vertige."

"Ainsi ne s'agit-il que de vivre ce qui nous rencontre."

(Christiane Singer, décédée d'un cancer)

jeudi 14 juin 2007

Un "ascétisme épicurien"

"Depuis ma petite enfance, d'instinct, je penche vers l'opinion opposée : ne pas souffrir; c'est là, me semble-t-il, la grande, l'importante affaire. Les gens qui veulent vivre comme ils disent, c'est-à-dire rire aux éclats et crier de mal ensuite, pleurer, chanter, s'agiter, me paraissent de misérables possédés, de pitoyables déments. "Tout près du renoncement est la béatitude", dit le Bhagavad-Gita et ceci ne doit pas être entendu au sens chrétien du terme renonciation, mais comme le rejet de ce dont on a soi-même reconnu l'insignifiance, ou pis, la nocivité foncière.
Cela doit bien t'ennuyer, peut-être même t'agacer, mon grand cher, ces dissertations philosophiques d'un moumi pratiquant ce que je qualifierai "un ascétisme épicurien".

(Alexandra David-Néel)

mercredi 13 juin 2007

Les principes

"On n'a jamais rien fait grandir avec des principes. On ne fait pas pousser une fleur avec des idées sur la botanique mais avec de l'eau, de la lumière et de la patience, beaucoup de patience, au jour le jour. On transmet à un enfant ce qu'on est - jamais ce qu'on croit qu'il faut être. On est élevé par des gens qui ont été enfants : c'est donc leur enfance à eux qui nous élève."

(Christian Bobin, La merveille et l'obscur)

"Elle vous parle d'elle...

...c'est-à-dire de ceux qu'elle aime. Nous sommes faits de cela, nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d'autre. Si retranchée soit notre vie, perdue sur les hauteurs brûlées de vent, elle n'est jamais si proche que dans une poignée de visages aimées, que dans cette pensée qui va vers eux, dans ce souffle d'eux à nous, de nous à eux."

(Christian Bobin, comme d'habitude, un extrait découvert au hasard dans L'inespérée).

mardi 5 juin 2007

J'ai rêvé

"Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être
n'y a-t-il ni Terre ni homme.
Peut-être qu'un dieu me trompe.
Peut-être qu'un dieu m'a condamné au temps,
cette longue illusion.
Je rêve de lune et je rêve mes yeux
qui la perçoivent.
J'ai rêvé le soir et le matin du premier jour.
J'ai rêvé Carthage et les légions
qui dévastèrent Carthage.
J'ai rêvé Lucain.
J'ai rêvé la colline du Golgotha
et les croix de Rome.
J'ai rêvé la géométrie.
J'ai rêvé le point, la ligne, le plan
et le volume.
J'ai rêvé le jaune, le rouge et le bleu.
J'ai rêvé les mappemondes et les royaumes
et le deuil à l'aube.
J'ai rêvé la douleur inconcevable.
J'ai rêvé le doute et la certitude.
J'ai rêvé la journée d'hier.
Mais peut-être n'ai-je pas eu d'hier,
peut-être ne suis-je pas né.
Je rêve, qui sait, d'avoir rêvé.

(Jorge Luis Borges)

dimanche 3 juin 2007

Avant de mourir...

... voir la fleuraison d'un baobab.

vendredi 1 juin 2007

Je sais

"Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes
Et j'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir."

(Arthur Rimbaud, Extrait du Le bateau ivre)

dimanche 27 mai 2007

Êtes-vous prêts ?

"C'est ainsi que vivent la plupart d'entre nous, suivant un plan établi d'avance. Nous consacrons notre jeunesse à faire des études. Puis nous trouvons un travail, rencontrons quelqu'un, nous marions et avons des enfants. Nous achetons une maison, nous nous efforçons de réussir professionnellement, rêvons d'une résidence secondaire ou d'une seconde voiture. Nous partons en vacances avec des amis. Nous faisons des projets pour notre retraite. Pour certains d'entre nous, le plus grand dilemme auquel nous ayons jamais à faire face est de décider du lieu de nos prochaines vacances ou de choisir qui inviter pour Noël. Notre existence est monotone, mesquine et répétitive, gaspillée à poursuivre des objectifs insignifiants car nous semblons, en fait, ne rien connaître de mieux.
Le rythme de notre vie est si trépidant que la dernière chose à laquelle nous ayons le temps de penser est la mort. Nous étouffons notre peur secrète de l'impermanence en nous entourant d'un nombre sans cesse croissant de biens, d'objets, de commodités, pour en devenir, en fin de compte, les esclaves. Tout notre temps et toute notre énergie s'épuisent à les maintenir. Notre seul but dans l'existence devient bientôt de nous entourer du maximum de sécurité et de garanties. Lorsque des changements surviennent, nous y remédions par une solution facile et temporaire, un expédient. Et notre vie s'écoule ainsi, à moins qu'une maladie grave ou une catastrophe ne vienne nous secouer de notre torpeur."

