jeudi 29 décembre 2005

Français de Montréal

Extrait du livre Français de Montréal par Bertrand Lemeunier et Éric Clément. Montréal, Les Éditions La Presse, 2005


"Pour être Canadien, cela prend au moins 75 ans, même si on te donne le passeport après trois ans. Pour faire un Québécois, il faut certainement un siècle et demi ! Mais je pense qu'on peut devenir Montréalais en cinq ans."

(François Lubrinas, vétérinaire)


"Je me sens citoyen d'une ville cosmopolite dans laquelle on partage plein de cultures. Je suis Français, je suis Canadien. J'ai les deux nationalités. Je me sens citoyen de Montréal et en même temps citoyen du monde."

(Nicolas Peyrac, chanteur et romancier)


"Là où on m'a fait renaître, j'appartiens."

(Jérôme Ferrer, chef-cuisinier)

mercredi 28 décembre 2005

Vélosophie

"J'ai une passion pour le vélo qui est une manière de vivre, une façon de progresser. Quand on est bon cycliste, on peut réussir partout. Parce que c'est dur et qu'il faut du courage."

(Louis Duvernois, sénateur à Paris)

vendredi 23 décembre 2005

La mort du loup

"Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçus les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'est pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait: " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."


Alfred de Vigny

mardi 13 décembre 2005

Avant de changer la société, changeons l'individu

"La société est une abstraction. Une abstraction n'est pas une réalité. Ce qui est une réalité est la relation entre un humain et un autre. La relation entre humains a créé ce que nous appelons la société. L'homme est violent, l'homme est égoïste, l'homme est à la recherche du plaisir, il a peur, il manque d'assurance. En lui-même, il est corrompu et cette forme de relation, qu'elle soit intime ou non, a créé cette soi-disant société. Voilà qui est clair, bien évidemment. Or, nous essayons sans cesse de changer la société, mais pas de changer l'homme qui a créé la société dans laquelle il vit."

(Krishnamurti, Face à la vie)

dimanche 11 décembre 2005

Le bonheur est tout simplement là

"Pour l'homme emprisonné, la liberté n'est qu'une spéculation. Mais s'il sort en plein air, elle est tout simplement là.
N'est-il donc pas important, au lieu de demander ce qu'est le bonheur, de comprendre pourquoi on est malheureux ? Pourquoi on a l'esprit mutilé ? Pourquoi on n'a que des pensées limitées et mesquines ? Si vous pouvez comprendre cette limitation de la pensée, voir cette vérité, cette perception même sera une libération."

(Krishnamurti, Face à la vie)

mercredi 7 décembre 2005

Interprétation alternative de "La Cigale et de la Fourmi"

"La nature du grillon est d'aimer sa chanson et de s'en réjouir tellement qu'il ne cherche pas de nourriture et qu'il meurt en chantant."


***

"Il y a celle qui veille sur ce qu'elle aime - sans l'empêcher d'aller son cours. Et il y a celle qui se tourmente pour ce qu'elle aime - en tâchant de modifier son allure. Il y a Marthe et il y a Marie, les deux soeurs rencontrées par le Christ passant. Marthe soucieuse d'ordre et de nourriture, tournoyant dans sa cuisine, égarée dans une rumeur d'assiettes et d'eau bouillante. Et Marie, son tablier roulé sous un banc, Marie assise sur le sol, jambes repliées sous elle comme les ailes d'un oiseau à l'instant du repos, visage ouvert, mains vides. Marie soucieuse de cet amour sans quoi tout ordre est triste, toute nourriture fade."

(Christian Bobin, Le Très-Bas)

mardi 29 novembre 2005

Le début de la sagesse ?

"Il n’a pas de pensées vaines, il est inaccessible à la crainte, il ne désire rien".

(Bouddha)

mardi 22 novembre 2005

Haïku du jour

Dans les flammes
Boire à la source d'eau fraîche

Sous la pluie
Regarder le soleil briller


(Anonyme)

lundi 21 novembre 2005

Le volubilis des jardins

"Il y a une plante grimpante, qu'on appelle je crois le volubilis des jardins, et qui est tantôt de ce bleu pâle extraordinaire dont les fleurs ont le secret, tantôt d'un violet profond avec une touche de mauve, tantôt d'un blanc très particulier. Seules les fleurs vivantes sont parées de telles nuances. Elles naissent, elles fleurissent un matin, ouvrent leurs corolles en forme de trompette - puis meurent au bout de quelques heures. Vous avez sûrement vu ces fleurs. Dans la mort, elles sont presque aussi belles que lorsqu'elles sont en vie. Elles fleurissent l'espace de quelques heures, puis leur existence s'achève, et dans leur mort elles ne perdent en rien leur qualité de fleur. Et nous, nous vivons trente, quarante, soixante, quatre-vingts ans, au gré de formidables conflits, d'une immense détresse, de plaisirs éphémères, puis nous mourons misérablement, sans une ombre de félicité au fond de notre coeur, et dans la mort comme dans la vie nous sommes d'une laideur égale."

(Krishnamurti, De la vie et de la mort)

samedi 19 novembre 2005

Alors vous saurez ce que mourir veut dire

"Mourir, c'est lorsque tout finit. Et ce qui nous effraie, ce qui nous terrorise, c'est que tout finisse - c'est l'adieu définitif au travail, la mise à l'écart, le départ ; l'adieu à la famille, à celui ou à celle qu'on croyait aimer ; la fin d'une chose continue qui a occupé vos pensées des années durant. Ce qui vous terrifie, c'est cette fin définitive de toute chose. J'ignore si vous avez jamais songé à mettre fin à quelque chose de façon délibérée, consciente, préméditée - par exemple cesser de fumer, ou de boire, ou d'aller au temple, ou d'aspirer au pouvoir - mettre fin aux choses de façon absolue et instantanée, comme le scalpel du chirurgien excise un cancer. Avez-vous jamais essayé d'exciser de même ce qui est pour vous la plus grande source de plaisir ? C'est très facile d'exciser ce qui fait souffrir, mais il n'est guère facile d'exciser une chose agréable, avec une précision chirurgicale et pourtant compatissante, et cela sans savoir de quoi demain sera fait, sans savoir ce que vous réserve l'instant qui suit cette ablation. Si vous maniez le scalpel en sachant ce qui va se passer, alors vous n'êtes pas vraiment en train d'opérer. Mais si vous avez tranché dans le vif, alors vous saurez ce que mourir veut dire.
Si vous avez tranché tout ce qui vous entoure - toute racine psychologique, tout espoir, toute culpabilité, toute anxiété, tout succès, tout attachement - alors, à l'issue de cette ablation, de ce refus de la structure globale de la société, et dans l'ignorance où vous êtes de ce qui vous attend quand votre intervention sera achevée, alors, à l'issue de ce reniement absolu, il émerge l'énergie d'affronter ce qu'on appelle la mort. Le fait même de mourir à tout ce que vous avez connu - de vous couper délibérément de tout ce que vous avez connu - voilà ce qu'est mourir."

(Krishnamurti)

vendredi 18 novembre 2005

Quel(s) échappatoire(s) avez-vous choisi(s) ?

"Certes, la vie est en définitive source de problèmes. À chaque instant la vie nous confronte à un défi, une demande, et si nous n'y répondons pas de manière adéquate, cette inadéquation dans les réactions engendre un sentiment de frustration. C'est pourquoi les diverses formes de fuite ont pris pour la plupart d'entre nous une importance extrême. Nous fuyons à travers les religions établies et les croyances ; nous fuyons à travers le symbole, l'image, que ce soit l'esprit ou la main qui en grave les traits. Si je ne parviens pas à résoudre mes problèmes dans cette vie, il reste toujours la prochaine vie dans l'au-delà. Si je ne parviens pas à mettre un terme à la souffrance, qu'il me soit alors accordé de me perdre dans les divertissements ; ou bien, si je me trouve dans des dispositions quelque peu sérieuses, je me tourne vers les livres et l'acquisition des connaissances. Nous fuyons aussi dans la boulimie, dans le bavardage incessant, dans les disputes, dans la dépression profonde. Il s'agit chaque fois de fuite, et non seulement ces échappatoires deviennent pour nous d'une extrême importance, mais nous en venons à nous déchirer dans certains cas, et c'est alors votre religion contre la mienne, votre idéologie contre la mienne, votre attachement aux rituels contre mes positions anti-ritualistes."

