lundi 29 décembre 2008

"Ta tâche n'est pas de chercher l'amour, mais simplement de chercher et trouver tous les obstacles que tu as construits contre l'amour."

(Mawlana Jalal-ud-Din Rumî)

(Merci B.!)

samedi 27 décembre 2008

"Le voyageur moderne a droit à bien peu d'intimité. Les inconnus qui fouillent vos bagages peuvent savoir d'un seul coup d'oeil l'état de votre système digestif, la méthode contraceptive que vous préférez, si vous avez un dentier qui exige un fixatif, si vous avez des problèmes d'hémorroïdes, de fatigue oculaire, de ballonnements, de lèvres sèches, de rhumes allergiques ou de tensions prémenstruelles."

(David Lodge, Un tout petit monde)

dimanche 21 décembre 2008

Rencontre avec le renard

"C'est alors qu'apparut le renard.
-Bonjour, dit le renard.
-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
-Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
-Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
-Je suis un renard, dit le renard.
-Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
-Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
-Ah ! pardon, dit le petit prince.
Mais, après réflexion, il ajouta:
-Qu'est ce que signifie « apprivoiser » ?
-Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu!
-Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ?
-Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
-Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons.
Et je n' ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses.
-Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué:
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
-Non.
-Ça, c'est intéressant! Et des poules ?
-Non.
-Rien n'est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée:
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:
-S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de
temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.
Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
-Que faut-il faire ? dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après- midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens
n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur. Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un « rite » ? dit le petit prince.
-C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:
-Ah ! dit le renard... je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal,
mais tu as voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n'y gagnes rien !
-j'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta:
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu' elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard:
-Adieu, dit-il...
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit
bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... dit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié, cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
-Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir."

(Antoine de Saint-Exupéry, Le petit prince)

samedi 20 décembre 2008

La cause de la souffrance

"C'est la perception qui est la cause de la souffrance : nous souffrons de l'interprétation, de l'évaluation des choses, jamais des choses elles-mêmes. Toute souffrance morale est notre incapacité d'expérimenter les choses comme elles sont, comme elles viennent à nous.`"

(Christiane Singer, Derniers fragments d'un long voyage)

vendredi 19 décembre 2008

Ne plus résister

"Les parois cèdent
Tous les barrages cèdent
L'amour envahit tout."

(Christiane Singer, Derniers fragments d'un long voyage)

jeudi 18 décembre 2008

"L'homme libre...

... ne pense à aucune chose moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie."

(Spinoza)

vendredi 12 décembre 2008

Le lièvre et la tortue

Marie-Anne, Andrea, Antoine, Isabel, Maria-José, Manon, Ian et tous les autres... Au plaisir de vous revoir dans 3 ans ou même avant !

Retenons-donc cette fable de La Fontaine :

"Rien ne sert de courir ; il faut partir à point :
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
« Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. — Sitôt ? Etes-vous sage ?
Repartit l'animal léger :
Ma commère, il faut vous purger
Avec quatre grains d'ellébore.
— Sage ou non, je parie encore. »
Ainsi fut fait ; et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire.
J'entends de ceux qu'il fait lorsque, prêt d'être atteint,
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir et pour écouter
D'où vient le vent, il laissa la Tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s'évertue,
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire.
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
« Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?"

(JEAN DE LA FONTAINE)

mercredi 10 décembre 2008

A Toulouse, la vie est rose


"Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes

O mon païs, ô Toulouse, ô Toulouse

Je reprends l'avenue vers l'école
Mon cartable est bourré de coups de poing
Ici, si tu cognes, tu gagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne

O mon païs, ô Toulouse

Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillone jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu'on se traite
Il y a de l'orage dans l'air et pourtant

L'église St-Sernin illumine le soir
D'une fleur de corail que le soleil arrose
Une fleur de corail que le soleil arrose
C'est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C'est peut-être pour ça qu'on te dit Ville Rose

Je revois ton pavé, ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est-ce l'Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz ?

Voici le Capitole, j'y arrête mes pas
Les tenors enrhumés tremblaient sous leurs ventouses
J'entends encore l'écho de la voix de papa
C'était en ce temps-là mon seul chanteur de blues

Aujourd'hui, tes buildings grimpent haut
A Blagnac, tes avions sont plus beaux
Si l'un me ramène sur cette ville
Pourrai-je encore y revoir ma pincée de tuiles

O mon païs, ô Toulouse, ô Toulouse"

(Claude Nougaro, Toulouse)

mardi 9 décembre 2008

Pèlerins modernes

"Le congrès de l'ère moderne ressemble au pèlerinage des chrétiens du Moyen Âge dans la mesure où il permet à ses participants de se livrer à tous les plaisirs et à tous les divertissements inhérents au voyage sans qu'ils aient à se départir de cet air austère qui sied à toute recherche pour mieux se connaître. Reste bien sûr que certains exercices pénitentiels doivent être accomplis : faire une communication, peut-être, et naturellement écouter celle des autres. Mais, grâce à cet alibi, vous visitez des lieux nouveaux et intéressants, vous rencontrez des gens nouveaux et intéressants, et créez avec eux des relations nouvelles et intéressantes; vous échangez ragots et confidences (car vos histoires éculées sont neuves pour eux, et vice versa); vous mangez, buvez et vous divertissez en leur compagnie chaque soir; et pourtant, quant tout est fini et que vous rentrez chez vous, votre sérieux intellectuel ne s'en trouve qu'accru. Les congressistes d'aujourd'hui ont un avantage supplémentaire sur les pèlerins d'autrefois : leurs frais sont généralement payés, ou en tout cas couverts en partie grâce à des subventions versées par l'institution à laquelle ils appartiennent, qu'il s'agisse d'un département ministériel, d'une firme commerciale, ou, plus communément peut-être, d'une université."

(David Lodge, Un tout petit monde)

vendredi 5 décembre 2008

Mouvement

"Aucun lien ne demeure immobile, pas même celui que nous nouons avec les morts."

(Christian Bobin, La dame blanche)

mercredi 3 décembre 2008

Overdose de démocratie

"Comme vous avez pu le constater, 2008 a été l’année de la démocratie. Nous combattons en Afghanistan pour y imposer notre démocratie, nous critiquons la Chine pour son manque de démocratie et nous envions subitement les États-Unis, où l’élection d’Obama a donné un nouveau souffle à la démocratie… Pendant ce temps, ici, chaque élection est accueillie comme 6 pieds de neige sur le toit d’un gymnase au mois de mars. Du rêve américain au cauchemar canadien, on fait une overdose de démocratie."

(Les Zapartistes)

vendredi 28 novembre 2008

Neige

"Il neige en moi.
Il bourrasque.
À nouveau la contrée gèle en moi.
Mais le sang la sève le grand cri
poussent en moi le souffle,
le germe sous la glace,
l'absurde incantation de vivre."

(Yves Préfontaine, Les mots tremblent)

mercredi 26 novembre 2008

La possibilité d'une libération

"Nul socle nulle épaule.
Nulle paume où poser la sienne."

"Naufrage n'est que passage.
Désordre et chaos ne sont que passages
avant la parole d'un paysage foudroyant
pour l'homme enfin libre de lui-même."