(Sogyal Rinpoché, Le livre tibétain de la vie et de la mort)

lundi 26 mars 2007

Allez tracer votre X, allez porter votre croix

"La campagne est terminée. Rien ne va plus. Le 27 mars, ce sera comme s'il ne s'était rien passé.
Les rêves n'ont plus leur parti dans la politique. Aujourd'hui, on applique des règles de mise en marché à nos produits aux allures démocratiques. L'avenir de notre monde se joue sur les tables mêmes où sévissent les lois du commerce. Les pancartes des candidats ressemblent à celles des vendeurs de maison. On courtise l'immobilisme. On cherche le dominateur commun. Et tous les génies fusent de leurs lampes astiquées avec les trois mêmes voeux à offrir. Santé, éducation et prospérité. Comment ne pas les aimer tous ?

(...) Je continue de croire en des demains. J'aspire d'air et rêve d'eau pure. Je rêve de voir briller le soleil dans le système scolaire. Je rêve d'une espérance de vie qui sera plus qu'une moyenne chiffrée. Pour qu'on règle le problème électile et le manque d'enfants. À arrêter de se réduire l'avenir à trop court. À se redonner le lousse pour pousser l'espoir un peu plus loin, et reprendre envie à léguer. À rêver ensemble, surtout. La démocratie.
Mettons nos souliers. Attachés serrés. Entrez dans la danse et choisissez qui vous voudrez. Swinguez fort. Faites-y voir que vous z'êtes pas morts.
Aujourd'hui, j'irai tracer mon X. La variable qu'il nous reste pour esquisser la prochaine équation collective. Notre X. Notre portion de décision. J'irai porter ma croix. (...)"

(Fred Pellerin, Extrait de "Le problème électile", Le Devoir, Édition du lundi 26 mars 2007, http://www.ledevoir.com/2007/03/26/136797.html)

dimanche 18 mars 2007

Carpe Diem

"La vie ne devrait pas être un voyage vers la tombe, avec l'intention d'y arriver en bonne santé et avec un corps attirant et bien soigné, mais bien plutôt de nous en approcher avec du chocolat dans une main, du vin dans l'autre, le corps en ruines, totalement démoli et criant... Seigneur !!! Qu'est ce qu'on l'a bien passée !!!"

(Merci D.!)

vendredi 16 mars 2007

Lumière dans le noir

"Il y a une lumière à l'intérieur de chacun d'entre nous. Faites la briller."

(Zachary Richard)

dimanche 11 mars 2007

Musique maestro !

"Il fait sombre ? Il faut t'habituer.
Et apprendre à aimer ça.
La scène est éblouissante. En jouant, tu ne vois pas le public.
La lumière est dans ton coeur.
Au paradis aussi, il fait nuit. Seuls les anges sont lumineux.
Tu es un de ces anges parce que tu possèdes la musique."

(Together)

dimanche 25 février 2007

"L'avenir n'est plus ce qu'il était."

(Paul Valéry)

jeudi 15 février 2007

Cases mentales

"Nous commençons à classifier dès que nous percevons des différences, des régularités et des irrégularités, en somme, dès que nous établissons des rapports."

(Alan W. Watts, Le bouddhisme zen)