(Krishnamurti)

mardi 15 novembre 2005

Des anxieux et des geignards

"Ils ont des soucis, ils comptent les milles, ils pensent à l'endroit où ils vont dormir cette nuit, au fric pour l'essence, au temps, ils se demandent comment ils arriveront à destination - et cela ne cessera pas jusqu'à ce qu'ils soient arrivés, tu piges. C'est qu'ils ont besoin de se tracasser, et de tromper le temps en croyant urgent ceci ou cela, ce sont tout bonnement des anxieux et des geignards, qui n'ont pas l'esprit tranquille tant qu'ils n'ont pas dégotté un souci avéré et bien établi et, quand ils l'ont trouvé, ils prennent les expressions faciales qui collent et conviennent à la chose, ce qui est, vois-tu, le malheur, et continuellement il galope à leurs côtés, et ils le savent et cela aussi les tourmente sans fin."

(Jack Kérouac, Sur la route)

mercredi 9 novembre 2005

Éloge de la mortalité

"L'homme est depuis toujours à la recherche de l'immortalité. S'il peint une toile, il y appose son nom. C'est une forme d'immortalité que de laisser un nom derrière soi; l'homme veut toujours léguer à la postérité quelque chose de lui-même. Qu'a-t-il à léguer - à part les connaissances technologiques - qu'a-t-il à donner qui vienne de lui-même ? Qu'est-il au juste ? Vous avez peut-être un compte en banque mieux garni que le mien, vous êtes peut-être plus intelligent que moi, plus ceci ou plus cela, mais psychologiquement, que sommes-nous ? - une foule de mots, de souvenirs, d'expériences, et c'est cela que nous voulons transmettre à un fils, que nous voulons mettre en mots dans un livre, ou en images dans un tableau. "Moi". Le "moi" prend une importance colossale : le "moi" opposé à la communauté, le "moi" en quête d'identification, de réussite, de grandeur - vous connaissez cela, et tout le reste. Quand vous observez ce "moi", vous constatez que c'est un ramassis de souvenirs, de mots vides. C'est à cela que nous nous cramponnons ; c'est l'essence même de cette séparation entre "vous" et "moi", "eux" et "nous"(...). L'amour n'est possible que lorsqu'il y a la mort."

(Krishnamurti)

lundi 7 novembre 2005

Open Access

"Se taire : l'avancée en solitude, loin de dessiner une clôture, ouvre la seule et durable et réelle voie d'accès aux autres, à cette altérité qui est en nous et qui est dans les autres comme l'ombre portée d'un astre, solaire, bienveillant."

(Christian Bobin, Souveraineté du vide. Lettres d'or)

vendredi 4 novembre 2005

Que fuyons-nous ?

"Il n'y a pas de grande différence entre l'homme qui se met à boire et l'homme qui se met à lire des livres religieux, entre ceux qui se rendent dans la soi disant maison de Dieu et ceux qui vont au cinéma, car tous tentent de fuir."

(Krishnamurti)

"This is to have succeeded"

"To laugh often and much; To win the respect of intelligent people and the affection of children; To earn the appreciation of honest critics and endure the betrayal of false friends; To appreciate beauty, to find the best in others; To leave the world a bit better, whether by a healthy child, a garden patch, or a redeemed social condition; To know that even one life has breathed easier because you have lived. This is to have succeeded."

(Ralph Waldo Emerson)

mardi 1 novembre 2005

Devise Shadock

"Il est beaucoup plus intéressant de regarder où l'on ne va pas, pour la bonne raison que là où l'on va, il sera toujours temps de regarder lorsqu'on y sera."

jeudi 27 octobre 2005

"Bien qu'il y ait une fin, il y a un renouveau"

"Mourir chaque jour à toutes les choses que nous avons acquises, à tout le savoir, à tous les souvenirs, à toutes les luttes, ne pas véhiculer tout cela jusqu'au jour suivant - c'est en cela qu'est la beauté : bien qu'il y ait une fin, il y a un renouveau."

(Krishnamurti, De la vie et de la mort)

lundi 10 octobre 2005

Se libérer du connu

"Ce qui nous fait peur, ce n'est pas l'inconnu, c'est de perdre le connu. Vous redoutez de perdre votre famille, de vous retrouver seul, privé de compagnons; vous avez peur du supplice de la solitude, peur d'être privé de vos expériences, des biens que vous avez accumulés. C'est le connu que vous redoutez de lâcher. Le connu, c'est la mémoire, et l'esprit s'accroche à cette mémoire. (...) Pour comprendre la beauté et la nature extraordinaire de la mort, il faut être libéré du connu. Mourir au connu est le commencement de la compréhension de la mort, car alors l'esprit acquiert fraîcheur et nouveauté, et la peur est absente."

(Krishnamurti, De la vie et de la mort)

mardi 4 octobre 2005

L'origine de l'isolement

"Si nous examinons cela d'un peu plus près, nous verrons que les idées ne rassemblent nullement les hommes. Une idée peut aider à constituer un groupe, mais ce groupe s'oppose à un autre dont les idées sont différentes, et ainsi de suite, jusqu'à ce que les idées deviennent plus importantes que l'action : les idées, les croyances, les religions établies, les hommes séparés."

(Krishnamurti, La relation de l'homme au monde)

lundi 3 octobre 2005

Le mur

"Si nous passons en revue nos vies et observons nos relations, nous voyons qu'il s'agit de créer une résistance à l'autre, d'édifier un mur par-dessus lequel nous regardons et observons l'autre. Mais nous restons derrière ce mur que nous maintenons toujours, qu'il soit psychologique, matériel, économique ou national. Tant que nous vivons dans l'isolement derrière un mur il n'y a pas de relation avec l'autre. Nous vivons en vase clos parce que c'est bien plus gratifiant; nous pensons être bien mieux protégés. Le monde est cause de tant de perturbations - il y a tant de chagrin, tant de douleur, de guerre, de destruction, de détresse - que nous voulons y échapper et vivre à l'abri des murailles de notre propre être psychologique. C'est ainsi que, pour la plupart d'entre nous, la relation est en réalité une démarche d'isolement et, bien entendu, des relations de ce genre induisent une société qui génère aussi l'isolement. C'est exactement ce qui se passe dans le monde entier. Vous restez isolé et tendez la main par dessus le mur, en parlant d'internationalisme, de fraternité ou de de ce que vous voulez, mais en fait, les gouvernements persistent en toute souveraineté, de même que les armées. Tout en restant attaché à vos propres limites, vous croyez pouvoir créer l'unité et la paix dans le monde, ce qui est impossible. Tant que vous avez une frontière, qu'elle soit nationale, économique, religieuse ou sociale, il est évident qu'il ne peut y avoir de paix dans le monde."

(Krishnamurti, La relation de l'homme au monde)

jeudi 29 septembre 2005

Le problème du monde

"Le problème qui se pose n'est pas celui du monde. C'est vous dans votre relation à l'autre qui créez un problème; et ce problème lorsqu'il s'étend devient le problème du monde."

(Krishnamurti)

mercredi 28 septembre 2005

Paroles, paroles

"Les paroles seules comptent
Le reste est bavardage"

(Ionesco)

mardi 27 septembre 2005

Devise minimaliste

"Simplify, simplify."

(Henry D. Thoreau)

lundi 26 septembre 2005

La droiture de l'âme dicte celle de l'art

"If your heart is not right, your art can't be right."

