jeudi 13 septembre 2012

La platitude de l'un sera l'émerveillement de l'autre

"Même à Venise, le défi du quotidien se pose et cela existe, un Vénitien au fil des jours ou un Romain qui meurt d'ennui. Cela existe aussi, un Parisien qui trouve le temps de Paris trop gris, la ville trop animée, le métro trop odorant, et ainsi de suite. Le Vénitien partira en Chine, le Parisien à l'autre bout du monde, pour fuir la platitude d'un lieu ou d'autres viendront pour se changer les idées. Où l'on voit que la platitude de l'un sera l'émerveillement de l'autre. Tout est relatif à ce que l'on fuit. Ce que nous ne voyons plus, ce que nous ne voyons pas, ne peut nous émouvoir. La platitude, nous la fuyons comme si la fuite était possible. Alors qu'il est clair que la fuite est impossible. Ce qu'il nous est possible de conserver, de cultiver, c'est notre sens de l'émerveillement. Alors, le goût de fuir s'estompe, quand tout nous émeut dans l'apparente insignifiance des choses. Je regarde passer les avions, les camions, les autobus, les bateaux, je regarde pousser les arbres, voler les oiseaux, je regarde les nuages, les gens, les moindres animaux, même le loup commun. Pas besoin d'un panda dans ma mire pour faire ma journée. Pas besoin de Capri pour mourir. Je ne viendrai jamais à bout d'épuiser la richesse des merveilles de ma propre cour." (Serge Bouchard, C'était au temps des mammouths laineux)