"Il faut perdre pour apprendre et j'apprenais beaucoup. La vie cache les vivants. Elle les soûle, elle les empêtre dans mille liens futiles, elle les remplit comme des épouvantails avec la paille des soucis ou le papier chiffon des projets. Arrive la mort - ou la grâce d'une épreuve sans issue imaginable - et l'épouvantail brûle en une seconde et du feu surgit un vivant absolu, une personne non encombrée d'elle-même ni infestée par le monde, un tout petit éclat bleuté du grand vitrail de Dieu - une âme. La mort est le repère des repères, l'étoile du Nord. Sans elle, la conscience est perdue."
(Christian Bobin, Louise Amour)