(Sakiyama roshi)

dimanche 25 septembre 2005

L'intelligence n'est pas affaire de diplômes

"L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n'est pas son élément premier. L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi - vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir."

(Christian Bobin, L'inespérée)

mercredi 21 septembre 2005

Parlons d'amandier en fleur...

"Parler de peinture ce n'est pas comme parler de littérature. C'est beaucoup plus intéressant. Parler de peinture c'est très vite en finir avec la parole, très vite revenir au silence. Un peintre c'est quelqu'un qui essuie la vitre entre le monde et nous avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence. Un peintre c'est quelqu'un qui nous envoie sans arrêt des photographies du monde. Beaucoup d'images, trop d'images pour les serrer toutes dans un portefeuille et les sortir de temps en temps : voici le monde comme il bat dans le coeur d'un inconnu. Voici le coeur d'un inconnu comme il bat dans mon coeur. Bonnard est mort en 1947. Sa dernière note dans son dernier carnet disait ceci : "J'espère que ma peinture tiendra, sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l'an 2000 avec des ailes de papillon." Sa dernière peinture était celle d'un amandier en fleur. Un dernier souffle, un ultime effort : allez, tout donner une dernière fois, tout fleurir d'un seul coup, partir sans regret, sans rien laisser au fond de soi. Il y a deux attitudes possibles devant la mort. Ce sont les mêmes attitudes que devant la vie. On peut les fuir dans une carrière, une pensée, des projets. Et on peut laisser faire - favoriser leur venue, célébrer leur passage. La mort dont nous ne savons rien posera sa main sur notre épaule dans le secret d'une chambre ou elle nous giflera dans la lumière du monde - c'est selon. Le mieux que nous puissions faire en attendant ce jour est de lui rendre sa tâche légère : qu'elle n'ait presque rien à prendre parce que nous aurions déjà presque tout donné. Qu'elle n'ait à tenir entre ses doigts que quelques fleurs d'amandier."

(Christian Bobin, L'inespérée)

Les "lumières" de Provence sont à Montréal à compter de demain jeudi 22 septembre au Musée des Beaux-Arts. Il ne nous restera plus qu'à imaginer l'odeur combinée de lavande, de thym, de tilleul et de romarin, le souffle du Mistral dans nos cheveux, le chant insistant des cigales camouflées dans les chênes et la chaleur du fort soleil du midi sur notre peau ... Ma Provence telle qu'elle bat dans le coeur de Vincent Van Gogh, Paul Cézanne, Hubert Robert, Joseph Vernet, Émile Loubon, Claude Monet, Auguste Renoir, Paul Signac, Albert Marquet, Charles Camoin, André Derain, Raoul Dufy et Georges Braque.

lundi 19 septembre 2005

"The way of the warrior"

"Sans humilité, aucun respect n'est possible
Sans respect, aucune confiance ne peut naître
Sans confiance, aucun enseignement ne peut être donné ni reçu."

(Le bushido)

mercredi 14 septembre 2005

Nourritures célestes

"L'homme souffre parce qu'il fait l'erreur de croire qu'il est le corps. Si vous vous identifiez au costume et à la chemise que vous portez et que vous les laviez soigneusement mais que vous oubliiez de manger, serez-vous heureux ?"

(A.C Bhaktivedanta Swami Prabhupada)

jeudi 8 septembre 2005

Le corps... ce véhicule

"Imaginons deux hommes assis dans une splendide voiture. Un accident l'endommage gravement; le propriétaire de la voiture s'afflige, mais non le passager. Pourquoi ? Comment expliquez-vous psychologiquement ce fait ? Qu'est-ce qui provoque l'affliction du propriétaire ? (...) Le propriétaire pense en termes de possession : "Oh, ma voiture est endommagée !" Son ami, n'ayant pas ce sentiment de possession à l'égard du véhicule, ne se trouve nullement affecté.
De même, le corps est différent de l'âme, et dès que vous prenez conscience de ne pas posséder votre corps, vos préoccupations à son égard s'effacent."

(A.C. Bhaktivedanta Swami Prabupada)

vendredi 2 septembre 2005

Anxiolytique philosophique

"(...) je n'ai pu toucher que des livres de philosophie, je ne leur demandai ni sens ni réponse, je sais bien qu'ils ne peuvent pas les donner, non, ce qui me touchait, c'était leur voix, leur style, leur ton, il y a quelque chose de calmant dans la philosophie, une manière de parler du vivant comme si on était déjà mort (...)"

(Christian Bobin, La plus que vive)

mardi 30 août 2005

Osez !

"La vie est soit une aventure audacieuse soit rien."

(Helen Keller)

lundi 29 août 2005

Citoyen d'aucun monde

"L'homme qui trouve sa patrie douce n'est qu'un tendre débutant; celui pour qui chaque sol est comme le sien propre est déjà fort; celui-là seul est parfait pour qui le monde entier est comme un pays étranger."

(le moine Hughes de Saint-Victor, XIIème siècle)

vendredi 26 août 2005

Uniques

"Il n'y a pas une empreinte digitale pareille au monde, et on voudrait que les êtres se ressemblent."

(Marc de Smedt, Éloge du silence)

jeudi 25 août 2005

L'érudit moderne

"Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui peut se savoir sur tout, il faut savoir peu de tout. Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose."

(Pascal, Pensées)

mardi 23 août 2005

L'essence de la joie

"Vous voulez savoir ce qu'est la joie, vous voulez vraiment savoir ce que c'est ? Alors écoutez : c'est la nuit, il pleut, j'ai faim, je suis dehors, je frappe à la porte de ma maison, je m'annonce et on ne m'ouvre pas, je passe la nuit à la porte de chez moi, sous la pluie, affamé. Voilà ce qu'est la joie. Comprenne qui pourra. Entende qui voudra entendre. La joie c'est de n'être plus jamais chez soi, toujours dehors, affaibli de tout, affamé de tout, partout dans le dehors du monde comme au ventre de Dieu."

(Christian Bobin, Le Très-Bas)

lundi 22 août 2005

Allez en paix...

"Nous nous faisons beaucoup de tort les uns aux autres et puis un jour nous mourrons."

(Christian Bobin, Ressusciter)

vendredi 19 août 2005

De la nécessité du mouvement

"Dans les cas de petite déprime, c'est souvent le mouvement qui sauve. Pas la fuite : le déplacement de point de vue."

(Didier Tronchet, Petit traité de vélosophie)

jeudi 18 août 2005

Exode

"Une famille quitte la vieille maison qu'elle a toujours connue, le terrain - ce coin de terre, le seul endroit au monde qu'elle ait jamais vraiment connu - et part pour un ailleurs : c'est une tragédie authentique et sans nom. Pour les enfants, c'est le naufrage du coeur. Pensons aux enfants qui rêvent des murs, des portes, des plafonds qu'ils ont toujours connus, pensons à la terreur qu'ils éprouvent quand ils se réveillent la nuit dans des chambres étranges et nouvelles, défaites par le désordre, effrayantes, inconnues."

(Jack Kérouac, Avant la route)

jeudi 11 août 2005

S'accommoder des choses ou les briser

"J'ai horreur des drames, de la poésie nébuleuse, des élégies larmoyantes... Souffrir est absurde et laid. Toute souffrance est un désordre... Mieux vaut s'accommoder des choses ou les briser que de pleurer à la lune."

(Alexandra David-Néel)

jeudi 4 août 2005

Le besoin de se conformer à une fausse image de soi

"Tout effort qui a pour objectif final l'exploit personnel risque de mener à l'échec et au désespoir. Nous en payons le prix maintenant : quand l'idée qu'on a en tête, en escaladant une montagne, c'est de montrer combien l'on est grand et fort, il est bien rare qu'on arrive au sommet. Et même si l'on y arrive, c'est une victoire bien fragile. Pour la consolider, on se croit obliger de continuer à faire ses preuves. Le besoin de se conformer à une fausse image de soi l'emporte, et la crainte de voir la tricherie découverte."

