vendredi 8 février 2008

Emmurés

"Il y a des murs qui ne servent à rien, des murs stupides, des murs qui font mal, des murs de la honte et, parfois, des murs nécessaires. Car un mur peut servir provisoirement de garrot, de pansement. Un mur peut soigner et même guérir. Un mur peut aussi mourir, devenir guenille. Ou objet sacré, relique. Le mur de Berlin a ainsi été débité, vendu aux enchères par petits morceaux que l'on retrouve aujourd'hui dans les musées. Le mur qui coupe Chypre en deux - grec au sud, turc au nord - se survit encore et toujours, plié, froissé, tordu dans l'entremêlement des maisons de Nicosie. Qu'est-ce donc qu'un mur? Qui en est véritablement prisonnier? Dans quel camp se trouve la liberté? De l'autre côté du mur? Ce serait trop facile. Les murs emmurent côté pile et côté face."

(Société Laurent Greilsamer, "De l'autre côté du mur", Le Monde, mardi 29 janvier 2008, p.2)