(Yves Préfontaine, Les mots tremblent)

mardi 25 novembre 2008

Quelques crève-coeurs

Diagnostic fatal

Impuissance lancinante

Devoir choisir pour toi ta dernière robe

La robe portée au mariage de ton fils

Te savoir seule la nuit dans cette inhospitalière chambre d'hôpital

Désir de cogner, de frapper, de lutter, de refuser ta mortalité, ma déesse-mère

Ma nièce venant vers moi en pleurs et tenant dans ses mains le dessin mal caché qu'elle t'avait offert à l'hôpital... L'horrible perspicacité d'une enfant de quatre ans

Ton fauteuil vide...roulant à vide

Ton odeur et ton rire... à jamais disparus

Ton odeur qui s'efface de tes vêtements et l'écho numérique de ton rire dans ma caméra

Ma dernière caresse dans tes cheveux, mon dernier baiser amoureux sur ton front glacé

Le dernier dessin que ta petite-fille a délicatement posé sur ton corps qu'on lui a dit endormi, avant que cette affreuse boîte ne t'encloisonne

Ta mère en pleurs

L'égarement de ton inconsolable époux, mon père

Le profond désespoir de ta première, refugiée furtivement dans mes bras

Le courage de ton dernier, émotivement campé à mes côtés

La belle feuille d'automne que ta petite-fille m'a spontanément donnée durant la cérémonie religieuse

Ma sereine et profonde colère qui continue de gronder

Cette nausée qui ne semble plus me quitter

Ta fin, le commencement de ma fin ?

Voir ton ombre à travers moi tous les jours dans le miroir

Ne pas savoir où tu es

Ta dernière leçon : "Ne pleures pas", la plus difficle à apprendre

Mes dernières et sincères paroles

Tes clins d'oeil et sourires d'encouragement alors que tu ne pouvais déjà plus parler

Cette envie de vomir, cette envie de mourir

Ce dernier maquillage, ce dernier massage, ce dernier bon repas et ce dernier verre de vin souhaités par toi qui te savait condamnée

Oui, on savait bien que ton pays, c'était la vie

Penser que tu aies attendu que je parte pour partir à ton tour

Maintenant

Vide, tout semble vide

Une immense vie vide

Où es-tu ? Es-tu bien maintenant ? Es-tu rien maintenant?

Hors de moi d'être hors de toi... pour une deuxième et dernière fois

Deuxième et irréversible rupture

Que veux-tu que cela me fasse de savoir que la peine s'efface un jour, en cet instant péniblement présent

Ne pas se résoudre aux adieux

Mais se résoudre à demeurer partiellement brisée, partiellement morte

Orpheline

Se questionner

À qui maintenant le tour... le macabre tour de manège ?

dimanche 23 novembre 2008

Bonjour Solitude

"Ce fut l'expérience la plus importance de ma vie: toucher les mains de ma mère morte, poser à mon tour les doigts sur son visage, sentir par cela que commençait une solitude dont je ne sortirais plus."

"Je découvrais que la douleur n'est pas comme le puits bizarre où commencent nos pleurs: nul feu ne la tarit jamais, et sa forge ne se fatigue pas de brûler. Une plaie cuisante fait le fond de l'homme, et le corps, on dirait, apprend à marcher malgré cela. Mais tout homme boitille."

(Jean-François Beauchemin, Ceci est mon corps)

samedi 22 novembre 2008

Notre Mère qui êtes aux cieux

"Souvent l'amour est un pauvre habitat
l'étroit placard de soi où ébaucher la valse du monde
un langage absurde, une petitesse à deux
mais avec nous il était merveilleux
tu créais son déroulement"

(Hélène Monette, Thérèse pour joie et orchestre)

Notre Mère qui êtes aux cieux

"Souvent l'amour est un pauvre habitat
l'étroit placard de soi où ébaucher la valse du monde
un langage absurde, une petitesse à deux
mais avec nous il était merveilleux
tu créais son déroulement

mercredi 19 novembre 2008

Et vous, quelle est votre "part manquante" ?

"Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour."

(Christian Bobin, La part manquante)

samedi 15 novembre 2008

Éteindre le tonnerre qui gronde

"Arrête de porter
Tout l'poids du destin
Sur ton dos
J's'rai encore là demain
Même s'il fait pas plus beau

Éteins le tonnerre
Qui gronde en toi ma belle Sophie
Tsé qu'on est que du monde
Et qu'le monde est petit
Tout petit
Pour tout savoir
Pour tout comprendre
Beaucoup de choses plus grandes
Plus grandes que nous

Mais p't'-être bien que des fois
Y'a tout simplement rien
Rien à comprendre
Pourquoi si tôt elle est partie
Laissant un chagrin trop gros
Dans tes yeux
Rien à faire du bon Dieu
Quand on trouve pas les mots
Pour expliquer

Mais arrête de pleurer
Ma belle Sophie
Dis-toi qu'il y a un ciel
Caché dans ton nuage
Et que même la peine
Que tu traînes comme un bagage
N'est pas immortelle..."


(Les Cowboys Fringants, "Ma belle Sophie", La grande messe)

dimanche 9 novembre 2008

Le temps qui reste

(Serge Reggiani)

mercredi 5 novembre 2008

Trois mots gravés en or

I

La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
- Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...


II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure...
Ils tressaillent souvent à la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain métallique et son globe de verre...
- Puis, la chambre est glacée...on voit traîner à terre,
Épars autour des lits, des vêtements de deuil :
L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil
Souffle dans le logis son haleine morose !
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose...
- Il n'est donc point de mère à ces petits enfants,
De mère au frais sourire, aux regards triomphants ?
Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée,
D'exciter une flamme à la cendre arrachée,
D'amonceler sur eux la laine de l'édredon
Avant de les quitter en leur criant : pardon.
Elle n'a point prévu la froideur matinale,
Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ?...
- Le rêve maternel, c'est le tiède tapis,
C'est le nid cotonneux où les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches.
- Et là, - c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur,
Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glacé la bise amère...


III

Votre coeur l'a compris : - ces enfants sont sans mère,
Plus de mère au logis ! - et le père est bien loin !...
- Une vieille servante, alors, en a pris soin.
Les petits sont tout seuls en la maison glacée ;
Orphelins de quatre ans, voilà qu'en leur pensée
S'éveille, par degrés, un souvenir riant...
C'est comme un chapelet qu'on égrène en priant :
- Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux,
Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher...
On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaieté permise !


IV

Ah ! c'était si charmant, ces mots dits tant de fois !
- Mais comme il est changé, le logis d'autrefois :
Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,
Toute la vieille chambre était illuminée ;
Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,
Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer...
- L'armoire était sans clefs !... sans clefs, la grande armoire !
On regardait souvent sa porte brune et noire...
Sans clefs !... c'était étrange !... on rêvait bien des fois
Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,
Et l'on croyait ouïr, au fond de la serrure
Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure...
- La chambre des parents est bien vide, aujourd'hui :
Aucun reflet vermeil sous la porte n'a lui ;
Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises :
Partant, point de baisers, point de douces surprises !
Oh ! que le jour de l'an sera triste pour eux !
- Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus,
Silencieusement tombe une larme amère,
Ils murmurent : "Quand donc reviendra notre mère ?"
.......................................................................


V

Maintenant, les petits sommeillent tristement :
Vous diriez, à les voir, qu'ils pleurent en dormant,
Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible !
Les tout petits enfants ont le coeur si sensible !
- Mais l'ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,
Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
Souriante, semblait murmurer quelque chose...
- Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,
Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d'eux se pose...
Ils se croient endormis dans un paradis rose...
Au foyer plein d'éclairs chante gaiement le feu...
Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;
La nature s'éveille et de rayons s'enivre...
La terre, demie-nue, heureuse de revivre,
A des frissons de joie aux baisers du soleil...
Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil :
Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
La bise sous le seuil a fini par se taire...
On dirait qu'une fée a passé dans cela !...
- Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris... Là,
Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose...
Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;
Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
Ayant trois mots gravés en or : "A NOTRE MERE !"


(Arthur Rimbaud, 2 janvier 1870)

mardi 4 novembre 2008

On a demandé au Dalaï-Lama

"Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans l'humanité ?"