(Robert M. Pirsig, Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes)

mercredi 13 juillet 2005

L'allégorie de la montagne

"Dans la littérature zen, mais aussi dans les récits de toutes les grandes religions, on trouve des voyageurs parcourant ainsi les montagnes. L'allégorie est facile entre la montagne et l'obstacle spirituel que toute âme doit franchir pour atteindre le but de sa quête. Comme ceux que nous laissons derrière nous, dans la vallée, la plupart des gens demeurent toute leur vie au pied des montagnes de l'esprit, sans chercher à les gravir. Ils se contentent d'écouter le récit de ceux qui les ont vaincues; ils évitent ainsi les difficultés de l'ascension. D'autres partent dans la montagne, accompagnés de guides expérimentés et qui connaissent les voies les meilleures, les moins dangereuses. D'autres encore, sans expérience, et se méfiant des guides, s'efforcent de trouver des itinéraires inédits; bien peu y parviennent. Mais, parfois, certains d'entre eux, touchés par la grâce, à force de volonté et de hasards heureux, parviennent au but. Une fois arrivés, ils se rendent compte, plus facilement que tous les autres, que le nombre de voies n'est pas limité. Il y a autant de chemins que de voyageurs."

(Robert M. Pirsig, Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes)

mardi 12 juillet 2005

Les livres : 8ème péché capital ou compagnons de vie ?

"Je me dis qu'il n'existe aucun livre (ou peu, très peu) dans lequel je n'ai rien trouvé qui m'intéresse. Je me dis que, d'abord, je ne les ai pas introduits chez moi sans raison, et que cette raison peut prévaloir à nouveau dans l'avenir. Je me donne pour excuses la complétude, la rareté, une vague érudition. Mais je sais que la raison majeure de mon attachement à ce trésor amassé sans relâche est une sorte d'avidité voluptueuse. J'aime contempler mes bibliothèques encombrées, pleines de noms plus ou moins familiers. Je trouve délicieux de me savoir entouré d'une sorte d'inventaire de ma vie, assorti de prévisions de mon avenir. J'aime découvrir, dans des volumes presque oubliés, des traces du lecteur que j'ai été un jour - griffonnages, tickets d'autobus, bouts de papier avec des noms et des numéros mystérieux, et parfois, sur la page de garde, une date et un lieu qui me ramènent à un certain café, à une lointaine chambre d'hôtel, à un été d'autrefois. Je pourrais, s'il le fallait, abandonner tous mes chers livres et recommencer ailleurs; je l'ai déjà fait, plusieurs fois, par nécessité. Mais alors j'ai dû admettre aussi une perte grave, irréparable. Je sais que quelque chose meurt quand je me sépare de mes livres, et que ma mémoire continue de se tourner vers eux avec une nostalgie endeuillée."

(Alberto Manguel, Une histoire de la lecture)

lundi 4 juillet 2005

Rien à faire

"Le bonheur ne se trouve pas avec beaucoup
d'effort et de volonté, mais réside là, tout près
dans la détente et l'abandon.
Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à faire,
Tout ce qui s'élève dans l'esprit n'a aucune
importance parce que n'a aucune réalité.
Ne t'y attache pas. Ne te juge pas.
Laisse le jeu se faire tout seul, s'élever et
retomber sans rien changer, et tout s'évanouit
et commence à nouveau sans cesse.
Seule cette recherche du bonheur nous
empêche de le voir.
C'est comme un arc-en-ciel qu'on poursuit
sans jamais le rattraper.
Parce qu'il n'existe pas, qu'il a toujours été
là et t'accompagne à chaque instant.
Ne crois pas à la réalité des expériences
bonnes ou mauvaises, elles sont comme des
arcs-en-ciel.
A vouloir saisir l'insaisissable, on s'épuise
en vain.
Dès lors qu'on relâche cette saisie, l'espace
est là, ouvert, hospitalier, et confortable,
Alors profites-en. Tout est à toi, déjà.
Ne cherche plus.
Ne va pas chercher dans la jungle
inextricable l'éléphant qui est tranquillement
à la maison.

Rien à faire.
Rien à forcer.
Rien à vouloir.
Et tout s'accomplit spontanément."

(Guendune Rinpoché)

(Merci J. !)

mercredi 29 juin 2005

De la matière qui respire

"Nous sommes peu de chose, mais ce peu est tout ce que nous sommes; nous ne serons jamais rien de plus, rien d'autre : de la matière qui respire; nous passons comme un souffle, nous ne sommes que ce souffle. Vivre, c'est faire en sorte que la matière ne perde pas tout à fait son temps à être ce que nous sommes."

(Pierre Monette, Dernier automne)

vendredi 10 juin 2005

Le bonheur

"Le bonheur n'est pas un feu d'artifice : c'est un feu de bois; ce n'est pas seulement beau, c'est chaud et ça fait du bien. Nous nous sommes arrangés pour bien vivre ce que nous avons vécu : on ne peut pas en demander plus. J'aurai préféré que nous ayons plus de temps, mais ce supplément n'aurait rien ajouté, rien changé à ce qui a été plein de ce que nous avons été."

(Pierre Monette, Dernier automne)

mercredi 1 juin 2005

Le but de la vie

"Ne pas avoir de but, c'est aussi un but, et le fait de chercher, c'est aussi un objectif, quel que soit l'objet de la recherche. Et la vie elle-même n'a, à l'origine, aucun but, il suffit d'avancer, c'est tout."

(Gao Xingjian, La montagne de l'âme)

mardi 31 mai 2005

Le côté parapluie du mariage

"Il y a partout, mélangées aux particules de l'air que nous respirons, des particules d'amour errant. Parfois elles se condensent et nous tombent en pluie sur la tête. Parfois non. C'est aussi peu dépendant de notre volonté qu'une averse de printemps. Tout ce qu'on peut faire, c'est de rester le moins souvent à l'abri. Et c'est peut-être ça qui cloche dans le mariage : ce côté parapluie."

(Christian Bobin, La folle allure)

dimanche 29 mai 2005

Carpe Diem

"Le bonheur est un présent achevé. Aucune attente. Tout, ici et maintenant (...).
Le bonheur est qualité, j'essaie de ne pas l'enfermer dans la quantité. Dès qu'il a lieu, le bonheur est. Il n'a nul besoin de durer, l'instant parfait accomplit l'éternité."

(Julia Kristeva, Les Samouraïs)

vendredi 27 mai 2005

À propos du difficile

"Ce n'est parce que c'est difficile qu'on n'ose pas, c'est parce qu'on n'ose pas que tout devient difficile"

Sénèque

mercredi 25 mai 2005

Maladie universitaire

"Combien sont-ils aujourd'hui ou même avant, les penseurs qui ne tremblent pas devant les limites de leur domaine, qui n'hésitent pas à voir ailleurs, qui ne tombent pas dans l'autosuffisance, cette maladie qui guette tout universitaire et dont presque tous les universitaires sont atteints ?"

(Miloud Chennoufi, candidat au doctorat et chargé de cours à l'Université de Montréal, "L'adieu à un sage", Le Devoir, mercredi 25 mai 2005, p. A 7)

lundi 23 mai 2005

Ne rien faire de sa vie

"Pourquoi cherches-tu à faire quelque chose de ta vie ? Elle est si belle quand elle ne fait qu'aller, insoucieuse des raisons, des projets et des idées."

