lundi 30 juin 2008

Troyes, deux, un...

Dernier jogging aux aurores sur les pavés de la cité endormie
Dernier lever de soleil
Dernière trajectoire en vélo jusqu'au campus
Derniers cafés
Dernière réunion
Derniers sourires et rires échangés
Dernière coupe de champagne
Dernières embrassades
Dernier coucher de soleil
Dernier restaurant
Dernière nuit à Troyes
Dernier réveil à 3h30 a.m.
Dernier train Troyes-Paris

Premières mesures des dernières fois...

samedi 28 juin 2008

Le vent nous portera

"Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien

Le vent l'emportera

Ton message à la grande ourse
Et la trajectoire de la course
A l'instantané de velours
Même s'il ne sert à rien

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

La caresse et la mitraille
Cette plaie qui nous tiraille
Le palais des autres jours
D'hier et demain

Le vent les portera

Génétique en bandoulière
Des chromosomes dans l'atmosphère
Des taxis pour les galaxies
Et mon tapis volant lui

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

Ce parfum de nos années mortes
Ceux qui peuvent frapper à ta porte
Infinité de destin
On en pose un, qu'est-ce qu'on en retient?

Le vent l'emportera

Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi

Le vent les portera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera"

Noir Désir
Le vent nous portera

(Paroles: B.Cantat. Musique: Noir Désir)

vendredi 27 juin 2008

Albert Cossery (1913-2008) : penser, rêver, observer

"Il avait su inventer avec bonheur un moyen de vivre au prix du moindre effort: en écrivant le moins possible, sept romans exactement, et de petit format, plus un recueil de nouvelles, dont il revendait les droits à des éditeurs différents et, en dernier lieu, à Joëlle Losfeld, son amie et éditrice la plus fidèle. Par amour de la phrase ciselée, il écrivait au rythme d'une phrase par semaine. De quoi gagner juste assez pour vivre sans rien posséder, loger dans sa petite chambre de La Louisiane et ne penser à rien d'autre qu'à satisfaire son plaisir immédiat. Lequel ne tenait finalement qu'à une chose très simple: la lente et délicieuse contemplation du monde. (...)
Mais dans chacun de ces huit livres, l'écrivain n'a jamais quitté le décor de cet Orient proche qui avait forgé sa sagesse. Il y donne la parole aux sages d'entre tous que sont les marginaux de la rue orientale, vagabonds démunis et visionnaires, vendeurs de haschich ou culs-de-jatte, mendiants, exclus, fainéants et débrouillards. Parmi les sept romans, un chef d'oeuvre : "Mendiants et orgueilleux". Mais chacun est un joyaux d'humour excentrique, un regard désintéressé sur la vie. Où la paresse est une philosophie, le dénuement un art de vivre, la nonchalance une manière de respirer. Une arme contre l'ivresse de la propriété et autres frénésies inutiles. (...)
Une fois publié son dernier roman, "Les couleurs de l'infamie" (1999), il avait décidé de ne plus jamais écrire une ligne. Il a tenu promesse. Il avait déjà perdu la parole, une opération du larynx ayant fait totalement disparaître sa voix cassée de vieille vamp. Cela lui était tout à fait égal. Albert Cossery n'éprouvait nullement le besoin de converser. Contempler lui suffisait. S'il avait vraiment quelque chose à dire, il sortait un bout de papier et écrivait une question, ou une réponse, d'un air vaguement agacé.
Les dix dernières années de sa vie, donc, Albert Cossery n'écrivait plus, ne parlait plus. Il ne faisait que penser, rêver, observer, faire la sieste et déambuler dans les rues de Saint-Germain-des-Près, de sa démarche désarticulée, souvent au bras d'une jeune amie blonde. Être vivant le réjouissait, son propre silence le comblait, il était heureux. (...)"

(Marion Van Rentergheim, "Albert Cossery: il avait fait du dénuement et de la paresse une philosophie et le sujet de ses romans", Le Monde, Mercredi 25 juin 2008, p.22)

vendredi 20 juin 2008

Célébration de l'instant aérien

"Est lourd ce qui fixe, immobilise et sédentarise. Ce qui demande des comptes, exige droit de regard, soumet à la pression d'un vouloir tiers. Ce qui donne aux pulsions de mort un pouvoir exorbitant dans l'intersubjectivité. Ce qui s'immisce, s'insinue entre les deux et installe en force interstitielle un ferment de décomposition, une puissance abrasive et corrosive. Ce qui plombe les ailes d'Éros et entend jeter au sol le capital aérien et premier de toute histoire amoureuse. Ce qui fait surgir des demandes d'explication, des propositions de justification, des invites de promesses, des fantasmagories régressives et infantiles dans le moment même du présent pur. Ce qui laisse les pleins pouvoir à la haine de soir. Ce qui hypothèque l'avenir et veut la clôture. Ce qui veut l'éternité quand doit triompher l'instant. Ce qui s'installe."

(Michel Onfray)

vendredi 13 juin 2008

Écrivains authentiques

"Pourquoi écrit-on? Quelle furie pousse habituellement à se passionner pour la confection d'un livre? Quelle étrange force condamne l'auteur à ajouter des volumes aux volumes dans le dessein de faire une oeuvre? Furie, force? Certes, car il me semble que les écrivains authentiques trempent leur plume dans le sang, qu'ils écrivent avec leur lymphe et que leur chair mélangée à leur âme est l'athanor dans lequel se confectionnent les visions du monde, les sensibilités et les mots pour les dire. Pas de livres sans ce prix: des blessures, une sensibilité d'écorché, une hyperesthésie, des comptes à régler avec les fantômes de l'enfance."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)

jeudi 12 juin 2008

"La philosophie est art de vivre, ou elle ne mérite pas une heure de peine."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)

mercredi 11 juin 2008

Journal d'un(e) hédoniste

"Ce qui donne du goût à la vie est dans ce livre: l'amitié et la lecture, la musique et les beaux-arts, la littérature et les voyages, la conversation et la gastronomie, l'écriture et le corps, la poésie et la philosophie, l'enfance et le silence, l'admiration et la colère, les livres et les chats, la mémoire et la mort."

(Michel Onfray, Le désir d'être un volcan)