"...il faut être tranquille. Pour assister à un concert, une pièce, un film, pour observer un tableau, il faut aussi être tranquille. La religion fait également bon usage de la tranquilité, entre autres pour la prière et pour la méditation. Porter son regard sur un lac à l'automne ou sur une silencieuse scène d'hiver - cela aussi nous mène vers une quiétude contemplative. On dirait que la vie privilégie les moments de tranquilité pour nous murmurer: "Me voici, qu'est-ce que tu en penses?" Puis nous redevenons actif et la quiétude s'envole, mais c'est tout juste si nous nous en rendons compte tant que nous nous laissons facilement happer par l'agitation, selon laquelle ce qui nous tient occupés est forcément important, et plus nous sommes occupés, plus ça doit être important. Alors nous travaillons, travaillons, travaillons et nous courons, courons, courons. Il nous arrive de nous dire, essouflés : "Dieu que la vie passe vite." Mais ce n'est pas du tout ça: la vie est immobile, c'est nous qui sommes à la course."
(Yann Martel, Mais que lit Stephen Harper?)