(Christian Bobin, Ressusciter)

jeudi 19 mai 2005

Les devises Shadok

"Il est beaucoup plus intéréssant de regarder où l'on ne va pas, pour la bonne raison que là où on va, il sera toujours temps d'y regarder lorsque l'on y sera"

(extrait issu du livre de Bernard Morand, "Logique de la Conception - Figure de sémiotique générale d'après Charles S. Pierce")

mercredi 18 mai 2005

La fin de nos attachements

"La mort ne nous permet pas d'avoir quoi que ce soit quand on meurt. Notre corps est incinéré ou enterré, et qu'a-t-on laissé ? Notre fils pour lequel nous avons amassé beaucoup d'argent que, de toute façon, il utilisera mal. Il héritera de nos biens, paiera les droits et traversera toutes les terribles angoisses de l'existence, tout comme on l'a fait soi-même. Est-ce ce à quoi on est attaché ? Ou est-on attaché à notre savoir, ayant été un grand auteur, un gran poète ou un grand peintre ? Ou est-on attaché aux mots, car les mots jouent un rôle très important dans notre vie ? Aux mots seuls. On ne regarde jamais derrière les mots. On ne voit jamais que le mot n'est pas la chose, que le symbole n'est jamais la réalité.
(...) La mort est une fin et elle a une importance extraordinaire dans la vie. Pas le suicide, pas l'euthanasie, mais la fin de nos attachements, de notre orgueil, de notre antagonisme ou de notre haine pour autrui. Quand on regarde holistiquement la vie, alors la mort, la vie, la détresse, le désespoir, la solitude et la souffrance, tout cela est qu'un seul et même mouvement. Quand on voit holistiquement, il y a une liberté totale vis-à-vis de la mort - ce qui ne veut pas dire que le corps ne va pas être détruit. Il y a un sens de la fin et par conséquent il n'y a pas de continuité - il y a une liberté à l'égard de la peur de ne pas pouvoir continuer.
Quand un être humain comprend la pleine signification de la mort, il y a la vitalité, la plénitude, qui se trouve derrière cette compréhension ; il est en dehors de la conscience humaine. Quand vous comprenez que la vie et la mort ne font qu'un - ils ne font qu'un quand dans votre vie, vous commencez à mettre fin aux choses - alors vous vivez côte à côte avec la mort, ce qui est la chose la plus extraordinaire à faire ; il n'y a ni le passé, ni le présent, ni le futur, il n'y a que la fin."

(Jiddu Krishnamurti, La flamme de l'attention)

mardi 17 mai 2005

Êtes-vous généraliste ou spécialiste ?

"Se cantonner dans une seule étude, n'était-ce pas laisser un plus grand champ à l'ignorance ?"

(Svevo, La conscience de Zeno)

dimanche 15 mai 2005

Kit de défoulement

"Vous sentez le besoin inconditionnel de vous défouler, faire sortir le méchant et faire de vous une personne totalement incohérente ... mais par le fait même intolérable ?

J'espère que non, mais lisez quand même ceci, au cas ou vous manqueriez d'inspiration :

1. A l'heure du lunch, assoyez-vous dans votre voiture avec vos verres fumées, pointez un séchoir à cheveux vers les voitures qui viennent dans votre direction : Regardez-les ralentir !

2. Demandez-vous à l'Intercom. Ne déguisez pas votre voix.

3. Si quelqu'un vous demande de faire quelque chose, demandez-lui s'il aimerait des frites avec ça.

4. Encouragez vos collègues à se joindre à vous dans une danse de chaises synchronisées.

5. Développez une peur irrationnelle des brocheuses.

6. Mettez du café décafeiné dans le percolateur pendant trois semaines. Une fois que tout le monde a surmonté son besoin de caféine, changez pour de l'expresso.

7. Dans la partie "note personnelle" de tous vos chèques, inscrivez "pour faveurs sexuelles".

8. Répliquez à tout ce qu'une personne dit par : "c'est ce que tu penses".

9. Terminez toutes vos phrases par : "selon la prophétie".

10. Ajustez la teinte de votre moniteur de façon à ce que le niveau de luminosité illumine tout le bureau. Insistez auprès de vos collègues que vous aimez ça comme ça.

11. N'utilisez aucune ponctuation

12. Aussi souvent que possible, bondissez plutôt que marchez.

13. Demandez aux gens de quel sexe ils sont : riez de façon hystérique de leur réponse.

14. Spécifiez que votre commande au service au volant est "pour emporter".

15. Chantez avec les interprètes à l'opéra.

16. Assistez à une soirée de poésie et demandez pourquoi les poèmes ne riment pas.

17. Découvrez à quel endroit votre patron magasine et achetez exactement les mêmes vêtements. Portez-les une journée après votre patron. (C'est particulièrement efficace si votre patron est du sexe opposé).

18. Envoyez un courriel à tous vos collègues de travail pour leur dire exactement ce que vous faites. Par exemple : "Si quelqu'un a besoin de moi, je serai à la toilette dans la troisième cabine".

19. Mettez un filet à moustiques autour de votre cubicule de travail. Jouez un enregistrement des sons de la jungle toute la journée.

20. Cinq jours à l'avance, dites à vos amis que vous ne pouvez assister à leur party, parce que vous n'êtes pas dans l'ambiance.

21. Appelez une ligne de mediums, et ne dites rien.

22. Lorsque l'argent sort du guichet automatique, criez "J'ai gagné, j'ai gagné!...C'est la troisième fois cette semaine !"

23. En quittant le zoo, courez vers le stationnement en criant : "Au secours, ils se sont échappés!"

24. Dites à votre patron : "Ce ne sont pas les voix dans ma tête qui me dérangent, ce sont les voix dans TA tête."

25. Dites à vos enfants au souper : "Pour des raisons d'économie, nous allons devoir nous débarrasser d'un de vous."

(Source ?)

mercredi 11 mai 2005

Identités multiples

"Ce que m'a appris ma vie ? Le vrai danger est d'être prisonnier d'une seule identité. La pire des choses est d'enfermer les gens dans un programme qui se réduit à leur origine ethnique, à leur ADN politique ou religieux. J'ai essayé dans "Allers-retours" de mettre en lumière la possibilité qu'ont les individus de se libérer, de refuser la barrière supposée étanche de leur identité d'origine. J'ai eu le privilège immense d'inventer ma vie en devenant passeur d'identités et de frontières."

(Ilan Halevi, Le Nouvel Observateur, no 2113, du 5 au 11 mai 2005, p.18)

lundi 2 mai 2005

"La beauté est là où vous n'êtes pas"

"Quand nous voyons une montagne merveilleuse, couronnée de neige sur un ciel bleu et les vallées profondes qui sont dans l'ombre, leur grande splendeur et leur grand majesté nous absorgent complètement, pendant un moment, nous sommes complètement silencieux car leur majesté nous envahit, nous nous oublions. La beauté est là où vous n'êtes pas. L'essence de la beauté, c'est l'absence de "moi". "

(Jiddu Krishnamurti, La flamme de l'attention)

dimanche 1 mai 2005

Penser ou répéter ?

"La plupart d'entre nous sont devenus des gens de seconde main. Nous lisons beaucoup, allons à l'Université et accumulons une grande somme de connaissances, d'informations tirées de ce que les autres pensent, de ce que d'autres ont dit. Et nous citons ce savoir que nous avons acquis et le comparons avec ce qui a été dit. Il n'y a rien d'original, nous ne faisons que répéter, répéter, répéter. De telle sorte que lorsqu'on vous demande : "Qu'est-ce que la pensée ? Qu'est-ce que penser ?", nous sommes incapables de répondre."

(Jiddu Krishnamurti, La flamme de l'attention)

vendredi 29 avril 2005

Les lois de la physique

OU VOUS VERREZ QUE LES LOIS DE LA PHYSIQUE S'APPLIQUENT A LA VIE DE TOUS LES JOURS.

LOI DU COMPAGNON DE LIT
C'est celui qui ronfle qui s'endort toujours le premier.

PRINCIPE DE RUBY
La probabilité de rencontrer une personne de ta connaissance augmente quand tu es avec quelqu'un avec qui tu ne veux pas être vu.

PREMIER POSTULAT DE PARDO
Les bonnes choses de la vie sont illégales, immorales ou font grossir.

CONSTANTE DE MURPHY
Les objets sont endommagés en proportion de leur valeur.

LOI DE GUMPERSON
La probabilité qu'un événement arrive est inversement proportionnelle à sa désirabilité.

