"L'amitié, que je pratique pourtant à la façon d'un solitaire, aura compté parmi mes plus grandes sources de joie. Mais la présence de ma mère, dont je ne me fis jamais une amie, fut plus que cela. On ne m'entendra pas dire que l'amitié n'est pas profonde: elle l'est toujours, puisqu'elle exige du soin et du temps. Seulement, il y avait entre ma mère et moi une compréhension mutuelle que ne possède pas l'amitié, et dont la source souterraine venait de plus loin que le bel affluent où se rejoignent les amis. J'aurai voulu encore longtemps de ce mystérieux bonheur. La mort en aura décidé autrement."
(Jean-François Beauchemin, Cette année s'envole ma jeunesse)