mardi 13 février 2007

Dans notre silence

"Il suffit de nous observer une bonne fois, quand nous ne sommes pas occupés et que notre attention n'est pas retenue par le travail, la lecture ou toute autre activité. À quoi pensons-nous ? Quelles sont les pensées qui surgissent en nous, quand nous nous promenons ou quand nous attendons chez le dentiste ou à la gare ? Qu'est-ce qui nous passe par la tête avant de nous endormir ? Ces pensées qui nous viennent spontanément à l'esprit nous dévoilent notre état intérieur. Les moines avaient recours à ces pensées pour examiner si l'un des huit vices les concernait : goinfrerie, luxure, cupidité, tristesse, colère, acédie, vanité ou fierté. Nous pouvons en faire l'expérience : nous constaterons, quand nous faisons silence, le nombre de fois où nous pensons à manger, ou le nombre de fois où nous désirons posséder quelque chose, où nous rêvons à des choses qui nous semblent désirables, une voiture, un disque ou un pull-over. Des désirs sexuels peuvent aussi nous habiter. Ou nous nous laissons aller à des pensées de colère ou de tristesse. De nos jours, il est de bon ton de se dire frustré et de se laisser absorber par des sentiments de frustration, au point que tout un chacun peut les lire sur notre visage. Les anciens moines diraient que celui-là est déjà possédé par le vice de la tristesse. Ou bien que parfois nous nous emportons intérieurement contre autrui. Dans notre silence, nous inventons de brillants discours, destinés à montrer aux autres que nous sommes dans notre droit et que nous leur sommes supérieurs. Ensuite, dans notre silence, nous savourons notre colère et nous l'entretenons par une argumentation et des invectives que nous poursuivons en nous-mêmes. D'autres se lamentent sur leur sort, en se disant en ces moments de calme intérieur, que rien n'a de sens et que tout est insensé, bref qu'il est inutile de s'engager. Tel serait le vice de l'acedia. Il y a des personnes qui dans leur silence se représentent la prochaine séance qui aura lieu sur la scène du théâtre de leur vie. Ils la répètent pour les spectateurs, devant qui ils désirent jouer leur rôle, pour être applaudis. Dans leur silence, ils imaginent des réparties qu'on pourrait admirer, afin d'attirer l'attention sur eux. Ou bien ils s'admirent eux-mêmes. Ils ne cessent de se dire combien ils sont importants et comme le monde devrait se réjouir qu'ils existent avec leurs qualités, leurs aptitudes et leurs talents. Leurs pensées gravitent uniquement autour d'eux-mêmes, de leur importance et de leur originalité. On a beau se taire extérieurement mais à l'intérieur de nous-mêmes, on ne cesse de parler. En nous, parlent les pulsions inassouvies, les aspirations insatisfaites ; en nous parlent les émotions et les impressions, en nous parlent la vanité et la vantardise. Le silence extérieur ne veut rien dire de notre capacité à faire silence à l'intérieur de nous-mêmes. Or c'est ce silence intérieur que les moines recherchent finalement."

(Anselm Grün, Apprendre à faire silence)

samedi 3 février 2007

"Dans toutes les religions on pratique la méditation sur sa propre mort. Benoît demande, dans sa Règle, d'avoir chaque jour la mort devant les yeux. "Nous devons mourir intérieurement, pour donner place en nous à la vraie vie." Si nous pensons que dans trois jours nous serons dans la tombe, n'est-ce pas fou ce qu'il faudrait y laisser ? Tout ce qui est mort en nous : le poids de tout ce que est sans valeur, la propriété qui nous encombre, les idées auxquelles nous sommes attachés, les rôles que nous jouons, les masques que nous portons, bref tout ce qui disparaîtra. Alors nous pourrions sortir du tombeau comme des hommes nouveaux. Les critères d'authenticité de la vie s'y ajusteraient. Le fait de nous voir dans la tombe n'est donc pas ce qui devrait diminuer ou réduire notre vitalité. Au contraire, cela peut nous aider à déployer en nous la vraie vie."

(Anselm Grün, Apprendre à faire silence)

jeudi 1 février 2007

Pensée du jour

"Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester, comprendre."

(Spinoza, Traité politique)

mercredi 31 janvier 2007

Souffrance

"Toute souffrance surmontée est l'occasion d'une croissance d'être, d'un progrès dans la conscience."

(L'Abbé Pierre)

mercredi 3 janvier 2007

"Durer perdurer persister"

"N'avoir d'âge que dans le coeur
D'âme que dans l'ailleurs
D'yeux que pour l'errance
De ventre que pour la peur
D'appartenance que dans la durée
De feuillage que dans l'espoir
De matins dans le regard
Durer perdurer persister
Envers et contre tous
Désarmer le silence
À grand trait de non-dit
Habiter la patience
Désarouter l'alibi
Naître gueux
Être de ceux
Qui n'ont rien demandé
Se marcher sur le coeur
Jusqu'aux battements premiers
Métronomes ébréchés
Cantate dérisoire
Pour voler à la nuit
Un semblant dérisoire
De frissons défraîchis."

(Sylvain Rivière, L'Âme dépeuplée)