lundi 26 mars 2007

Allez tracer votre X, allez porter votre croix

"La campagne est terminée. Rien ne va plus. Le 27 mars, ce sera comme s'il ne s'était rien passé.
Les rêves n'ont plus leur parti dans la politique. Aujourd'hui, on applique des règles de mise en marché à nos produits aux allures démocratiques. L'avenir de notre monde se joue sur les tables mêmes où sévissent les lois du commerce. Les pancartes des candidats ressemblent à celles des vendeurs de maison. On courtise l'immobilisme. On cherche le dominateur commun. Et tous les génies fusent de leurs lampes astiquées avec les trois mêmes voeux à offrir. Santé, éducation et prospérité. Comment ne pas les aimer tous ?

(...) Je continue de croire en des demains. J'aspire d'air et rêve d'eau pure. Je rêve de voir briller le soleil dans le système scolaire. Je rêve d'une espérance de vie qui sera plus qu'une moyenne chiffrée. Pour qu'on règle le problème électile et le manque d'enfants. À arrêter de se réduire l'avenir à trop court. À se redonner le lousse pour pousser l'espoir un peu plus loin, et reprendre envie à léguer. À rêver ensemble, surtout. La démocratie.
Mettons nos souliers. Attachés serrés. Entrez dans la danse et choisissez qui vous voudrez. Swinguez fort. Faites-y voir que vous z'êtes pas morts.
Aujourd'hui, j'irai tracer mon X. La variable qu'il nous reste pour esquisser la prochaine équation collective. Notre X. Notre portion de décision. J'irai porter ma croix. (...)"

(Fred Pellerin, Extrait de "Le problème électile", Le Devoir, Édition du lundi 26 mars 2007, http://www.ledevoir.com/2007/03/26/136797.html)