Il a répondu :

"Les hommes... Parce qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent, ensuite ils perdent de l'argent pour retrouver la santé.
Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent de telle sorte qu'ils finissent par non vivre ni le présent ni le futur.
Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir...Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu."

mardi 28 octobre 2008

Des chiffres et des lettres

1 x 2 = 2, 2 x 2 = 4, 3 x 2 = 6, 4 x 2 = 8, 5 x 2 = 10...
Qu'est-ce qui vient après 5 ?
Compter pour ne pas pleurer

A...B...C...D...E...F...G...H...I...J...
VI ? Vincent ?
Réciter pour communiquer

A la fois si simple et si dur...

mardi 21 octobre 2008

Si

Si seulement il était permis à nos rêves de devenir réalité...

Dans un de mes rêves, il suffirait de ne plus prononcer ni penser les termes haïs pour que les concepts associés disparaissent.

Il suffirait de ne plus prononcer ni penser le mot "guerre", pour que se taisent l'horrible crachat des fusils, mais aussi nos superficielles frustrations et nos misérables rancoeurs bien malheureusement accumulées.

Il suffirait de ne plus prononcer ni penser le mot "famine" pour que tous les petits de l'Homme soient, sans exception, à jamais rassasiés, désaltérés, éduqués et aimés.

Il suffirait de ne plus prononcer ni penser le mot "catastrophe naturelle" pour que s'apaisent pour toujours la bouleversante colère et les grondements immodérés de Mère-Nature en conséquence de nos immodérations.

Enfin,
il suffirait de ne plus prononcer ni penser le mot "tétraplégique" pour que soient indéfiniement conservées Ta joie et Ta dignité à l'automne de Ta vie, la plus belle et colorée des saisons.


Si et si seulement
On pouvait comme cet arbre partiellement déraciné demeurer malgré tout miraculeusement et merveilleusement vivants
tout en s'accrochant désespéremment
à cet érodé petit bout de terre qui demeure encore atteignable
avant l'inévitable
effondrement

"Un sain" homme ou un "Insane" ?

"Écrire un roman, c'est comme une pulsion. Ce n'est pas un passe-temps, ça frôle l'obsession. Pour être écrivain, il ne faut pas être trop sain d'esprit."


(Vincent Grégoire, propos recueillis par Lisa-Marie Gervais, "Une vie comme un roman", Forum, Semaine du 13 octobre 2008, p.3)

dimanche 19 octobre 2008

Bas les masques


"Vous n'avez pas besoin de quitter la chambre. Restez assis à votre table et écoutez. N'écoutez même pas, attendez, simplement. N'attendez même pas, restez bien tranquille et solitaire. Le monde s'offrira librement à vous sans masque. Il n'y a pas d'autre choix."

(Franz Kafka)

vendredi 3 octobre 2008

"La raison en effet n'est pas tout. Peut-être la seule vraie pensée est-elle poétique. Qui sait si nous ne commettons pas une grave erreur en condamnant cette poésie, en la banissant si rapidement de nos existences ?"

(Jean-François Beauchemin, Ceci est mon corps)

lundi 29 septembre 2008

Témoignage d'un art-triste

"Il n'est pas demandé à tout le monde d'être un artiste, mais aux artistes il est demandé de ne pas être comme tout le monde. (...) Ce qu'il nous faut faire entendre aujourd'hui, c'est notre différence. Notre différence dans notre manière de vouloir à tout pris être préoccupés par la beauté tout au long du jour. Il nous faut faire entendre notre poésie, notre sens de l'élégance; car nous sommes doués pour l'élégance et c'est pour cela que nous sommes détestés, nous sommes doués pour la poésie et c'est pour cela que nous sommes moqués, nous sommes doués pour la parole et c'est pour cela que nous sommes haïs. (...)


Soyons plus grands que ceux qui gagneront, en prouvant à notre tour qu'il existe une façon de gagner qui consiste à perdre. Manifestons non pas contre des coupures mais manifestons notre existence; manifestons-la, faisons-la entendre, sage et sauvage, en étant totalement nous-mêmes dans nous oeuvres, dans notre manière de contester, en ne parlant pas seulement de coupures mais en réfléchissant sur ce que cela signifie. Faisons voir l'insupportable, c'est-à-dire faisons voir une manière différente de vivre, en disant simplement qui nous sommes et ce que nous faisons. Pour ma part, je m'appelle Wajdi Mouawad, je suis auteur et metteur en scène et je suis un artiste."

(Wajdi Mouawad, "Faire entendre notre voix", Le Devoir, vendredi 26 septembre 2008, p.A8).

samedi 13 septembre 2008

De multiples modèles d'humanité

"J'ai foulé chacune des pierres jonchant le sol de ce pays. J'ai ressenti à intervalles réguliers le besoin de m'en éloigner, peut-être afin de me rapprocher de moi-même. Je ne sais pas si je suis parvenu à cette intimité avec un être qu'on dirait fugitif et qui me fuit sans cesse. Mes voyages ne m'ont jamais révélé l'exacte profondeur de cette sorte de puits auquel je me compare volontiers. Mais j'ai aimé quitter les créatures et les objets familiers, m'écarter un moment de leur contact facile pour m'exposer à d'autres usages et à d'autres bruits, à d'autres modèles d'humanité.


Rien ne fut plus propice, sinon à une connaissance meilleure de moi-même, du moins à un essor plus grand des intuitions, des impressions et des sentiments qui me réglaient. Cela me pousse parfois à vivre déraisonnablement. Mais rien n'est si logique dans l'homme, et ce sont peut-être ses aveuglements qui, à la longue, le font un peu clairvoyant."



(Jean-François Beauchemin, Ceci est mon corps)

mardi 9 septembre 2008

Devenir écrivain

"Il me semble souvent que j'aurais pu exercer avec un certain bonheur beaucoup de métiers. Mais je me suis aperçu que je n'étais vraiment intéressé que par une seule chose : l'âme humaine, ce lieu étrange où se mêlent les meilleurs de nos passions et les pires de nos idées. J'ai toujours aimé ce beau désordre qui fait l'homme. J'ai refusé de le condamner. Au contraire, quand j'ai vu que les mots pouvaient l'embellir encore, je suis devenu écrivain."

(Jean-François Beauchemin)

dimanche 7 septembre 2008

Épitaphe

"Je fus ce que tu es, tu seras ce que je suis."

(Anonyme)

mercredi 3 septembre 2008

Adieu Michelle

"Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement:

- Ah! tu es là...

Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore:

- Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai...

Moi je me taisais.

- Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.

Moi je me taisais.

- Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'est pas triste les vieilles écorces...

Moi je me taisais.

Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort:

- Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire...

Moi je me taisais.

- Ce sera tellement amusant ! Tu auras cinq cents millions de grelots, j'aurai cinq cents millions de fontaines...

Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...

- C'est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.

Et il s'assit parce qu'il avait peur.

Il dit encore:

- Tu sais... ma fleur... j'en suis responsable ! Et elle est tellement faible ! Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde...

Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit:

- Voilà... C'est tout...

Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger.

Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable."

(Antoine de St-Exupéry, Le Petit Prince)




"Ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'est pas triste les vieilles écorces..."

mercredi 27 août 2008

7 ans : le temps d'une thèse...le temps d'une vie

Lorsque la vie s'arrête
Qu'est-ce qui commence?

Lorsque vous vous dites : "À quoi bon?"
Quoi de bon dans cela ?

Et puis
avez-vous pensé un instant
un seul
instant
disparaître ?
Tout simplement
Comme cette petite fille de sept ans, happée par un camion
Absurdement
Sa mère effondrée
Un monde qui disparaît.

http://veloptimum.net/velonouvelles/8/ART/8aout/P27p.html

lundi 25 août 2008

Rhapsodie en blues


(Merci Krik pour la pose et pause musicales !)

Laisses-moi te dire un secret...