QUATORZIEME COROLLAIRE DE ATWOOD
On ne perd aucun livre que l'on prête à l'exception de celui auquel on tient tout particulièrement.

LOI DE BOOB
Quel que soit l'objet, il sera trouvé dans le dernier endroit dans lequel on aura cherché.

LOI DE HADLEY SUR L'ACHAT D'UN VETEMENT
Si le vêtement te plait, il n'a pas la bonne taille.
Si le vêtement te plait et qu'il a ta taille, il ne te va pas du tout.
Si le vêtement te plait, qu'il a ta taille et qu'il te va bien, il coûte vachement trop cher.
Si le vêtement te plait, qu'il a ta taille, qu'il te va bien et que tu peux te l'offrir, tu fais une tache dessus dès la première fois.

PRINCIPE DE LA BANANE
Toute personne achetant des bananes encore vertes, les mangera toutes avant qu'elles ne soient mûres.
Toute personne les achetant mûres, les verra pourrir avant qu'elle ne les mange.

LOI DE LA GRAVITE SELECTIVE
En tout point de la surface du globe, toute biscotte tombera côté beurré.

COROLLAIRE A LA LOI DE GRAVITE SELECTIVE
En tout point de la surface du globe, toute biscotte tombera côté beurre, sauf si on a parié 30 Euros que ce serait le cas.

PREMIERE LOI DE JOHNSON
Toute panne mécanique arrive toujours au pire moment.

LOI DE FETT
Ne jamais tenter de reproduire une première expérience réussie.

LOI DE MARYANN
Qui ne cherche pas, trouve.

LOI DU SELF
L'ultime portion de plat qu'une personne avait décidé de prendre, sera choisie par la personne juste devant elle.

OBSERVATION DE ZENONE
L'autre file va toujours plus vite.

VARIATION DE O'BRIEN SUR L'OBSERVATION DE ZENONE
Si tu changes de file, celle que tu viens de quitter deviendra alors la plus rapide.

REGLE DE FLUGG
Plus est urgent le motif pour lequel tu es dans la file d'attente, plus sera lent l'employé du guichet.

LOI DE WITTENS
C'est après s'être coupé les ongles que l'on s'aperçoit qu'on en a justement besoin.

LOI DE WALTER
La tendance qu'a la fumée de cigarette à se diriger vers une personne est proportionnelle à la sensibilité de cette même personne envers cette fumée.

LOI DE ROGER
C'est seulement après que l'hôtesse a servi le café, que l'avion traverse une zone de turbulences.

EXPLICATION DE DAVIS
Le café est la cause principale de turbulences en altitude.

CINQUIEME LOI DE YOUNG
Se tromper est humain, mais pour vraiment mettre le bordel, il faut ajouter un ordinateur.

LOI DE MOSES
C'est quand on ne regarde pas que le but est marqué.

POSTULAT DU PARKING
C'est après avoir garé ta voiture à deux kilomètres de distance, que quatre places se libèrent simultanément juste en bas de chez toi.

jeudi 28 avril 2005

Poussière de vie

"Une petite chouette découverte au bord de la route menant à la plage, la nuit. Tombée d'un arbre, filée des mains de Dieu ou des ailes de sa mère, perdue. Quand on l'approche, elle essaie de grossir ses yeux d'épingle, pour impressionner. Ramenée à la maison - il était impossible de savoir de quel arbre elle venait, et sur cette route, il n'y avait pour elle que la mort, celle des chats ou des voitures -, posée sur la table de pin clair, elle n'en bouge plus, ne touche à rien de ce que l'on dispose devant elle, mies de pain, dés de viande, gouttes d'eau. La nuit passe. Au matin on la retrouve près de la porte, terrorisée par la lumière du jour. On la confie à un habitant du village qui s'occupe d'animaux. La maison de cet homme est une arche de Noé, elle y sera bien et pourtant une vague de tristesse vient en repartant - comme si pour quelques heures on s'était trouvé dans un des livres de Dickens où l'on accompagne un orphelin sur les marches d'un pensionnat triste."

(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

mardi 26 avril 2005

Ouf, de retour à Montréal...

Ouf, après 24h de voyage non-stop me voici de retour en sol québécois (via Terre-Neuve).

Pour les curieux, je passe à la télé ce soir (RDI ou Radio-Canada).

http://radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200504/25/005-Air-Transat-Atterrissage.shtml

Le positif : j'ai gagné une bourse de voyage de 100$ offert par Air Transat

Moi je dis : Les voyages déforment la jeunesse...

dimanche 10 avril 2005

Vagabond

"Je suis né sous un ciel de traîne
Entre Hambourg et Cuba
Depuis je me promène
Sur mon nuage à moi
Là où le vent me mène

J'ai entendu tant de sirènes
Chanter ici et là
Que j'ai eu de la peine
À filer toujours droit
Que j'ai eu de la peine."

(Henri Salvador, Vagabond)

samedi 9 avril 2005

Le "tintamarre continu"

"Il me semble que dorénavant les mots seront absents, tellement vidés de leur sens, désormais les mots ne rimeront à rien car, enfin, qui écoute quelque chose ou quelqu'un dans ce tintamarre continu ?"

(Hélène Monette, Le blanc des yeux)

vendredi 8 avril 2005

De la tolérance

"La sagesse consiste à mon âge et avec mon expérience à comprendre qu'il existe toujours une règle au-delà de la règle, un pays plus lointain où l'erreur devient vérité et la vérité une erreur. Cela, c'est presque une définition de la tolérance et, comme vous le savez, la tolérance est le seul moyen d'éviter le fanatisme, la folie et la guerre."

(Bennington Porter)

mardi 5 avril 2005

Par fidélité à la source

""Reste près de moi", dit le mauvais amour. "Va, dit le bon amour, va, va, va : c'est par fidélité à la source que le ruisseau s'en éloigne et passe en rivière, en fleuve, en océan, en sel, en bleu, en chant."

(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

jeudi 31 mars 2005

Vivre

"Vivre de telle sorte qu'il te faille désirer revivre, c'est là ton devoir."

(Nietzsche)

mercredi 30 mars 2005

Vivre actuellement

"Notre éducation nous a appris à vivre entre ce qui est actuel et ce qui pourrait être. Dans leur intervalle - l'intervalle du temps et de l'espace - se situent toute notre éducation, notre moralité, nos luttes. Nous accordons à l'actuel un regard distrait et nous projetons vers l'hypothétique un regard peureux ou un regard d'espérance."

(Krishnamurti, La Révolution du Silence)

mardi 29 mars 2005

Amours textuels

"Le texte dont on tombe amoureux est celui dans lequel on ne cesse d'apprendre ce qu'on savait déjà."

(Vincent Descombes, Le Même et l'Autre)

lundi 28 mars 2005

La démocratisation de la culture

"Héritiers des Lumières, nous devons respecter la connaissance et valoriser l'instruction, qui ruinent le déterminisme de la race ou de la classe. Dans ce contexte, l'accès de tous à la culture est un enjeu démocratique majeur. Lire, s'ouvrir aux autres, comprendre et rêver ne sont pas seulement des distractions, mais le fondement d'un épanouissement personnel, une assurance contre la xénophobie, contre le repli identitaire et la haine de l'autre. La démocratisation de la culture devra être au coeur de notre politique culturelle."

(Laurent Fabius, Le Monde, vendredi 12 mars 2004)

dimanche 27 mars 2005

Ce que j'aime, c'est partir

"Ce que j'aime, c'est partir, prendre la route. L'espace, le présent, l'oubli. La route c'est moi, c'est un serpent, et le chemin étendu derrière moi c'est mon ancienne peau que j'abandonne, encore. La route c'est ma vie, me défaire continuellement de mes enveloppes, m'extraire de moi pour renaître neuve, brillante, donner le jour à l'inconnue qui veille en moi, à fleur de peau, dans l'attente de sa libération."

