mardi 17 juillet 2007

"Vivre jusqu'à la fin"

"Participer aux menues décisions quotidiennes; escompter un moment agréable, une jouissance physique, une petite occupation gratifiante, une ambiance de chaleur humaine et d'amitié; cultiver une forme indirecte d'optimisme ayant pour objet notre entourage, notre société ou l'humanité entière, à défaut de soi-même; dire la vérité et affirmer ouvertement ce qu'on pense, au risque du désaccord ou de la mésentente; écouter de la musique que l'on aime; faire quelques cadeaux à nos proches; le cas échéant, réparer ce qui peut encore l'être, pardonner, se réconcilier avec autrui; traiter la maladie et l'agonie comme des épreuves à surmonter ou des défis à relever du mieux que l'on peut, avec dignité et bonne humeur; donner de l'affection et en recevoir - c'est encore profiter de l'existence, en jouir, l'apprécier.

C'est vivre jusqu'à la fin, le moins mal possible : goûter la joie de l'instant présent, connaître le simple plaisir d'être, communier avec l'énigme de l'univers, se percevoir comme partie prenante du grand tout qui nous porte et nous emporte, adhérer à la magie du réel et la célébrer silencieusement, sourire un bref instant à la lumière du jour ou au regard d'autrui, ressentir un peu de tendresse, serrer doucement une main amie."

(Laurent-Michel Vacher, Une petite fin du monde : Carnet devant la mort)