Laisses-moi te faire écouter les étoiles, les levers de soleil, et la pluie sur les feuilles des arbres,
Laisses-moi te faire sentir la lune pleine, la vaste étendue de mer et le rire des enfants.
Laisses-moi te peindre ma vie, ma ville, mes amis,
Laisses-moi te faire toucher tous mes rêves, et puis quelques uns de mes pires cauchemards.
Laisses-moi te confirmer combien je te ressemble,
En partie
Mon sourire qui est ton sourire
Ma joie qui est ta joie
Mes peines qui sont tes peines
Mon coeur et mes pensées
Toute à toi.
Laisses-moi t'étreindre dans mes bras,
Qui sont un peu les tiens
Encore une fois
Laisses-moi t'aider à te lever, à te laver, à t'habiller, à t'égayer,
A te coiffer, à te gratter même
Comme tu l'as fait pour moi
Autrefois.
Et surtout laisses-moi t'aider à boire et à manger,
À te faire rire, pleurer, étonner, réchauffer, rafraîchir, pâlir, rougir, sourire.
Et puis laisses-moi t'aider à respirer
A vivre
Encore
Toujours
Et malgré tout
Malgré cela,
Malgré la SLA.
Laisses-moi encore dormir à tes côtés
Laisses-moi encore écouter ta voix au téléphone
Une minute encore
Encore une minute
Une minute de plus
Chaque jour, une précieuse minute toujours plus haletante.
Laisses-moi enfin brûler ce fauteuil
Et puis ce lit et cette maison
Rendus médicalisés
Cette ventilation,
Artificielle.
Laisses-moi dire à tous ces gens bien intentionnés de partir
Loin de toi, loin de moi
Restons seules
Toi et moi
Afin que tu puisses
Tout simplement
Me laisser t'aimer.

Maman,

Ne me laisses pas.

La galère

"Je pense à toi
Qui penses à lui
Qui pense à elle
Qui pense à moi"

(Paroles : Pascal Lejeune, Le commun des bordels)

vendredi 22 août 2008

Société du savoir

"Celui qui apprend quelque chose de moi enrichit son savoir sans réduire le mien, tout comme celui qui allume sa chandelle à la mienne se donne de la lumière sans me plonger dans l'obscurité."

(Thomas Jefferson)

mercredi 20 août 2008

Tu enfanteras dans la douleur

Toute cette souffrance a réveillée quelque chose en moi : la conscience d'un monde au-delà de ce monde, la vision d'une réalité plus poétique, la découverte d'un ressenti probablement unique des êtres et des objets qui nous entourent. Je souhaiterais que cet éveil au merveilleux, aux émotions, à l'absurde soit constant mais craint de devoir parallèlement continuer à souffrir pour cela. Allons-y donc pour la souffrance et l'éclosion d'une vie plus artistique.

mardi 19 août 2008

Tout est vain...

...sauf la bonté...et l'art.

lundi 18 août 2008

Douce... mais lointaine France

"L'exil m'a permis de faire fondre les frontières et le sens de l'appartenance. Après 10 ans, je reviens ici et, même si beaucoup de choses me sont familières, j'ai une distance."

(Pascale Quiviger)

dimanche 17 août 2008

Georgie/Russie

"Tu haïras ton prochain comme toi-même."

(Pascal Bruckner, 1983)

samedi 16 août 2008

Tel un phénix...

...Passages à niveaux renaît de ses cendres.

Ne faisant absolument preuve d'aucune résistance face à la pression amicalo-sociale et malgré le côté narcissique de la chose, Passages à niveaux (version Remix) est de retour. Passages à niveaux (version Remix) est une fusion blogale de Passages à niveaux I et A la Une de Troyes, deux blogues récemment supprimés de la blogsphère. Comme je ne vis plus à Troyes mais que je continue de faire des lectures et à avoir des humeurs, Passages à niveaux reprend vie avec cependant quelques ajouts; le présent blogue présentera non seulement les extraits de lecture qui m'ont le plus marquée, enchantée ou choquée mais aussi quelques passages et autres poussières d'écriture plus personnelles.

À la revoyure!

mardi 1 juillet 2008

Merci !

Assia
Aurélien
Chaker
Chao
Charles
Christelle
Christophe
Dieyi
Eddie
Gérald
Goritsa
Hassan
Jean-Pierre
Julien
L'Hédi
Manuel
Mathieu
Michel
Myriam
Nadia
Olivier
Pascal
Samuel
Stéphanie
Thierry
Thomas (les deux)
Valérie

Il est désormais temps de dire de nouveau :


"La séparure est moins dure quand la revoyure est sûre"


N'est-ce pas ?

lundi 30 juin 2008

Troyes, deux, un...

Dernier jogging aux aurores sur les pavés de la cité endormie
Dernier lever de soleil
Dernière trajectoire en vélo jusqu'au campus
Derniers cafés
Dernière réunion
Derniers sourires et rires échangés
Dernière coupe de champagne
Dernières embrassades
Dernier coucher de soleil
Dernier restaurant
Dernière nuit à Troyes
Dernier réveil à 3h30 a.m.
Dernier train Troyes-Paris

Premières mesures des dernières fois...

samedi 28 juin 2008

Le vent nous portera

"Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien

Le vent l'emportera

Ton message à la grande ourse
Et la trajectoire de la course
A l'instantané de velours
Même s'il ne sert à rien

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

La caresse et la mitraille
Cette plaie qui nous tiraille
Le palais des autres jours
D'hier et demain

Le vent les portera

Génétique en bandoulière
Des chromosomes dans l'atmosphère
Des taxis pour les galaxies
Et mon tapis volant lui

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

Ce parfum de nos années mortes
Ceux qui peuvent frapper à ta porte
Infinité de destin
On en pose un, qu'est-ce qu'on en retient?

Le vent l'emportera

Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi

Le vent les portera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera"

Noir Désir
Le vent nous portera

(Paroles: B.Cantat. Musique: Noir Désir)

vendredi 27 juin 2008

Albert Cossery (1913-2008) : penser, rêver, observer

"Il avait su inventer avec bonheur un moyen de vivre au prix du moindre effort: en écrivant le moins possible, sept romans exactement, et de petit format, plus un recueil de nouvelles, dont il revendait les droits à des éditeurs différents et, en dernier lieu, à Joëlle Losfeld, son amie et éditrice la plus fidèle. Par amour de la phrase ciselée, il écrivait au rythme d'une phrase par semaine. De quoi gagner juste assez pour vivre sans rien posséder, loger dans sa petite chambre de La Louisiane et ne penser à rien d'autre qu'à satisfaire son plaisir immédiat. Lequel ne tenait finalement qu'à une chose très simple: la lente et délicieuse contemplation du monde. (...)
Mais dans chacun de ces huit livres, l'écrivain n'a jamais quitté le décor de cet Orient proche qui avait forgé sa sagesse. Il y donne la parole aux sages d'entre tous que sont les marginaux de la rue orientale, vagabonds démunis et visionnaires, vendeurs de haschich ou culs-de-jatte, mendiants, exclus, fainéants et débrouillards. Parmi les sept romans, un chef d'oeuvre : "Mendiants et orgueilleux". Mais chacun est un joyaux d'humour excentrique, un regard désintéressé sur la vie. Où la paresse est une philosophie, le dénuement un art de vivre, la nonchalance une manière de respirer. Une arme contre l'ivresse de la propriété et autres frénésies inutiles. (...)
Une fois publié son dernier roman, "Les couleurs de l'infamie" (1999), il avait décidé de ne plus jamais écrire une ligne. Il a tenu promesse. Il avait déjà perdu la parole, une opération du larynx ayant fait totalement disparaître sa voix cassée de vieille vamp. Cela lui était tout à fait égal. Albert Cossery n'éprouvait nullement le besoin de converser. Contempler lui suffisait. S'il avait vraiment quelque chose à dire, il sortait un bout de papier et écrivait une question, ou une réponse, d'un air vaguement agacé.
Les dix dernières années de sa vie, donc, Albert Cossery n'écrivait plus, ne parlait plus. Il ne faisait que penser, rêver, observer, faire la sieste et déambuler dans les rues de Saint-Germain-des-Près, de sa démarche désarticulée, souvent au bras d'une jeune amie blonde. Être vivant le réjouissait, son propre silence le comblait, il était heureux. (...)"

