jeudi 14 juin 2007

Un "ascétisme épicurien"

"Depuis ma petite enfance, d'instinct, je penche vers l'opinion opposée : ne pas souffrir; c'est là, me semble-t-il, la grande, l'importante affaire. Les gens qui veulent vivre comme ils disent, c'est-à-dire rire aux éclats et crier de mal ensuite, pleurer, chanter, s'agiter, me paraissent de misérables possédés, de pitoyables déments. "Tout près du renoncement est la béatitude", dit le Bhagavad-Gita et ceci ne doit pas être entendu au sens chrétien du terme renonciation, mais comme le rejet de ce dont on a soi-même reconnu l'insignifiance, ou pis, la nocivité foncière.
Cela doit bien t'ennuyer, peut-être même t'agacer, mon grand cher, ces dissertations philosophiques d'un moumi pratiquant ce que je qualifierai "un ascétisme épicurien".

(Alexandra David-Néel)