(Alina Reyes, Quand tu aimes, il faut partir)

samedi 26 mars 2005

La recherche : une occupation fascinante

"Research can be a fascinating occupation. It incorporates many elements of a mystery novel; the heroes and heroines (researchers), the crimes (societal or theoretical problems), villains (unexpected crises, frustrating computer software and occasionally even recalcitrant subjects), deductions and inductions (hypotheses and theories), the investigation (systematic and objective examination and analysis of data) and of course, suspense (waiting for the resolution). On rare occasions there might even be a surprise ending when, in addition to answering the major question or hypothesis, some unanticipated finding occurs.”

(Natalie L. Sproull, Handbook of research methods : a guide for practitioners and students in the social sciences)

lundi 21 mars 2005

La fin d'une vocation

"Mais elle ne voulait pas vivre à l'hôpital. Dans ces chambres de repos pour les infirmières de garde, règne toujours une odeur de désinfectant. Toute la journée, dans cet univers de draps blancs, de blouses blances, de moustiquaires blanches, de masques blancs, elle semble n'avoir en propre que ses yeux et ses sourcils. L'alcool, les pinces, les pincettes, le cliquetis des ciseaux et des bistouris, le lavage répété des mains, les bras continuellement plongés dans le désinfectant au point que la peau devient blanche et terne, elle perd la couleur du sang."

(Gao Xingjian, La montagne de l'âme)

dimanche 20 mars 2005

Un chagrin de passage

"Tout était devenu léger, sans conséquence, sans avenir et donc sans suite. Cela rendait la vie, d'une certaine manière, plus agréable de la savoir gratuite, ou idem, sur le point de s'achever. Il n'y avait plus rien à exploiter, à conserver, à utiliser. Rien n'était plus ni vendable, ni productif, ni positif : ces mots qui toute son existence lui avaient cassé les pieds. Tout était offert, enfin sans rapport avec l'effort produit ni avec le prix à en retirer."

(Françoise Sagan, Un chagrin de passage)

samedi 19 mars 2005

Sauter à la corde

"Aucun adulte dans cette vie - que des enfants préoccupés d'un jouet cassé ou refusé. Rares parmi eux ceux qui, oubliant de geindre, se saisissent de la première lumière venue pour sauter à la corde. Ceux-là sont de bons compagnons. La terre est par eux enchantée."

(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

vendredi 18 mars 2005

Arrachement, délivrance et envol

"Il était entré dans un travail d'ombre. La mort immense s'engouffrait dans son corps de deux centimètres pour le déchirer. Ses ailes tremblaient, battaient contre le béton rugueux de la terrasse. Les papillons de nuit, quand le jour les surprend, ressemblent à des noceurs tristes, des joueurs au retour du casino, des êtres après la fin du monde, après la fin de leur monde. En rampant et vibrant des ailes comme un fou, il s'est approché de la porte vitrée, puis d'un seul coup a ressaisi ses forces, a décidé que non, que ce ne serait pas pour cette fois-ci, et il s'est envolé dans la lumière gris-jaune. Plus il s'élevait, plus il reprenait de forces. Il a disparu. Ma journée ne pouvait mieux commencer que par cette vue-là. Je ne cherche rien d'autre dans le monde et sur la page, d'abord dans le monde, ensuite sur la page : arrachement, puis délivrance et envol."

(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

jeudi 17 mars 2005

De la persévérance ?

"Essayez quelque chose et si ça ne fonctionne pas, essayez autre chose."

(Roosevelt)

mercredi 16 mars 2005

Du temps qui passe

"Tu sais ce qui est beau, ici ? Regarde : on marche, on laisse toutes ces traces sur le sable, et elles restent là, précises, bien en ligne. Mais demain tu te lèveras, tu regarderas cette grande plage et il n'y aura plus rien, plus une trace, plus aucun signe, rien. La mer efface, la nuit. La marée recouvre. Comme si personne n'avait jamais passé. Comme si nous n'avions jamais existé. S'il y a, dans le monde, un endroit où tu peux penser que tu n'es rien, cet endroit, c'est ici. Ce n'est plus la terre, et ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fausse, et ce n'est pas une vie vraie. C'est du temps. Du temps qui passe. Rien d'autre."

(Alessandro Baricco, Océan mer)

mardi 15 mars 2005

Mon pays, c'est le silence

"Je n'aime pas la neige, ni le froid, ni l'hiver. Je hais l'hiver. Mais il existe un jour dans l'année, un moment magique que même le cinéma ne peut reproduire. Tu t'éveilles un matin, et dans ta maison la lumière t'aveugle. Dehors, le soleil brille deux fois plus qu'au beau milieu de l'été, et tout ce qui depuis des semaines était sale, gris, brun, feuilles mortes, boues mêlées de fleurs fânées, tout ce que l'automne enveloppait de sa morbidité, tout cela est, ce matin-là, plus blanc que ton chemisier le plus blanc. Mieux encore, cette blancheur scintille de milliards d'étoiles qui te font penser que quelqu'un a semé de la poussière de diamant dans la terre blanche. Cela dure quelques heures, parfois une journée. Puis la saleté, qui suinte des villes comme la sueur des corps, souille cette fragile pureté. Mais dans nos grands espaces, loin des villes, sur nos collines qui ne sont que de petites bosses à côté des tiennes, la blancheur de la neige se fait un lit durant des mois. Et dans ce lit s'installe le silence. Tu ne connais pas le silence. Tu ne peux imaginer comment il enveloppe et habille. Le silence dicte le rythme de ton coeur et celui de tes pas. Ici, tout parle. Tout jacasse et hurle et soupire et crie. Pas une seconde qui ne soit ponctuée d'un son, d'un bruit, d'un aboiement. Chaque arbre est un haut-parleur, chaque maison, une caisse de résonance. Donc, il y a ce mystère dans mes collines, le silence. Je sais, tu as peur du silence, tu me l'as dit. Mais ce n'est pas le vide comme tu crois. C'est lourd et oppressant, car pas un chant d'oiseau, pas un bruit de pas, pas un son d'une musique ou d'une parole ne parvient à nous détourner de nous-mêmes. Tu as raison, le silence est effrayant car dans le silence on ne peut pas mentir."

(Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali)

lundi 14 mars 2005

Pensée uniforme

"Dans chaque maison, des deux côtés de la chaussée, brille la lampe dorée du living-room où l'écran de télévision met une tache bleutée. Chaque famille regarde religieusement le même spectacle. Personne ne parle. Les cours sont silencieuses. Seuls quelques chiens aboient, étonnés d'entendre les pas d'un homme, étrangement dépourvu de roues. Alors vous comprendrez ce que je veux dire si vous constatez que tous les hommes commencent à penser la même chose au même moment et que les fous du Zen sont retournés à la poussière, avec un dernier rire sur leurs lèvres mortes."

(Jack Kerouac, Les clochards célestes)

samedi 12 mars 2005

La pensée à moitié assassinée

"Vous parlez lorsque vous cessez d'être en paix avec vos pensées; Et lorsque vous ne pouvez rester davantage dans la solitude de votre coeur vous vivez dans vos lèvres, et le son est un divertissement et un passe-temps. Et dans une large part de vos discours, la pensée est à moitié assassinée. Car la pensée est un oiseau de l'espace, qui dans une cage de mots peut ouvrir ses ailes mais ne peut voler."

(Khalil Gibran, Le prophète)

jeudi 10 mars 2005

Notre ange gardien

"Un homme arrive au paradis. Il demande à un ange, à son ange, de lui montrer le chemin qu'ont dessiné ses pas sur terre, par curiosité. Par enfantin désir de voir et de savoir. Rien de plus simple, dit l'ange. L'homme contemple la trace de ses pas sur cette terre, depuis son enfance jusqu'à son dernier souffle. Quelque chose l'étonne parfois, il n'y a plus de traces. Parfois, le chemin s'interrompt et ne reprend que bien plus loin. L'ange dit alors parfois votre vie était trop lourde pour que vous puissiez la porter, je vous prenais donc dans mes bras, jusqu'au jour suivant où la joie vous revenait, et alors vous repreniez votre chemin."