(Marion Van Rentergheim, "Albert Cossery: il avait fait du dénuement et de la paresse une philosophie et le sujet de ses romans", Le Monde, Mercredi 25 juin 2008, p.22)

vendredi 20 juin 2008

Célébration de l'instant aérien

"Est lourd ce qui fixe, immobilise et sédentarise. Ce qui demande des comptes, exige droit de regard, soumet à la pression d'un vouloir tiers. Ce qui donne aux pulsions de mort un pouvoir exorbitant dans l'intersubjectivité. Ce qui s'immisce, s'insinue entre les deux et installe en force interstitielle un ferment de décomposition, une puissance abrasive et corrosive. Ce qui plombe les ailes d'Éros et entend jeter au sol le capital aérien et premier de toute histoire amoureuse. Ce qui fait surgir des demandes d'explication, des propositions de justification, des invites de promesses, des fantasmagories régressives et infantiles dans le moment même du présent pur. Ce qui laisse les pleins pouvoir à la haine de soir. Ce qui hypothèque l'avenir et veut la clôture. Ce qui veut l'éternité quand doit triompher l'instant. Ce qui s'installe."

(Michel Onfray)

vendredi 13 juin 2008

Écrivains authentiques

"Pourquoi écrit-on? Quelle furie pousse habituellement à se passionner pour la confection d'un livre? Quelle étrange force condamne l'auteur à ajouter des volumes aux volumes dans le dessein de faire une oeuvre? Furie, force? Certes, car il me semble que les écrivains authentiques trempent leur plume dans le sang, qu'ils écrivent avec leur lymphe et que leur chair mélangée à leur âme est l'athanor dans lequel se confectionnent les visions du monde, les sensibilités et les mots pour les dire. Pas de livres sans ce prix: des blessures, une sensibilité d'écorché, une hyperesthésie, des comptes à régler avec les fantômes de l'enfance."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)

jeudi 12 juin 2008

"La philosophie est art de vivre, ou elle ne mérite pas une heure de peine."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)

mercredi 11 juin 2008

Journal d'un(e) hédoniste

"Ce qui donne du goût à la vie est dans ce livre: l'amitié et la lecture, la musique et les beaux-arts, la littérature et les voyages, la conversation et la gastronomie, l'écriture et le corps, la poésie et la philosophie, l'enfance et le silence, l'admiration et la colère, les livres et les chats, la mémoire et la mort."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)

mardi 27 mai 2008

Individualité rebelle

"Je ne crois qu'à ce qui est rare : les grands esprits, les grands caractères, les grands hommes. Qu'importe le reste ! Le plus grand éloge qu'on puisse faire d'un diamant, c'est de l'appeler un solitaire."

(Barbey)

samedi 17 mai 2008

Jeu brûlant

"Tes lettres au compte-gouttes.
Ma boulimie de mots.
Et toi qui ne dis toujours rien.
Sauf quelques phrases passagères.
Ton silence qui sonne faux.
Mon je qui hurle.
Ton jeu qui brûle."

(Adriana Lebbos, Philosofille)

vendredi 16 mai 2008

La condition inhumaine

"Si tu es en société, évite de dire que tu es content. Sois-le si tu veux mais clandestinement. Tache d'effacer la touche de couleur dans tes yeux marrons, ton sourire rose souriant bête et béat offense la condition inhumaine qui baigne dans une morose grisaille ambiante. Tu souris... tu oses sourire?...alors non vraiment, un faux-pas pareil, ça ne se fait pas. Si tu n'affiches pas un rictus effrayant autour de tes lèvres, on pourrait t'arrêter pour excès de superficialité, abus de prétention, positivié, nonchalance, égoïsme, égotisme, égocentrisme... de lourdes charges pèseraient alors contre toi. Avec ta bonne humeur tu deviens dangereux pour la tranquilité de la communauté. Les normes sociales (asociales) pour y être admis, simple! Rouspéter, faire la gueule, prétendre que rien ne va, "je suis stressée", déprimer (ou faire semblant). Politically correct, ça!"

(Adriana Lebbos, Philosofille)

mercredi 14 mai 2008

Philoblague

"Ce sont mes principes; si tu ne les aimes pas, j'en ai d'autres."

(Groucho Marx)

dimanche 11 mai 2008

Éloge de la lenteur

"La vitesse empêche d'être soi."

(Frédéric Beigbeder)

Promesses

"Je crois trop aux promesses. Quoique les promesses dans ce monde me semblent franchement compromises."

(Adriana Lebbos, Philosofille)

mardi 6 mai 2008

Les maux dits

"Croire qu'on raconte, se dire qu'on explique. Toucher, foudroyer, bouleverser, les mots s'entremêlent, en quête d'émotion... on regarde entre les lignes, scrute les ponctuations, interprète les silences, analyse les soupirs... qui a osé dire qu'ils n'étaient qu'accessoires, les mots? Qu'une image vaut mieux que mille mots? Ils manipulent, ils aimantent, ils mentent. Ce n'est pas au hasard qu'on les lie et ce n'est pas par hasard qu'ils donnent des frissons dans le dos et cette boule de chaleur au creux du ventre. Les mots font mal, et puis cajolent et puis consolent. Les mots cachent, les mots masquent. Créent des distances. Dressent un paravent. Figent dans l'espace temps. Evanescence en plein effervescence. Résistance. Maudit mot dit."

(Adriana Lebbos, Philosofille)

lundi 5 mai 2008

Porter plainte

"Je vous prie de m'excuser, les écrivains sont des gens plaintifs, j'espère ne pas trop vous ennuyer avec ma douleur. Écrire, c'est porter plainte."

(Frédéric Beigbeder)

dimanche 4 mai 2008

Je suis seul(e) donc je pense

"Être seul est devenu une maladie honteuse. Pourquoi tout le monde fuit-il la solitude? Parce qu'elle oblige à penser. De nos jours, Descartes n'écrirait plus: "Je pense donc je suis." Il dirait: "Je suis seul donc je pense." Personne ne veut la solitude, car elle laisse trop de temps pour réfléchir. Or plus on pense, plus on est intelligent, donc plus on est triste."

(Frédéric Beigbeder)

jeudi 1 mai 2008

Mon pays c'est la vie

"Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, parti, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes-en pour demain...

J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ?"

(Serge Reggiani, Paroles : Jean-Lou Dabadie)

mardi 29 avril 2008

Rester vivant

"Un poète mort n'écrit plus. D'où l'importance de rester vivant."

(Michel Houellebecq, Rester vivant)

mercredi 23 avril 2008

Les limites de la philosophie

"J'ai étudié consciencieusement la maladie d'un point de vue philosophique. Il me semble que ce que j'en ai lu ne m'a rien appris. Ne m'a rien permis de comprendre. Ne m'a prévenue de rien. En matière de souffrance, la philosophie est d'un piètre secours. Au fur et à mesure, son discours posé et abstrait m'est devenu intolérable. Sonnait comme une hypocrisie de plus. Une autre voix s'est substituée à la parole docile."

