lundi 17 août 2009

Chant liturgique

"Plage. Et mer. Lumière. Le vent du nord. Le silence des marées. Des jours. Des nuits. Une liturgie."

(Alessandro Baricco, Océan Mer)

mercredi 5 août 2009

Congé de soi

"C'est un endroit, ici, où tu prends congé de toi-même. Ce que tu es se détache doucement de toi, peu à peu. Et à chaque pas, tu le laisses derrière toi, sur ce rivage qui ne connaît pas le temps et ne vit qu'un seul jour, toujours le même. Le présent disparaît et tu deviens mémoire. Tu te défais de tout, tes peurs, tes sentiments, tes désirs: tu les conserves, comme des habits qu'on ne met plus, dans l'armoire d'une sagesse que tu ne connaissais pas, et d'une tranquilité que tu n'espérais pas. Est-ce que tu peux me comprendre? Est-ce que tu peux comprendre combien tout cela est beau? (...) C'est une manière de tout perdre, pour tout trouver."

(Alessandro Baricco, Océan Mer)

mardi 4 août 2009

Temps

"Tu sais ce qui est beau, ici? Regarde: on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'était jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre."

(Alessandro Baricco, Océan Mer)

lundi 3 août 2009

Océan mer

"Quand tu la regardes, tu ne t'en rends pas compte: le bruit qu'elle fait. Mais dans le noir... Toute cette infinitude alors n'est plus que fracas, muraille de sons, hurlement lancinant et aveugle. Tu ne l'éteins pas, la mer, quand elle brûle dans la nuit."

(Alessandro Baricco, Océan Mer)

dimanche 2 août 2009

Et surtout souris

"...n'oublie pas de sourire. Souris pour escroquer ton désespoir, souris pour continuer de vivre, souris dans ta glace et devant les gens, et même devant cette page. Souris avec ton deuil plus haletant qu'une peur. Souris pour croire que rien n'importe, souris pour te forcer à feindre de vivre, souris sous l'épée suspendue de la mort de ta mère, souris toute ta vie à en crever et jusqu'à ce que tu en crèves de ce permanent sourire."

(Albert Cohen, Le livre de ma mère)