lundi 3 octobre 2005

Le mur

"Si nous passons en revue nos vies et observons nos relations, nous voyons qu'il s'agit de créer une résistance à l'autre, d'édifier un mur par-dessus lequel nous regardons et observons l'autre. Mais nous restons derrière ce mur que nous maintenons toujours, qu'il soit psychologique, matériel, économique ou national. Tant que nous vivons dans l'isolement derrière un mur il n'y a pas de relation avec l'autre. Nous vivons en vase clos parce que c'est bien plus gratifiant; nous pensons être bien mieux protégés. Le monde est cause de tant de perturbations - il y a tant de chagrin, tant de douleur, de guerre, de destruction, de détresse - que nous voulons y échapper et vivre à l'abri des murailles de notre propre être psychologique. C'est ainsi que, pour la plupart d'entre nous, la relation est en réalité une démarche d'isolement et, bien entendu, des relations de ce genre induisent une société qui génère aussi l'isolement. C'est exactement ce qui se passe dans le monde entier. Vous restez isolé et tendez la main par dessus le mur, en parlant d'internationalisme, de fraternité ou de de ce que vous voulez, mais en fait, les gouvernements persistent en toute souveraineté, de même que les armées. Tout en restant attaché à vos propres limites, vous croyez pouvoir créer l'unité et la paix dans le monde, ce qui est impossible. Tant que vous avez une frontière, qu'elle soit nationale, économique, religieuse ou sociale, il est évident qu'il ne peut y avoir de paix dans le monde."

(Krishnamurti, La relation de l'homme au monde)