(Claire Marin, Hors de moi)

mardi 22 avril 2008

La Chanson de Charles Quint

"Mille regretz de vous habandonner,
Et deslonger vostre fache amoureuse,
J'ay si grand deuil et paine douloureuse
Qu'on me verra brief mes jours definer."

(Anonyme, cité dans Erik Orsenna, La chanson de Charles Quint)

vendredi 18 avril 2008

Théorie du voyage

"Soi, voilà la grande affaire du voyage. Soi, et rien d'autre. Ou si peu. Des prétextes, des occasions, des justifications en quantité, certes, mais, en fait, on se met en route mû seulement par le désir de partir à sa propre rencontre dans le dessein, très hypothétique, de se retrouver, sinon de se trouver. Le tour de la planète ne suffit pas toujours pour obtenir ce face à face. Une existence non plus, parfois. Combien de détours, et pour quels lieux, avant de se savoir en présence de ce qui soulève un peu le voile de l'être? Les trajets de voyageurs coïncident toujours, en secret, avec des quêtes initiatiques qui mettent en jeu l'identité. Là encore le voyageur et le touriste se distinguent radicalement, s'opposent définitivement. L'un quête sans cesse et trouve parfois, l'autre ne cherche rien, et, par conséquent, n'obtient rien non plus."

(Michel Onfray, Théorie du voyage)

mercredi 16 avril 2008

Existence

"Il faut se souvenir que la non-visibilité, la non-palpabilité et la non-sensibilité d'une chose ne sont pas des preuves de sa non-existence."

(Amadou Hampâté Bâ)

mardi 15 avril 2008

Trajet socratique

"Voyager mène inoxerablement vers sa subjectivité. Morcelée, fragmentée, éparpillée ou compacte, en bloc, on finit toujours par se trouver face à soi-même, comme devant un miroir qui vous invite à faire le bilan de notre trajet socratique : qu'ai-je appris de moi? Que puis-je savoir de plus sûr qu'avant mon départ?"

(Michel Onfray, Théorie du voyage)

dimanche 13 avril 2008

Voyager

"Voyager met en demeure de fonctionner à plein sensuellement. Émotion, affection, enthousiasme, étonnement, interrogation, surprise, joie et stupéfaction, tout se mélange dans l’exercice du beau et du sublime, du dépaysement et de la différence."

(Michel Onfray, Théorie du voyage)

vendredi 11 avril 2008

Géographie sentimentale

« Il existe toujours une géographie qui correspond à un tempérament. Reste à la trouver. »

(Michel Onfray, Théorie du voyage)

jeudi 10 avril 2008

Hiver

"Pourquoi, si souvent, est-ce à la fin de l'hiver qu'il fait le plus froid ?"

(Erik Orsenna, La chanson de Charles Quint)

mercredi 9 avril 2008

Quel être êtes-vous ?

"Il y a des êtres d'imparfait, les plus mous dans le goût de vivre: la nostalgie n'est pas bonne pour l'appétit.
Il y a des êtres du passé simple: ils rompent, à tout bout de champ, on ne sait pas pour qui ni pour quoi, peut être pour le seul plaisir d'entendre le couteau trancher.
Il y a des êtres capables de présent: ce sont les plus faciles à vivre puisqu'ils sont dans leur vie. Ils ont cette politesse qu'on pourrait croire banale et naturelle, alors que c'est une rareté : la politesse d'être là."

(Erik Orsenna, La chanson de Charles Quint)

mardi 8 avril 2008

Exil

"Continuer sans, continuer quoi, continuer qui, mais plus avec...plus là. Et le corps parti, séparé, amputé du coeur et de l'esprit ne devient que support, tremplin et puis rien...Sublimé par tant de légèreté. Et pourtant quelle lourdeur dans l'exil!"

(Tania Hadjithomas Mehanna)

dimanche 6 avril 2008

Gynocide

"Il entend des cris de joie dans les maisons berbères saluant la naissance d'un garçon et des lamentations si c'est une fille. Il a traversé des villages dans les campagnes de Chine où les mères se pendent si elles enfantent une fille. Il a vu en Inde, où il manque cinquante millions de femmes, le visage des victimes qu'on a tenté de brûler. Il a lu dans le Coran - ce bégaiement paniqué de berger hagard - le mépris ruisselant de stupidité dans lequel est tenue la femme. Il sait qu'en Europe, autour de lui, sous ses yeux, la situation n'est pas plus heureuse. Dans les champs tropicaux qu'il a traversés, il n'a souvent vu que la silhouette des femmes affairées aux moissons pendant que les hommes s'adonnaient à cette occupation qui tient en haleine, chaque jour des milliards d'entre eux: suivre l'ombre d'un arbre au fur et à mesure que le soleil se déplace dans le ciel. Dans des pays de sable et de soleil se déplace dans le ciel. Dans des pays de sable et de soleil, il a partagé des dîners à la table du maître de maison pendant que la mère de famille se nourrissait par terre de ce qu'on lui laissait. Il a rencontré des familles composées de petits garçons gras comme des poussahs entourés de fillettes aux côtes saillantes. (...) Et c'est ainsi que, malgré lui, il a perdu son humanisme. Il ne comprend pas pourquoi l'humanité se rend coupable d'un gynocide permanent (dont les victimes n'ont même pas, elles, le baume du devoir de mémoire) et ne voit pas pourquoi il lui faudrait aimer ou respecter cette humanité-là."

(Sylvain Tesson, Petit traité sur l'immensité du monde)

samedi 5 avril 2008

Photos

"Si j'étais psychanalyste, je dirais que je prends en photo des choses qui ne meurent pas. Des choses précieuses..."

"Ces photos sont comme des poèmes visuels. Mon but, avec ces images, c'est que les gens aient envie de les accrocher sur leur bureau. A côté de leurs lettres. Là où ils écrivent."

(Patti Smith)

jeudi 3 avril 2008

Patiente

"Patiente. C'est mon statut et l'ordre auquel je dois obéir. C'est un nom, un adjectif et un verbe à l'impératif. Ce qui me caractérise, c'est d'obéir à cet ordre qui m'est sans cesse implicitement rappelé. Patiente. Attends. Attends que la crise passe, attends que la douleur diminue, attends que le sommeil te délivre. Attends que cela fasse de l'effet. Une heure, trois jours, deux semaines. Attends que les effets secondaires s'atténuent. Subis, supporte, accepte, résigne-toi. Fais avec. Laisse passer sur toi les heures, laisse les défiler comme si elles ne comptaient pas, comme si ta vie était déjà hors du temps, comme si ces moments ne t'étaient pas volés, comme si la douleur se diluait dans l'attente. Sois patiente."

(Claire Marin, Hors de moi)

mardi 1 avril 2008

"À l'hôpital...

... je vois ce que beaucoup ne découvriront que trop tard, sans avoir eu la possibilité de s'y habituer; le fait que l'on meurt à l'hôpital, dans un lit étranger et froid. Que l'on meurt en souffrant. La nuit, j'entends les râles, les quintes de toux chargées de la fatigue de toute une vie, j'entends les vieilles personnes pleurer comme des enfants. J'entends la colère. Je devine les bouches qui se ferment et refusent de manger malgré les exhortations des infirmières. J'imagine les poings qui se serrent d'abandonner toute dignité à cause de ce corps qui nous échappe et nous diminue. J'entends la résignation et l'abandon, les corps qui se délitent parce que l'on ne peut plus lutter pour quelques jours de plus dans cette existence horizontale, indigente."

(Claire Marin, Hors de moi)

lundi 31 mars 2008

Inspire...Expire...

