lundi 29 septembre 2008

Témoignage d'un art-triste

"Il n'est pas demandé à tout le monde d'être un artiste, mais aux artistes il est demandé de ne pas être comme tout le monde. (...) Ce qu'il nous faut faire entendre aujourd'hui, c'est notre différence. Notre différence dans notre manière de vouloir à tout pris être préoccupés par la beauté tout au long du jour. Il nous faut faire entendre notre poésie, notre sens de l'élégance; car nous sommes doués pour l'élégance et c'est pour cela que nous sommes détestés, nous sommes doués pour la poésie et c'est pour cela que nous sommes moqués, nous sommes doués pour la parole et c'est pour cela que nous sommes haïs. (...)


Soyons plus grands que ceux qui gagneront, en prouvant à notre tour qu'il existe une façon de gagner qui consiste à perdre. Manifestons non pas contre des coupures mais manifestons notre existence; manifestons-la, faisons-la entendre, sage et sauvage, en étant totalement nous-mêmes dans nous oeuvres, dans notre manière de contester, en ne parlant pas seulement de coupures mais en réfléchissant sur ce que cela signifie. Faisons voir l'insupportable, c'est-à-dire faisons voir une manière différente de vivre, en disant simplement qui nous sommes et ce que nous faisons. Pour ma part, je m'appelle Wajdi Mouawad, je suis auteur et metteur en scène et je suis un artiste."

(Wajdi Mouawad, "Faire entendre notre voix", Le Devoir, vendredi 26 septembre 2008, p.A8).