(Christian Bobin)

dimanche 27 février 2005

Humanisme

"N'est-il pas de notre responsabilité comme être humain de se regarder dans les yeux lorsque nous nous rencontrons ? D'être attentif à ceux que nous croisons chaque jour et de communiquer d'une certaine façon que le monde est un endroit où il vaut la peine de vivre ?"

(Guy Sprung)

mardi 22 février 2005

Être spirituel plutôt que religieux

"Je n'aime pas le mot "religieux". Je lui préfère le mot "spirituel". Est spirituel ce qui, en nous, ne se suffit pas du monde, ne s'accommode d'aucun monde. C'est quand le spirituel s'affadit qu'il devient du "religieux"."

(Christian Bobin, Autoportrait au radiateur)

lundi 21 février 2005

Un silence éloquent

"Ce qui est vraiment dit, ce n'est jamais avec des mots que c'est dit. Et on l'entend quand même. Très bien."

(Christian Bobin, La femme à venir)

dimanche 20 février 2005

Zombis

"L'air du temps est irrespirable or nous continuons à respirer.
Serions-nous déjà morts ?"

(Christian Bobin, Ressusciter)

vendredi 18 février 2005

Sur la persévérance (Axiome Zen)

"Quand tu parviendras au sommet de la montagne, continue à monter."

(Axiome zen)

jeudi 17 février 2005

Sur la lecture

"La signification d'un texte est amplifiée par les capacités et les désirs du lecteur. Face à un texte, le lecteur peut transformer les mots en message qui résout pour lui une question sans rapport historique avec le texte ni avec son auteur. Cette transmission du sens peut enrichir ou appauvrir le texte ; invariablement, la situation du lecteur déteint sur le texte. Par ignorance, par conviction, par intelligence, par ruse et tricherie, par illumination, le lecteur récrit le texte avec les mots de l'original mais sous un autre en-tête, il le recrée, en quelque sort, du simple fait de lui donner une existence."

(Alberto Manguel, Une histoire de la lecture)

mardi 15 février 2005

Carpe Diem

"Le passé nous retient, le futur nous tourmente, voilà pourquoi le présent nous échappe."

(Flaubert)

mercredi 9 février 2005

Le but de la vie

"Celui qui vit vraiment ne demande jamais ce qu'est la vie, et il n'a aucune théorie sur elle. Seuls ceux qui vivent qu'à demi parlent du but de l'existence."

"Le but général de la vie des hommes se cache au plus profond de vous parce que vous faites partie du tout. Vous aspirez vous-même à la sécurité, à la permanence, au bonheur - à quelque chose à quoi vous accrocher.

Pour savoir s'il existe une transcendance, une vérité qui n'est pas du monde de la pensée, toutes les illusions de la pensée doivent se dissiper, je veux dire qu'on doit les comprendre et les éliminer. Alors seulement on peut découvrir la réalité, savoir s'il existe ou non un but. Affirmer ou croire qu'il y en a un, est encore une illusion. Mais si vous pouvez voir au juste de quoi sont faits vos conflits, vos luttes, vos vanités, vos ambitions, vos espoirs, vos craintes et les dépasser, aller au-delà et au-dessus, alors vous trouverez."

(Jiddu Krishnamurti, À propos de Dieu)

mardi 8 février 2005

Nous sommes des coques vides

"En général nous avons des possessions parce qu'en dehors d'elles nous n'avons rien : nous sommes des coques vides, si nous ne possédons pas. Nous remplissons nos vies de meubles, de musique, de connaissances, de ceci ou cela. Et cette coque fait beaucoup de bruit, et ce bruit nous l'appelons vivre, et avec cela nous sommes satisfaits. Lorsque se produit une rupture violente, nous tombons dans l'affliction parce que nous nous découvrons tels que nous sommes, des coques vides qui n'ont pas beaucoup de sens."

(Jiddu Krishnamurti, La première et dernière liberté)

lundi 7 février 2005

L'homme religieux

"L'homme religieux est celui qui n'appartient à aucune religion, à aucune nation, à aucune race, qui est intérieurement complètement seul, dans un état de non-savoir."

(Jiddu Krishnamurti, À propos de Dieu)

samedi 5 février 2005

Être sans peur

"Être sans peur c'est regarder la peur en face; mais tout comme dans le cas du plaisir, jamais nous n'entrons en contact direct avec la peur. Jamais le contact direct n'a lieu, comme on entre en contact quand on touche une porte, une main, un visage, un arbre : nous n'entrons en contact avec la peur qu'à travers l'image que nous nous en créons."

(Jiddu Krishnamurti, À propos de Dieu)

mercredi 2 février 2005

Adieu Guy, adieu mon ange

Ce que je veux savoir...

"Cela ne m'intéresse pas de savoir
quel est ton métier, ce que je veux savoir,
c'est ce qui te tient à coeur et si
tu oses rêver d'accomplir tes désirs.
Si tu es prêt à paraître fou
par amour ou pour tes rêves,
pour l'aventure d'être vivant.
Je veux savoir si tu as touché
le coeur de ta tristesse, si tu t'es ouvert
suite aux épreuves de la vie
ou si tu t'es desséché et fermé
par peur de la douleur.
Je veux savoir si tu peux
expérimenter ta douleur
ou la mienne sans chercher
à la cacher, à la diminuer
ou à la solutionner.
Je veux savoir si tu peux entrer
dans la joie, la mienne ou la tienne,
si tu peux danser sauvagement
et laisser l'extase te remplir
jusqu'au bout des doigts
sans apposer de limites humaines
et sans penser être prudent ou réaliste.
Cela ne m'intéresse pas de savoir
si l'histoire que tu me racontes est vraie,
ce que je veux savoir, c'est si tu peux
décevoir quelqu'un d'autre afin de rester vrai
envers toi-même, si tu peux supporter
l'accusation d'être un traître
et ne pas trahir ta propre âme.
Je veux savoir si tu as suffisamment
de foi pour être digne de confiance,
je veux savoir si tu sais voir la beauté
même si ce n'est pas beau tous les jours."

(Texte amérindien lu par Joël à l'occasion des obsèques de Guy, le mardi 1er février 2005 à Montélimar, France)

dimanche 30 janvier 2005

Ceux que nous aimons

"Nous sommes faits de cela, nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d’autre. Si retranchée soit notre vie (…), elle n’est jamais si proche que dans une poignée de visages aimés, que dans cette pensée qui va vers eux, dans ce souffle d’eux à nous, de nous à eux".

(Christian Bobin, L’Inespérée)

vendredi 14 janvier 2005

Le commencement de la sagesse

"Nous voulons tous la sécurité tant extérieure qu'intérieure, et notre esprit doit comprendre que cette quête de sécurité est illusoire. Seul l'esprit qui vit dans l'insécurité, totalement libéré de toute forme de possession, est armé pour la découverte - et la tâche est ardue. Cela ne signifie pas qu'il faille se retirer au fond des bois, ou dans un monastère, ou s'isoler dans le repli d'une croyance singulière; bien au contraire, car rien ne peut exister dans l'isolement. Être, c'est être relié; ce n'est qu'au sein de la relation que nous pouvons spontanément nous découvrir tels que nous sommes. C'est cette découverte même, sans condamnation ni justification, de nous-mêmes tels que nous sommes, qui suscite en ce que nous sommes une transformation fondamentale. Et là est le commencement de la sagesse."

(Jiddu Krishnamurti, À propos de Dieu)

dimanche 9 janvier 2005

La solitude authentique

"La solitude authentique n'est pas un isolement, ce n'est pas l'opposé du sentiment de solitude; c'est un état qui survient quand l'expérience, le savoir, ne sont plus."

(Jiddu Krishnamurti, De l'amour et de la solitude)