"Inspirer. Vivre. Absorber l'air nécessaire, laisser entrer ce qui nous régénère, nettoie, ce qui vivifie notre corps, nos idées, les renouvelle, les rafraîchit. L'inspiration suscite, entraîne, réveille.
Expirer. Expulser hors de soi, arriver à son terme, prendre fin. Mourir.
En quelques secondes d'exercice respiratoire, on mime toute sa vie. Le premier souffle d'air qui s'engouffre dans les poumons du nouveau-né, le dernier qui soulage le mourant du poids d'exister."

(Claire Marin, Hors de moi)

Inspire...Expire...

"Inspirer. Vivre. Absorber l'air nécessaire, laisser entrer ce qui nous régénère, nettoie, ce qui vivifie notre corps, nos idées, les renouvelle, les rafraîchit. L'inspiration suscite, entraîne, réveille.
Expirer. Expulser hors de soi, arriver à son terme, prendre fin. Mourir.
En quelques secondes d'exercice respiratoire, on mime toute sa vie. Le premier souffle d'air qui s'engouffre dans les poumons du nouveau-né, le dernier qui soulage le mourant du poids d'exister."

(Claire Marin, Hors de moi)

samedi 29 mars 2008

Mensonge printanier

"Le printemps revient et nous emporte dans son joyeux mensonge, d'une nature sans cesse renouvelée, d'une énergie retrouvée, d'une renaissance infinie. On se laisse bercer par la douceur de l'air, on rentre en passant par le jardin, on s'attarde aux terrasses. On espère que la vie restera toujours douce.
La douleur semble s'éloigner. Elle est tellement absente du quotidien des autres, qu'on en oublie parfois qu'elle reste en nous, en sous-marin, en veille, prête à se rappeler à notre bon souvenir. Non, elle n'a pas disparu, elle est toujours là, à fleur de peau."

(Claire Marin, Hors de moi)

vendredi 28 mars 2008

"Se déconstruire constamment, ne s'appuyer sur rien. Aucun fondement stable, une épreuve du doute sans cesse renouvelée. Remettre incessamment en jeu celui qu'on est. Ne croire en rien d'indestructible, rien d'éternel. Pas de corps sans support, pas de port d'attache, pas d'appui. Se méfier. Et surtout de soi."

(Claire Marin, Hors de moi)

jeudi 27 mars 2008

"Je m'éloigne. Lentement mais sûrement. Tout comme le marin dans une traversée voit disparaître la côte d'où il s'est lancé, je sens mon passé qui s'estompe. Mon ancienne vie brûle encore en moi mais se réduit de plus en plus aux cendres du souvenir."

(Jean-Dominique Bauby, Le scaphandre et le papillon)

mercredi 26 mars 2008

"Voir tout un monde en un seul grain de sable,
Un ciel entier dans une fleur sauvage,
Tenir l'infini au creux de la main,
L'éternité dans une heure qui passe."

(Blake, "Chants d'innocence", Poèmes choisis)

mardi 25 mars 2008

"Comment pourrait-il jamais se consoler et oublier son chagrin, celui qui n'a les yeux fixés que sur sa perte et son chagrin, qui le fixe en lui et se fixe en lui et le regarde sans trêve, et cause avec son mal et son mal avec lui, tous deux se contemplant face à face."

(Maître Eckhart, Traités et sermons)

jeudi 20 mars 2008

La connaissance par l'outil

"Ne pas faire rien, faire quelque chose et non pas tout, et se faisant, se qualifier et, par-là, devenir quelqu'un."

(P. Naville)

mercredi 19 mars 2008

Tout est enseignement

"Dès que nous cessons de penser en termes de moi et autrui, de correct et d'incorrect, tout ce qui nous entoure devient un enseignement positif. Avec une telle ouverture d'esprit, les puces, les vers intestinaux, notre grande montagne Haleakala et l'herbe de notre cour intérieure nous dispensent un enseignement."

(Robert Aitken)

mardi 18 mars 2008

Ne soyons pas des Frankenstein

"Comme Frankenstein, nous créons des monstres avec nos paroles et, alors que nos créations n'ont aucune validité fondamentale, elles fixent des images dans les esprits, y compris chez ceux qui font l'objet de nos commérages. Nous risquons ainsi d'entraver l'évolution, même si notre jugement est fondé sur des faits. N'oublions pas que le manque de sincérité peut évoluer en amour véritable et que la vanité peut se transformer en aptitude au commandement. Cependant, si notre perception d'autrui reste figée, toute transformation se révèle fort difficile."

(Robert Aitken)

dimanche 16 mars 2008

Ailleurs

Le voyage comme un art de vivre, comme une élégance. En rêver pour s'enchanter et l'imaginer pour s'y préparer...
Les arpenteurs obstinés de la planète le savent : l'éblouissement du monde les attend à chaque escale. Dans la jungle des villes comme au coeur du désert, le goût de l'ailleurs est si tenace qu'il ne s'efface jamais d'un séjour à l'autre. C'est donc là-bas qu'il faut aller."

(Anne-Line Roccati)

mardi 11 mars 2008

Dicton du jour

"Une ligne de six centimètres est petite par rapport à une autre de huit centimètres.
Une ligne de huit centimètres est petite par rapport à une autre de dix centimètres."

(Dicton tibétain)

lundi 3 mars 2008

Vivre les questions plutôt qu'y répondre

"Je vous supplie... d'être patient envers tout ce qui n'est pas résolu en votre coeur et d'essayer d'apprécier les questions comme les lieux fermés et comme des livres qui ont été écrits dans une autre langue.

Ne cherchez pas les réponses, elles ne peuvent pas vous être données car vous n'auriez pas le temps de les vivre. L'important, c'est de tout vivre.

Vivez les questions au présent et peut-être qu'alors doucement, sans même le savoir, vous aurez déjà avancé dans la réponse."

(Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète)

samedi 1 mars 2008

Prophétie

"La discorde qui défait les Etats ne cessera de compromettre la paix que lorsque Béryte [Beyrouth], garante de l'ordre, sera juge de la terre et des mers, lorsqu'elle fortifiera les villes du rempart de ses lois, lorsque, enfin, elle assumera la direction exclusive de toutes les cités du monde."

(Nonnos de Panopolis)

vendredi 29 février 2008

Attends-moi

"Attends-moi et je reviendrai, mais attends-moi de toutes tes forces.
Attends-moi quand les pluies jaunes t'inspirent de la tristesse, attends-moi quand la tempête se déchaîne. Attends-moi dans la chaleur quand on n'attend plus les autres, oubliant tout ce qui arriva hier. Attends-moi quand des contrées lointaines mes lettres n'arriveront plus, attends-moi quand se lasseront tous ceux qui attendent avec toi."

(K. Simonov, "Attends-moi, je reviendrai")

jeudi 28 février 2008

"Parle-moi des belles choses, des trésors à découvrir, de la paix qui s'écoule comme une rivière. Parle-moi de ces lieux de tranquilité qu'aucune main n'a sali et qu'aucun orage n'a frappé. Laisse-moi imaginer que le soleil me regarde ou que la brune caresse ma joue, lorsque je marche, je vis et respire... Trouve-moi une place au soleil pour m'asseoir, réfléchir et écouter cette douce petite voix en moi qui me dit tout bas : "Paix. Sois tranquille"

(Joyce Squichie Hifler, Lorsque l'oiseau de nuit chante)

mercredi 27 février 2008

Clin d'oeil à Sarkozy

"Étant professeur à Paris VII, j'exerce quatre métiers : chercheur, enseignant, administrateur et vulgarisateur. La somme fait que je n'ai pas le temps de courtiser les mannequins et les chanteuses."

(André Brahic, propos recueillis par Pierre Barthélemy, Le Monde, 21 février 2008, p.17)

lundi 25 février 2008

Vérité

"Plutôt que l'amour, l'argent, la gloire, donne-moi la vérité. Je me suis assis à une table où il y avait de riches mets et des vins en abondance servis par des domestiques obséquieux, mais où la sincérité et la vérité étaient absentes; et j'ai quitté cette table si peu accueillante la faim au ventre. Leur hospitalité était froide comme de la glace."

(Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois)

jeudi 21 février 2008

Libération artistique

"Après tout, c'est peut-être une mauvaise habitude des gens talentueux et créateurs de s'investir dans des activités pathologiquement démesurées qui fournissent des perspectives remarquables mais ne constituent pas un mode de vie durable pour ceux qui sont incapables de traduire leurs blessures psychiques en un art ou une pensée significatifs."

(Theodore Roszak, A la recherche du miraculeux)

mercredi 20 février 2008

Réussite

"Si le jour et la nuit deviennent tels que vous les saluez joyeusement, et si la vie produit une senteur pareille à celle des fleurs et des plantes aromatiques, si elle est plus souple, plus étincelante, plus immortelle, en cela réside votre réussite."

(Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois)

mardi 19 février 2008

Catastrophisme éclairé

"Le temps est venu de mener une réflexion sur le destin apocalyptique de l'humanité. Il nous faut apprendre à affronter la catastrophe, à ne plus l'imaginer dans un futur improbable, mais à la penser au présent."

(Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé)

lundi 18 février 2008

Mal foutus

"On oublie ce qu'on a besoin de se rappeler et on se souvient de ce qu'il faut oublier."

(Cormac McCarthy, La route)

samedi 16 février 2008

"À chaque seconde, regarde la fin du monde."

(Christian Bobin, La dame blanche)

vendredi 15 février 2008

Musique africaine

"On a passé les trois jours enfermés dans la maison, sous les balles. Il y avait tellement de tirs, c'était comme un tremblement de terre. Mais on a l'habitude. C'est ça, la musique tchadienne", tente de s'amuser un homme. Ramassant sur le sol une douille de mitrailleuse de calibre 14,5 épaisse comme une carotte, il commente rêveusement : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."

(Jean-Philippe Rémy, Le Monde, jeudi 7 février 2008)

dimanche 10 février 2008

Heureux dilemme

"Si je devais choisir entre la poésie et le vin, je ne sais pas ce que je ferais."

(Amartya Sen, Prix Nobel d'économie)

samedi 9 février 2008

"Certaines personnes sont si ardemment présentes à elles-mêmes que, devant elles, on se découvre douloureusement une âme."

(Christian Bobin, La dame blanche)

vendredi 8 février 2008

Emmurés

"Il y a des murs qui ne servent à rien, des murs stupides, des murs qui font mal, des murs de la honte et, parfois, des murs nécessaires. Car un mur peut servir provisoirement de garrot, de pansement. Un mur peut soigner et même guérir. Un mur peut aussi mourir, devenir guenille. Ou objet sacré, relique. Le mur de Berlin a ainsi été débité, vendu aux enchères par petits morceaux que l'on retrouve aujourd'hui dans les musées. Le mur qui coupe Chypre en deux - grec au sud, turc au nord - se survit encore et toujours, plié, froissé, tordu dans l'entremêlement des maisons de Nicosie. Qu'est-ce donc qu'un mur? Qui en est véritablement prisonnier? Dans quel camp se trouve la liberté? De l'autre côté du mur? Ce serait trop facile. Les murs emmurent côté pile et côté face."

(Société Laurent Greilsamer, "De l'autre côté du mur", Le Monde, mardi 29 janvier 2008, p.2)

jeudi 7 février 2008

Traumatismes

"On parle des traumatismes de l'enfance, indélébiles. Mais que dire des chocs de l'âge adulte, qui vous fauchent en plein vol, en pleine puissance? Ils sont fatals. Ils laissent peu de chance de s'en remettre, car ils s'abattent sur des êtres conscients, formés, capables de mesurer l'impasse, de la contempler avec dégoût. Avec stupeur."

(Macha Meril, Un jour, je suis morte)

vendredi 1 février 2008

Lieu de villégiature

"Je choisirai un endroit où il y a la mer. Ou un océan, ou un fleuve. De l'eau, quoi. C'est une certitude. J'ai cette obsession de l'eau, elle ne me quitte pas. J'ignore d'où elle vient. De l'enfance, peut-être. L'eau ne m'a jamais fait peur, même si elle sait être dangereuse. Au contraire, elle m'apaise. Elle me rassure. Tout finira auprès d'elle."

(Philippe Bession, Se résoudre aux adieux)

jeudi 31 janvier 2008

Un jour, je suis morte

"Un jour, je suis morte.
J'ai eu du mal à m'en remettre.
Je ne m'en remets pas, en vérité."

(Macha Méril, Un jour, je suis morte)

lundi 28 janvier 2008

Une marguerite chancelante

"Quand autour d'elle les ambitions se déclarent et que chacun veut être quelque chose, elle fait le rêve souverain de n'être rien et de mourir inconnue. L'humilité est son orgueil, l'effacement son triomphe. En 1856, lorsque sa mère ouvre toutes grandes les écluses de sa maladie, elle rêve d'un monde si humble que la mort n'en trouverait jamais l'entrée. "Je ne suis qu'une enfant et j'ai peur. J'aimerais souvent être un brin d'herbe ou une marguerite chancelante que les problèmes de la poussière ne terrifieraient pas."

(Christian Bobin, La dame blanche)

dimanche 27 janvier 2008

Dans l'attente de tes "maux" à toi

"Je ne te parlerai que de cette écriture qui me délasse, et qui n'est pas rentable, que je perds aussitôt, que tu peux brûler comme il te plaît. Tu ne m'as rien demandé et voilà que je te catapulte de mots, dans l'attente de tes mots à toi, qui ne me parviennent pas."

(Hervé Guibert, Les Aventures singulières)

mardi 15 janvier 2008

C'est l'émotion qui crée la tragédie

"Nous avons l'impression que le destin joue avec nous, qu'il nous fait miroiter un peu de bonheur, nous nous jetons sur cet espoir de bonheur comme un insecte sur la lumière et nous sommes de nouveau blessés. En vérité il n'y a pas de situation heureuse qui n'amènera pas aussi des souffrances tant que nous serons susceptibles de souffrir. Et ce sont vos émotions qui vont aggraver cet aspect douloureux de l'existence. Toujours. C'est l'émotion qui crée la tragédie. Il n'y a pas de situation heureuse qui n'ait pas son côté douloureux, qui ne puisse pas vous blesser, vous faire mal, vous inquiéter, jamais."

(Arnaud Desjardins, Bienvenue sur la voie)

dimanche 13 janvier 2008

Jetez les livres

"Les livres n'ont aucune valeur s'ils ne vous aident pas à voir, s'ils ne vous montrent pas ce que vous n'aviez pas vu. Sinon, c'est une drogue, un stupéfiant. Jetez les livres et plongez-vous dans la vie."

(Arnaud Desjardins, Bienvenue sur la voie)

Marionnettes

"L'homme est une marionnette dont les aléas de l'existence tirent les fils."

"Vos pensées sont des citations, vos émotions sont des imitations, vos actions sont des caricatures."

(Swâmi Prajanânpad)

dimanche 6 janvier 2008

Saint-Christophe

"La légende dit que saint Christophe a fait traverser un fleuve au Christ enfant, en le portant sur ses épaules. La vérité est que ce sont les mères qui entrent jambes nues dans le grand courant noir du temps, portant leurs enfants sur leurs épaules, sentant le froid les corseter et ne pensant qu'à maintenir l'enfant hors de l'eau. Parfois l'une d'elles lâche prise et sombre dans le fleuve. C'est alors à l'enfant, trempé jusqu'à l'âme par l'angoisse, de devenir la mère de sa mère et de chercher à atteindre l'autre rive."

(Christian Bobin, La dame blanche)