dimanche 31 mai 2009

Joie

"ton amertume, tu la gardes pour les jours noirs
les semaines de fuite
profondément tue dans un trou de fourmi
ton amertume, tu la documentes
l'analyses, la guéris en partie
(sans trop bien savoir de quelle partie il s'agit)
tout à coup le silence fait moins de bruit
légère et concentrée, tu passes tel un ange
et le malaise des autres n'a plus rien de troublant
les enfants arrivent et tu veilles au grain
toi-même une enfant à l'âme de grand-maman
dans le corps souple d'une femme naïve
historienne et protectrice de l'eau au moulin
porteuse des dépêches
aide de camp des capitaines perdus
vigie perchée au mât de la tempête
sonnée par la frappe du vent mouillé
la cohue des multiples mutineries
contre la vie."

(Hélène Monette, Thérèse pour joies et orchestre)